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Des changements sur la toile chinoise

Écrit par Matthew Robertson, The Epoch Times
01.04.2012
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Des termes et des sites web tabous deviennent des armes pendant la lutte de pouvoir

Des termes politiquement sensibles et habituellement censurés dans les résultats des recherches donnaient soudainement l'accès à des sites Web qui étaient, la veille même, interdits et bloqués en Chine. Bien que certains de ces accès à un Internet plus libre aient été vite fermés, les observateurs ont noté que les conflits au sommet du Parti communiste chinois s'étaient étendus à l'espace virtuel avec la levée de la censure.

Le plus frappant est que les recherches relatives au massacre de la Place Tiananmen du 4 juin et celles sur la pratique spirituelle Falun Gong aboutissaient. Les mesures de répression violentes et les sensibilités politiques liées à ces termes touchent directement le cœur de l'héritage laissé par le régime chinois. Elles sont toutes deux reliées à l'ancien dirigeant chinois Jiang Zemin, dont les partisans forment l’un des deux camps opposés qui s'affrontent, au sein du Parti.

Opposé à Jiang se trouve le soi-disant réformateur Wen Jiabao, allié et bras droit du chef actuel du Parti Hu Jintao. Au nombre des partisans de Jiang, qui est semble-t-il malade, figurent ses alliés de longue date comme Zhou Yongkang, le tsar de la sécurité, Li Changchun, le chef de la propagande et bien d'autres.

Bo Xilai aussi était un des piliers du clan Jiang. Sa récente chute spectaculaire a déclenché une réaction en chaîne de spéculations diverses sur l'avenir du régime au parti unique. Des rumeurs non confirmées de coups de feu tirés le lundi 19 mars au soir près de Zhongnanhai,  la direction du Parti, complète le tableau.

Sur Baidu, le premier moteur de recherche chinois, l'expression «4 juin» n'a plus été bloquée pendant un certain temps. Il n'y avait aucun message de censure sur les recherches et le premier résultat concernait Wen Jiabao qui a voulu donner à l'événement une réhabilitation politique. De nombreux sites interdits étaient accessibles – et certains l'étaient encore le 22 mars. Les recherches liées au Falun Gong sont restées un moment accessibles.

L'ouverture d'Internet pourrait être considérée comme bénéficiant à Wen Jiabao. Récemment, Wen a prononcé un discours dans lequel il soulignait la nécessité pour la Chine d'adopter des réformes politiques et de ne pas reproduire la Révolution culturelle. Pour de nombreux observateurs, il s'agit d'une  autre pièce de sa lutte idéologique et politique contre les éléments purs et durs du Parti, tels que Bo et Zhou.

Dans un article intitulé «Wenlays ground for Tiananmen Healing (ndlr. Wen jette les bases de la guérison de Tiananmen), le Financial Times a récemment rapporté que»Wen, par trois fois, avait proposé dans les réunions du sommet du Parti une révision du verdict sur le massacre de Tiananmen.»

Selon Chen Kuide, rédacteur en chef du site web China In Perspective, site influent auprès des intellectuels chinois, «la publication des informations sur le 4 juin pourrait bénéficier à  Wen». Il s'agit pour Wen d'être responsable devant l'histoire, explique Chen.

«Il veut être du côté du peuple, du bon côté. Il ne veut pas être mis dans le même sac que Li Peng et les autres» qui ont poussé à la répression militaire à Pékin.»Il est intelligent. Il sait que dans le futur, les événements du 4 juin seront connus du public… alors il veut être responsable devant le peuple».

Trois des autres termes qui ont bénéficié de la levée de la censure sont Shen Yun Performing Arts, Zhuan Falun et The Epoch Times. Chacun de ces termes est considéré comme politiquement sensible en Chine et est strictement interdit.

Shen Yun est une compagnie de danse classique chinoise qui fait le tour du monde. Son indépendance  déclarée, vis-à-vis du régime, relève de la culture traditionnelle chinoise aussi bien que de la question des droits de l'homme dans la Chine contemporaine, ce qui a conduit les ambassades chinoises à la harceler constamment partout où elle se produit.

En tapant «Shen Yun, Performing Arts» (en intégrant une virgule), on obtenait le 21 mars des résultats tant sur Weibo que sur Baidu. 

D'après Ryan Budish, professeur au Berkman Center for Internet and Society de l'université de Harvard, la complexité du système de censure de l'Internet en Chine – couplée ou non à des directives politiques – pourrait avoir contribué à l'irrégularités des recherches. Dans un email, il expliquait que «la censure en Chine est incroyablement multi-couches». Concernant les sites web bloqués et non bloqués en Chine, «il est difficile de dire ce qui se passe dans le pays».

Le site officiel de la compagnie www.shenyun.us était toujours accessible à Shanghai en Chine à 5 heures du matin le 23 mars, selon Website Pulse qui teste l'accès aux sites internet derrière le grand pare-feu chinois.

Bill Xia, directeur de Dynamic Internet Technology, pense que ce qui vient de se produire n'est pas un accident. Il poursuit en disant que pour bloquer ou débloquer un site web «quelqu'un doit accomplir une action supplémentaire... soit au niveau technique, soit au niveau managérial».

Le 21 mars, sur Baidu, c'est un site consacré au livre principal du Falun Gong, Zhuan Falun, qui était en tête des recherches lors de la recherche du terme. Le 22 mars, les recherches étaient à nouveau bloquées et seuls les résultats affichant la propagande du Parti et les sites d’État étaient accessibles. Le site qui était en tête des quêtes a été bloqué en Chine le 22 mars, constate Website Pulse.

Le lancement de la persécution violente contre le Falun Gong  était l'une des actions clés du pouvoir de Jiang. Le fait que les termes liés à la pratique soient débloqués dans le contexte de ce qui ressemble à une lutte de pouvoir déstabilisateur n'est pas un hasard, réitère Chen Kuide.

Les recherches avec le terme False Fire, nom d'un documentaire produit par les pratiquants de Falun Gong et qui montre la mise en scène d'une immolation destinée à entacher la pratique, ont également été débloquées. L'incident de 2001 est devenu la pièce maîtresse de la campagne du Parti pour attaquer et dénigrer le Falun Gong.

«Tout le monde sait que Jiang Zemin et Zhou Yongkang se sont focalisés sur la persécution du Falun Gong, Jiang en particulier. Permettre que cette information soit recherchée est une attaque contre Jiang», analyse Chen, qui n'y voit qu'une explication. Pour lui, «la lutte politique au haut niveau doit être très intense en ce moment».»Fournir délibérément certaines informations est aussi une stratégie de la lutte politique».

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.