46 explosions nucléaires dans la région autonome ouïgoure

Écrit par NTD
06.03.2012

Des organisations de défense des droits de l’homme et des membres du Parlement européen ont soulevé la question des tests nucléaires lors d’une conférence à Bruxelles mercredi 29 février 2012.

Entre 1964 et 1996, 46 explosions nucléaires ont eu lieu dans la province du Xinjiang, une région autonome de Chine. Les effets sur la population restent inconnus à ce jour.

Dr Enver Tothi, chirurgien ouïgour et chercheur indépendant, a précisé: «Le régime chinois a opéré 46 explosions nucléaires dans la région de Lop Nor. En fait, ce n’était pas là, c’était plus au nord-ouest, très proche de régions habitées. À 120 kilomètres de Turpan, par exemple. À cause du secret gardé, nous ne saurons probablement jamais combien de personnes sont mortes».

Avec 23 tests opérés en atmosphère et 23 tests souterrains, il s’agit de la plus grande série de tests opérés dans une région habitée. Les trois plus gros tests sur les 46 ont généré beaucoup plus de radioactivité que la catastrophe de Tchernobyl.

Entre 1997 et 1998, le nombre de malades souffrant de cancers dans l’hôpital régional du Xinjiang est passé de 500 à 2000 environ.

Mais ce n’est qu’une partie des victimes. La plupart des habitants de cette région sont trop pauvres pour pouvoir accéder à une aide médicale.

Antoinette de Jong, journaliste, a déclaré: «Pour ce qui est de la Chine, on peut dire qu’il n’y a pas de reconnaissance que ces tests ont eu lieu, qu’il y a un problème, qu’il existe des données médicales suggérant qu’il y a eu un effet».

Jun Takada, un physicien japonais, a calculé que plus de 1,48 million de personnes ont été exposées aux radiations pendant les 32 années au cours desquelles ont eu lieu les tests, sans compter l’estimation de 190.000 personnes décédées.

Les organisations de défense des droits de l’homme s’inquiètent non seulement des conséquences des tests, mais aussi de leur contexte.

Ces tests ont été menés dans une région historiquement malmenée par le régime chinois.

La province du Xinjiang, majoritairement habitée par les Ouïgours est contrôlée par le régime chinois depuis 1949.

De nombreuses violations des droits de l’homme ont eu lieu dans cette région, des répressions culturelles et religieuses jusqu’aux mauvais traitements comme la torture ou les prélèvements d’organes.

Les Ouïgours eux-mêmes pensent que le site de tests a été choisi délibérément.

Dr Enver Tothi, chirurgien ouïghour et chercheur indépendant, a précisé: «Le régime chinois veut protéger son propre peuple. Comme ces terres sont habitées par des barbares, tout le monde se fiche que les barbares vivent ou meurent. Donc nous avons été choisis comme boucs émissaires».

Les conséquences tragiques de ces tests ont été présentées en détail au cours de la conférence.

Les membres du Parlement européen espèrent révéler plus largement cette situation et donner une voix aux victimes, comme une première étape vers la réparation.

Kristiina Ojuland, membre du Parlement européen, a commenté: «Une approche est de soulever ces questions avec les autorités chinoises lors du sommet entre l’Union européenne et la Chine. Une autre chose très importante est, lors d’audiences comme aujourd’hui, de permettre aux gens de prendre conscience de ce qui s’est passé et de ce qui se passe encore».

Les Ouïgours continuent d’appeler au respect de leurs droits et incitent la communauté internationale à considérer ce problème et à aider à le résoudre.

Dr Enver Tothi a précisé: «Notre situation devrait être portée à l’agenda des Nations unies, parce que 20 millions de personnes, on ne peut pas les ignorer, on ne peut pas toutes les tuer. Nous allons vivre, nous allons rester là. Donc, si ce problème n’est pas pris en considération, il ne pourra qu’empirer».

NTD News, Bruxelles, Belgique.

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