L'opposition armée en Syrie est identifiable, selon un rapport

Écrit par Gary Feuerberg, The Epoch Times
21.03.2012

  • Des membres de l'Armée libre syrienne sont rassemblés dans une région montagneuse de la province d'Idlib.(Stringer: AFP / 2012 AFP)

Les décideurs américains citent une opposition désunie comme obstacle à l'apport d'un appui

Le régime de Bachar Al-Assad en Syrie a démontré ces derniers mois sa détermination à écraser toute opposition aux 41 ans de règne familial, malgré les soulèvements locaux et la pression internationale. Ce qui a commencé, il y a maintenant un an, sous la forme de manifestations pacifiques s'est graduellement transformé en insurrection. Chaque jour, il est possible de voir les reportages de journalistes téméraires et les vidéos amateurs qui dépeignent les attaques de l'armée syrienne contre les populations civiles.

Les appels à l'action sont nombreux.

L'administration du président américain, Barack Obama, a choisi jusqu'à maintenant la voie de la diplomatie et des sanctions pour mettre fin à la crise. Cependant, bien que les sanctions affectent l'économie syrienne, elles n'ont rien fait pour stopper le meurtre de civils et encore moins pour forcer Assad à quitter le pouvoir. Alors que certains aimeraient voir les États-Unis s'impliquer militairement pour mettre fin aux massacres, Washington n'y voit pas jusqu'à maintenant une option viable.

Un facteur qui complique l'aide que les États-Unis pourraient apporter à l'opposition est l'intérêt que le groupe terroriste Al-Qaïda porte au conflit. En février dernier, le chef du groupe, Ayman Al-Zawahiri, a appelé les musulmans à soutenir les rebelles et a qualifié le régime Assad de «pernicieux» et de «cancéreux».

Le chef de l'état-major interarmées américain, le général Martin Dempsey, a déclaré à CNN le 20 février dernier : «Je crois qu'il est prématuré de prendre la décision d'armer l'opposition syrienne, car je mets au défi quiconque de m'identifier clairement qui est l'opposition en Syrie en ce moment.»

«Il n'est pas clair qui constitue l'opposition armée en Syrie. Il n'y a pas une seule alternative militaire unificatrice qui puisse être reconnue, nommée ou contactée», a déclaré le 7 mars le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, devant le Comité des forces armées du Sénat.

Qualifiant la tourmente en Syrie de «terrible situation», M. Panetta a dit qu'il était hors de question que les États-Unis agissent unilatéralement, que ce soit pour conduire des bombardements ou pour fournir des armes à l'opposition.

Pour remédier au manque d'information disponible sur l'opposition armée en Syrie, un chercheur de l'Institute for the Study of War (ISW), Joseph Holliday, a produit un nouveau rapport se penchant sur l'Armée libre syrienne (ASL) : qui sont-ils, où sont-ils et où ne sont-ils pas. M. Holliday est un ex-officier de renseignements de l'armée américaine.

«L'opposition syrienne armée est identifiable, organisée et capable, même si elle n'est pas unifiée», écrit-il dans Syria's Armed Opposition, publié le 8 mars.

M. Holliday fournit les noms, les photos et l'expérience militaire de huit dirigeants de l'Armée libre syrienne, qui est basée en Turquie. Au cours de l'été 2011, un certain nombre d'officiers de l'armée syrienne ont déserté et ont établi leurs quartiers généraux en Turquie.

De plus, il fournit les noms, les photos et les zones d'opération de 31 commandants d'unités. Dans une deuxième annexe, M. Holliday identifie les noms des groupes armés dans les provinces d'Aleppo, Idlib, Homs, Daraa et Hama.

«Trois des milices syriennes les plus efficaces entretiennent des liens directs avec l'Armée libre syrienne. Il y a la Brigade Khalid bin Walid près de Homs; le Bataillon Harmoush au nord dans les montagnes Jebel al-Zawiya; et le Bataillon Omari au sud dans la plaine de Hawran», indique le rapport.

Bien que l'ASL n'exerce pas un contrôle serré sur toutes les unités en Syrie, elle sert d'organisation-cadre à laquelle les groupes rebelles peuvent s'affilier. M. Holliday estime qu'il est très important de souligner que même si les unités rebelles ne reçoivent pas de soutien logistique et n'ont pas de chaîne de commandement avec l'ASL, elles se considèrent tout de même comme membres de l'ASL.

M. Holliday met en garde les observateurs de ne pas considérer les combats isolés comme le signe d'une opposition armée désorganisée. «Les insurrections sont de par nature décentralisées. Il ne faut donc pas s'attendre à trouver un seul chef qui contrôle tout», explique-t-il.

L'auteur n'est pas d'accord avec la notion selon laquelle il est impossible de soutenir l'ASL parce qu’elle n’est pas unie. Selon lui, la décision «d'armer les rebelles syriens ne doit pas être prise à la légère», puisque cela transformerait de manière irrévocable la nature de l'opposition.

M. Holliday ne dit pas être ou ne pas être en faveur de fournir des armes à l'opposition. «Au final, il n'y a pas de solution facile en Syrie pour les décideurs américains; toutefois, la difficulté d'identifier l'opposition armée ne devrait pas obscurcir une décision politique», écrit-il.

L'insurrection se regroupe

Le conflit entre le régime et l'ASL a atteint son paroxysme à Homs en février lorsque les forces de sécurité ont assiégé un bastion rebelle dans le quartier Baba Amr, générant une crise humanitaire. Après 26 jours, le 1er mars, les rebelles ont été forcés à abandonner l'enclave. Selon M. Holliday, il s'agissait d'une «retraite tactique» afin de poursuivre les hostilités ailleurs.

Selon l'auteur, le régime a peut-être vaincu les rebelles dans Zabadani et Baba Amr, mais il en a payé le prix. Non seulement les appels à armer l'opposition se sont intensifiés, mais la prolifération des milices rebelles à Idlib et dans la campagne d'Hama s'est accélérée.

«Les rebelles syriens ont été en mesure de contrôler des parcelles de territoire pour des périodes de plus en plus longues en divisant les forces de sécurité et en les forçant à combattre sur plusieurs fronts à la fois», observe-t-il.

Version originale : Armed Syrian Opposition is Identifiable: Report