Au Salvador, les gangs étendent leur emprise sur le sport

Écrit par Affaires-stratégiques.info
22.03.2012

  • Un policier salvadorien monte la garde devant un groupe de collaborateurs allégués du groupe criminel Mara Salvatrucha à San Salvador, au Salvador.(Stringer: JOSE CABEZAS / 2011 AFP)

«Partout dans le monde, le football est un milieu vivant, qui reflète ce qui se passe dans la société.» Ce constat d’Alejandro Gutman, président de l’association Futbol Forever installée depuis plusieurs années au Salvador, montre combien les gangs et la violence marquent la vie sportive de certains pays d’Amérique du Sud. L’exemple du football salvadorien, relaté dans un article de Courrier international, reflète la réalité d’une bonne partie des pays dans lesquels les gangs sévissent. Mais si ces derniers ont pénétré le milieu sportif, c’est précisément par le sport que certaines associations tentent de lutter contre eux.

D’après les chiffres officiels, le Salvador présente l’un des taux d’homicides les plus élevés au monde avec 70 meurtres pour 100 000 habitants en 2010. Selon les forces de police salvadoriennes, plus de la moitié des assassinats du pays sont liés aux gangs, les «maras». Il en existe une multitude, se répartissant les quartiers et les villes, mais deux principaux gangs s’opposent. D’un côté, les Mara Salvatrucha aussi connus sous le nom de MS13 et, de l’autre, le Barrio 18.

Comme tous les aspects de la société, le football et le sport en général n’échappe pas à l’emprise de ces gangs, comme en témoigne un article du journal El Faro Express. L’information pourrait faire sourire si elle ne traitait pas d’une question de vie ou de mort : au Salvador, 64 % des équipes de football ont cessé de distribuer les numéros 13 et 18 à leurs joueurs afin de les protéger. D’après le quotidien, ces deux nombres sont des symboles des deux gangs rivaux MS13 et Barrio 18 et les porter fait courir un risque à leurs joueurs. Même si la fédération nationale n’a pris aucune décision officielle, elle conseille cependant à certains clubs de prendre de telles dispositions suite à des attaques dont les joueurs ont été victimes. Le football n’est pas un cas isolé et le magazine spécialisé Basket Session confirme que les terrains de basket vénézuéliens sont aussi des zones influences que les gangs se disputent avec une violence extrême.

Pourtant, certain Salvadoriens s’insurgent contre ce qu’ils perçoivent comme un aveu de faiblesse de la société civile face aux gangs. Pour le psychologue Marcelino Diaz, l’initiative des footballeurs salvadoriens équivaut à légitimer les maras. Selon lui, «la peur est la manière la plus efficace de contrôler une société, et les gangs le savent». Des initiatives soutenues par les instances internationales tentent ainsi d’utiliser le sport pour lutter contre ces mêmes gangs. En Colombie, des associations parrainées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) empêchent les jeunes de rejoindre les gangs en leur proposant l’alternative sportive. Créé en 2010, le réseau Foot et Paix regroupe déjà plus de 25 000 enfants, adolescents et jeunes adultes.

Sources : Courrier International, PNUD, El Faro Express, Basket Session

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