Cyberespace: le nouveau champ de bataille

Écrit par Dr. Cesar Chelala
14.04.2012

  • L’armée américaine travaille à sécuriser ses réseaux informatiques contre les cyber-attaques, tout en développant des capacités offensives dans la cyberguerre. (Martin Greeson/Released)(攝影: / 大紀元)

Ces dernières années, la façon dont les pays peuvent s'engager dans un comportement destructeur s’est substantiellement accrue. Pour les États-Unis, l'utilisation du cyberespace comme champ de bataille a changé la nature de la guerre conventionnelle. Cela pose des problèmes, non seulement dans la façon de faire face à ces menaces, mais aussi de comment développer des accords internationaux pour limiter le recours aux cyber-attaques.

Richard A. Clarke, ancien conseiller de lutte anti-terrorisme du Conseil de Sécurité nationale, définit la cyberguerre dans son ouvrage Cyber War comme «les mesures prises par un État pour pénétrer les ordinateurs d'un autre pays ou des réseaux, dans le but de causer des dommages ou des perturbations».

The Lipman® Report dans une lettre mensuelle donne un aperçu, à partir de sources privées, des risques de sécurité nationale, précise que plusieurs secteurs de l'économie américaine sont sérieusement menacés, comme par exemple les cyber-menaces envers les établissements publics et privés, de la banque et de la finance, de l'éducation et du gouvernement et toutes autres opérations quotidiennes qui dépendent des ordinateurs.

En février 2010, plusieurs législateurs américains ont déclaré: «La menace d'une attaque paralysante visant les télécommunications et les réseaux informatiques s'est fortement accrue». Afin de souligner ces dangers, l’ancien directeur du renseignement national, le Vice-amiral Michael McConnell a déclaré sans ambages devant le Sénat américain en 2010: «Si nous étions dans une cyberguerre aujourd'hui, les États-Unis perdraient». Son témoignage cependant peut refléter un conflit d'intérêts, compte tenu de sa participation en tant que directeur des programmes de la défense dans l’entreprise Booz Allen Hamilton, qui fournit des services technologiques au gouvernement des États-Unis.

Il est néanmoins évident que les cyber-attaques peuvent avoir des effets dévastateurs sur le système de défense d'un pays et sur son économie. Par exemple, en juillet 2011, la société sud-coréenne SK Communications a été piratée. Par conséquent, d'importantes données personnelles de 35 millions de personnes ont été volées. Probablement la conséquence de ce qui ressemble à un vaste plan de piratage bien organisé. L'attaque la plus connue est celle du ver Stuxnet sur les centrifugeuses de l’installation d'enrichissement nucléaire de Natanz en Iran, qui a probablement retardé ses activités de développement nucléaires de plusieurs mois. Certains considèrent ce ver comme la pièce la plus sophistiquée, elle augmente de manière significative l’intérêt de la cyber-guerre. «Nous sommes entrés dans une nouvelle ère du conflit dans laquelle nous utilisons une cyber-arme pour créer la destruction physique et dans ce cas, la destruction physique des infrastructures critiques de quelqu'un d'autre», a déclaré le général à la retraite Michael Hayden dans l’émission «60 Minutes» de CBS News. Le général Hayden, ancien directeur de la CIA, sous la présidence de George W. Bush, reconnaît qu'il en sait davantage sur l'attaque de l'Iran, qu'il n’est  pas prêt à divulguer.

Cependant, il y a aussi des problèmes avec ce genre de guerre. Un malware calqué sur Stuxnet pourrait également être utilisé pour cibler des infrastructures critiques aux États-Unis, tels que les réseaux électriques et les stations d'épuration, en plus des installations du ministère de la Défense et des banques. Toutes ces actions pourraient nuire à la sécurité des installations et causer d'énormes dommages économiques. Selon les responsables de la défense, les ordinateurs du Pentagone sont la cible de 5.000 attaques par jour. Jusqu'ici, l'ampleur des dégâts a été contenue, mais il n'y a aucune assurance pour que, dans l'avenir ce genre d'activité ne provoque des effets dévastateurs. La North-american Electric Reliability Corporation (NERC), société assurant la fiabilité du réseau électrique d’Amérique du nord, a publié un avis statuant sur la vulnérabilité des cyber-attaques du réseau électrique des États-Unis, ce qui pourrait causer d'énormes dégâts. À ce propos, Richard A. Clarke a déclaré à la National Public Radio (NPR) en 2010: «Des actions sont en cours sur beaucoup de réseaux dans le monde entier pour se préparer à la cyber-guerre et pourtant il n’y a pas de stratégie militaire partagée avec le Congrès ou le Public. Et je pense que nous n'avons pas vraiment de stratégie militaire». «Nous avons de très bonnes capacités de cyber-offensives et presque rien en cyber-défense».

Le vrai dilemme est de savoir comment parvenir à des accords internationaux, visant à limiter les attaques militaires dans le cyberespace. Un professeur de droit international ukrainien, Alexandre Merezhko, a élaboré un projet: la Convention internationale sur l'interdiction de cyberguerre dans Internet. Un général américain, Keith B. Alexander, estime que les discussions devraient être menées entre les États-Unis et la Russie sur les moyens d'éviter les attaques militaires dans le cyberespace.

Avec des avancées technologiques sans précédent, les êtres humains sont en constante découverte de moyens nouveaux et originaux pour se détruire les uns les autres. Si seulement cette énergie et cette créativité pouvaient être utilisée à des fins plus constructives.

Le Dr. César Chelala est co-lauréat du prix Overseas Press Club of America.