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Femmes, je vous aime

Écrit par Géraldine Fornes
04.03.2012
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  • homme femme(攝影: gerenme / 大紀元)

La Journée mondiale de la Femme marque l’intérêt des uns et des autres à défendre les droits de la femme et à promouvoir les réalisations des femmes dans le monde. Nombreux sont les pays où celles-ci n’ont pas accès aux soins, à l’éducation ou au simple respect humain.

Stressée, oppressée, humiliée, menacée, débordée, que ce soit au travail, en famille, entre amis, la femme contemporaine hyper active subit une pression morale et physique sans limite. Au risque de ne pas pouvoir en faire autant que son homologue masculin, alors qu’elle doit en faire plus, car inégalée en de nombreux domaines, elle doit à la fois s’accomplir à l’intérieur et à l’extérieur du foyer.

La féminisation de nos cultures...

L’émergence des énergies féminines à l’échelle planétaire fait éclore de nouvelles manières d’être, la femme ayant facilement la capacité de remettre en cause sa façon de voir la vie, sa vie tout simplement. Elle permet de laisser s’épanouir d’autres modes de penser et d’agir.

Dans le chaos social, économique et politique qui s’installe dans des mégapoles telles que Kinshasa, ce sont les femmes qui constituent le dernier rempart de la vie. C’est sur le marché, tenu par les femmes, que demeure vivace le lien social. Tandis que le monde kinois des hommes semble sombrer dans la violence et le désespoir, le monde des « mamans » résiste et vit. « On ne touche pas aux mamans » est un proverbe central de la vie kinoise : la femme est source de vie, de fécondité. Une morale de base, faite de respect élémentaire pour le vivant, émerge sous les ruines d’une civilisation occidentale de façade qu’a tenté d’apporter la colonisation.

L’émergence des énergies féminines à l’échelle planétaire fait éclore de nouvelles manières d’être, de penser et d’agir. Les valeurs dites masculines, liées à la conquête, à un surmoi dominateur, au goût du pouvoir, à l’agressivité, tout cela a mis notre monde en déséquilibre et nous en sommes tous victimes, les femmes comme les hommes. 

En laissant s’exprimer les composantes dites féminines de chacun, on ouvre une alternative sur une nouvelle culture faite de valeurs d’intériorisation, d’expression sincère de ses sentiments, de communication non violente, de convivialité, de souci de reliance, de tendresse. Les moteurs symboliques féminins sont la mise en relation, le refus de fragmenter, de cloisonner, de s’enferrer dans des pensées de hiérarchisation. Ainsi, par exemple, « l’économie et l’écologie sont à penser ensemble, non séparément et encore moins en termes de supériorité de l’économique sur l’écologique » affirme une militante écologiste européenne*. 

Autres valeurs généralement attribuées au côté féminin de l’être humain : l’accueil, la réconciliation, la paix. On y ajoute souvent l’esprit intuitif, lié à l’hémisphère droit du cerveau : un esprit cordial et holiste qui complète ainsi la raison qui analyse et conceptualise. On parlera, avec Noël Cannat, d’esprit concret qui corrige et complète la pensée abstraite, de démarche inductive proche de la vie qui corrige les excès d’une pensée déductive trop conceptuelle. Il s’agit de l’esprit concret, qui observe comment les choses se font, plutôt que d’imposer un système pensé à l’avance. Il s’agit encore, lorsqu’on évoque les valeurs attribuées à la féminité, d’une attention privilégiée aux relations intimistes par rapport aux groupes, aux classes et institutions qui sont davantage associées à la masculinité.

L’équilibre du yin et du yang

Ce qui précède appelle évidemment de nombreuses nuances. Parler de la féminisation des cultures, c’est plaider en faveur d’un « mouvement de libération » qui intéresse l’homme autant que la femme et qui libère toute la société du carcan trop yang qui la mutile. « La libération féminine », écrit un participant haïtien*, « ne devrait pas être dissociée de la nécessité de libérer l’ensemble de la société de toutes ses oppressions. Mais elle peut en être une étape décisive et un levier puissant ». Il ne s’agit donc pas d’une opposition hommes-femmes qui serait stérile. 

Il y a aussi lieu d’éviter les généralisations hâtives et d’attribuer un rôle prédéterminé à chaque genre. L’expérience d’une féministe marocaine* enseigne combien l’usage de stéréotypes peut devenir enfermant : « Je ne veux pas d’une identité féminine définie par la séduction et la fragilité ». Il s’agit plutôt de mettre en valeur, en chaque être humain, son côté yin alors que la culture patriarcale, présente à peu près dans toutes les sociétés, est excessivement yang. En ce sens, un féminisme qui ne serait qu’une revanche agressive des femmes sur l’homme pêcherait par masculinité extrême. 

Loin d’engendrer du neuf, il ne ferait que s’enfermer dans une logique guerrière. De nombreux hommes, époux et pères, souffrent de ce combat en perdant leur rôle légitime et indispensable. Faudrait-il cependant ne plus œuvrer fermement pour que la femme exerce des droits égaux en société ? Ce combat-là ne serait-il pas juste ? Le féminisme a plusieurs facettes et il semble que pour obtenir l’égalité des droits, on doive passer par l’éducation, la sensibilisation, en évitant les rapports de force.

Thierry Verhelst, né à Gand en 1942, auteur de l’ouvrage Des racines pour vivre, est juriste, tout en s’étant familiarisé avec l’anthropologie culturelle et la théologie orthodoxe. Il a travaillé dans des ONG et dans la recherche, accumulant une expérience forte dans les trois continents du Sud ainsi qu’aux États-Unis et en Europe. Il démontre que, partout, des communautés tentent de sortir des impasses actuelles pour sauvegarder la planète et défendre l’humain.

Extrait de la revue Cultures et Développement du Réseau Sud-Nord Cultures et Développement - www.networkcultures.net

* revue CULTURES ET DEVELOPPEMENT

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.