Mort subite d'un homme-théâtre

Hauts et bas de Robert Gravel

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, The Epoch Times
25.03.2012

  • Robert Gravel (à droite)(攝影: / 大紀元)

Mort subite d'un homme-théâtre

 

Entre son dernier match de la L.N.I. et les répétitions de sa dernière pièce Thérèse, Tom et Simon…, le film Mort subite d'un homme-théâtre suit Robert Gravel, un homme unique et rassembleur qui, par ses créations audacieuses et prophétiques, a écrit une des plus belles pages du théâtre au Québec.

Le cinéaste Jean-Claude Coulbois a réalisé bon nombre de films portant sur l'évolution du peuple québécois à travers son univers culturel. Il est à l’origine, entre autres, d’Un miroir sur la scène (1997), qui portait un regard rétrospectif sur l'émergence théâtrale au Québec des années 1960 à 2000; Le territoire du comédien (1999) avec Jean-Louis Millette; Un soir, les Albertines et un court métrage tourné avec quelques-unes des plus grandes comédiennes du Québec réunies par Martine Beaulne.

Coulbois a fait de Mort subite d'un homme-théâtre un documentaire relativement linéaire, quelque peu terre-à-terre, style sans doute délibérément choisi pour arriver à faire le portrait du rêveur pragmatique qu'était «l'homme-théâtre» Robert Gravel, à qui l'on doit, parmi bon nombre de réalisations, la Ligue Nationale d'Improvisation (L.N.I.).

La présentation de Robert Gravel est composée majoritairement d'archives (beaucoup de matériel inédit tourné en partie en 1996), des extraits de ses pièces et de quelques entrevues récentes avec des comédiens, amis et «enfants» de la légende québécoise du théâtre. Ces séquences couvrent bien l'ensemble de son œuvre théâtrale en tant qu'auteur, metteur en scène et comédien. Le témoignage de Jacques L'Heureux est spécialement touchant et à la fois très objectif par moment. On y retrouve aussi des mots de Jean Bard, d'Anne-Marie Provencher, de Diane Dubeau, d'Alice Ronfard, de Jean-Pierre Ronfard, d'Éric Loiseau, de Paul Savoie, d'Alexis Martin, de Guylaine Tremblay et de Pol Pelletier.

  • Robert Gravel (à droite)(攝影: / 大紀元)

Le portrait de Gravel, réalisé par Coulbois, a été balisé par le monde du théâtre : le réalisateur omet de traiter de la vie personnelle de Robert Gravel ainsi que de son parcours télévisuel. Il est plus qu'intéressant de voir et d'entendre Robert Gravel lui-même commenter à plusieurs reprises son propre travail et ses orientations. Cela donne une vision «double-foyer» sur sa carrière et sur la profondeur de l'homme.

Le réalisateur du documentaire Mort subite d'un homme-théâtre laisse au public un espace afin de découvrir ou redécouvrir Robert Gravel dans sa quasi-intégralité, dans ses zones grises, dans d'autres plus blanches que noires, ou dans certaines bien plus noires que blanches, tantôt dans sa folie folâtre ou complètement décadente, tantôt dans sa flétrissure qui vient avec l'âge.

Mort subite d'un homme-théâtre demeure un hommage révérencieux, très rationnel et plein de reconnaissance pour Robert Gravel. Le documentaire est somme toute plus ou moins émouvant et impressionnant si on le compare au traitement du film Godin qui présentait un autre homme exceptionnel ayant marqué le Québec.

Malgré tout, Mort subite d'un homme-théâtre est un incontournable pour chaque personne qui touchera, même du bout des doigts, au jeu théâtral dans sa vie ou qui voudra simplement parfaire ses notions d'histoire du Québec. Après avoir vu ce film, il est possible de se demander si d'autres grands «oubliés» auront cette chance de revenir à la vie grâce au cinéma. Dans la même lignée que Robert Gravel, il me semble qu'on serait mûr pour un documentaire sur la vie de Paul Buissonneau...

Mort subite d'un homme-théâtre, à l'affiche au Cinéma Beaubien.