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Les deux Soudan se rapprochent dangereusement d'une autre guerre

Écrit par Kremena Krumova, The Epoch Times
16.04.2012
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  • e comédien George Clooney discute avec un habitant du Kordofan du Sud,(攝影: / 大紀元)

George Clooney et d'autres militants craignent un nouveau Darfour

Le calme fragile qui régnait entre le Soudan et le Soudan du Sud a été rompu. Le 11 avril, le Parlement soudanais a déclaré, lors d'une session extraordinaire, une mobilisation générale de l'armée après que des soldats du Soudan du Sud ont pris contrôle de la ville de Heglig, riche en pétrole. L'Associated Press a aussi rapporté le 14 avril que des endroits stratégiques avaient été bombardés au Soudan du Sud, faisant cinq victimes.

Cette escalade de la violence survient au moment où le médiateur de l'Union africaine (UA), Thabo Mbeki, espérait organiser la tenue d'un autre sommet sur la paix entre les deux voisins. Maintenant rien ne va plus. Le Parlement de Khartoum a également déclaré que le Soudan se retirait du processus de paix de l'UA, a rapporté la Sudan Tribune le 11 avril.

Les deux Soudan sont ainsi le plus près d'entrer en guerre qu'ils ne l'ont été depuis que le Sud est devenu indépendant en juillet 2011 et depuis que le gouvernement du Soudan du Sud a décidé de fermer les puits de pétrole à la fin janvier.

La possibilité d'une nouvelle guerre couve depuis plusieurs mois, alors qu'il y a eu des affrontements intermittents dans les États frontaliers du Nil bleu, du Kordofan du Sud et d'Abyei. Ces accrochages sont l'expression de problèmes plus profonds, alors que plusieurs questions demeurent irrésolues depuis l'indépendance du Sud, telles que la distribution des revenus du pétrole, la démarcation des frontières, la citoyenneté et le partage de la dette.

Tant que les deux parties ne pourront s'entendre sur ces questions, les spécialistes du Soudan estiment qu'un conflit est inévitable et que le danger d'une guerre totale pèse lourd.

«Si on ne se penche pas sur ces tensions, les affrontements sporadiques que nous avons constatés entre les forces du Nord et du Sud le long de la frontière pourraient déclencher une escalade rapide amenant les pays au bord [de la guerre]», observe Daniel P. Sullivan, directeur des politiques et des relations avec les gouvernements de l'organisation End Genocide.

Un sommet sur la paix devait avoir lieu le 3 avril, mais il a été annulé par le président soudanais, Omar al-Bashir, après que des soldats du Soudan du Sud ont attaqué un champ pétrolifère à Heglig, à l'intérieur de l'État soudanais du Kordofan du Sud. Djouba (capitale du Soudan du Sud) a déclaré que cette attaque venait en représailles au bombardement par Khartoum de champs pétrolifères dans l'État d'Unity au Soudan du Sud quelques semaines plus tôt.

Il y a deux semaines, Khartoum a rejeté une proposition soumise par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine pour le Soudan appelant à un cessez-le-feu et un retrait des armées. Khartoum a accusé Djouba de ne pas admettre son soutien pour le groupe rebelle de l'Armée de libération du peuple soudanais-Nord (SPLA-N), qui combat les forces soudanaises du côté nord de la frontière. Djouba aurait été prête à ce moment à accepter l'entente.

Il y a une dizaine de jours, Thabo Mbeki avait rencontré les deux parties séparément et conclu que la guerre n'était pas imminente.

«J'ai confiance que les dirigeants des deux pays vont conclure une entente pour résoudre les questions actuellement en discussion», avait déclaré Mbeki aux médias à Djouba le 5 avril.

Le conflit actuel s'inscrit dans les deux guerres civiles soudanaises précédentes, 1955-1972 et 1983-2005. La dernière a coûté 2 millions de vies, la plupart emportées par le génocide commis au Darfour commandité par Khartoum. Cette guerre s'est terminée avec la signature de l'Accord de paix global en 2005, qui jetait les bases de la sécession du Soudan du Sud.

Pas de pétrole : «Nous pouvons tenir plus longtemps que vous!»

À travers ces conflits, le contrôle du pétrole a été un thème central récurrent. Les frontières du Soudan du Sud contiennent maintenant 75 % du pétrole de la région. Le Nord gagne ses revenus en transportant ce pétrole à Port Soudan pour l'exportation par voie d'oléoducs.

Khartoum affirme que Djouba n'a encore rien déboursé pour l'utilisation de l'oléoduc et qu'elle doit 1 milliard de dollars. De son côté, Djouba accuse Khartoum d'avoir confisqué 815 millions de dollars en pétrole brut du Soudan du Sud.

À la fin janvier, le Soudan du Sud a fermé ses 300 puits de pétrole dans l'État d'Unity afin d'étouffer la source de revenus de Khartoum et de briser l'impasse dans les négociations.

Le 3 avril, le ministre du Pétrole sud-soudanais, Stephen Dhieu, a accusé Khartoum de construire un oléoduc illégal à proximité du champ pétrolifère à Toma Sud et Naar afin de subtiliser du pétrole dans l'État d'Unity.

Les deux pays souffrent économiquement du conflit pétrolier, alors qu'il fait croître l'inflation et la pauvreté. Le Soudan du Sud dépend des revenus pétroliers pour financer 98 % de son budget.

Toute l'économie et l'infrastructure sociale du Nord dépendent également depuis longtemps de l'industrie pétrolière. Néanmoins, aucun des deux pays ne semble prêt à faire un compromis.

«C'est comme deux personnes qui se tiennent par la gorge et se disent en eux-mêmes : “Je peux tenir plus longtemps que toi”», illustre Nico Plooijer, directeur du programme Corne de l'Afrique avec l'ONG de maintien de la paix IKV Pax Christi, basée aux Pays-Bas.

Le gouvernement du Soudan du Sud a conclu un protocole d'entente avec le Kenya afin de construire un nouvel oléoduc aboutissant à Port Lamu, au Kenya, pour éviter d'exporter son pétrole par le Soudan. La construction d'un oléoduc passant par Djibouti est une autre alternative explorée par Djouba.

  • Les présidents du Soudan du Sud et du Soudan(攝影: / 大紀元)

Coincé dans le milieu

Matt Brown, directeur adjoint des communications de l’organisation Enough Project basée à Washington D.C., revient tout juste des monts Nouba dans l'État du Kordofan du Sud. Il y est allé avec le comédien George Clooney pour recueillir des informations au sujet du peuple Nouba.

Les Noubas sont des sudistes qui ont été coincés au Nord après la sécession. En raison de leur allégeance au Sud, ils sont attaqués quotidiennement par les troupes de Khartoum.

«Le peuple Nouba vit dans la peur. Il se fait bombarder presque quotidiennement par son propre gouvernement de Khartoum. Des avions passant au-dessus des monts Nouba larguent des bombes quasi quotidiennement afin d'effrayer les gens et les garder dans la peur. Ils sont maintenant obligés de vivre dans des cavernes dans les montagnes et ne peuvent retourner à leurs villages, ils ne peuvent aller à leurs fermes pour semer leurs cultures et ainsi ils sont affamés. Les gens à qui nous avons parlé sont dans une mauvaise situation, ils ont peur et il n'y a personne actuellement qui s'occupe d'eux», explique M. Brown.

Selon lui, le président al-Bashir utilise la même stratégie génocidaire qu'il a utilisée au Darfour sur les Noubas.

«Ils détruisent des villages et ensuite ils ne permettent pas aux humanitaires de venir nettoyer les dégâts. Ensuite les gens meurent de faim et c'est ainsi que le génocide est survenu au Darfour», déplore M. Brown.

Le 16 mars, George Clooney et d'autres militants ont manifesté devant l'ambassade du Soudan à Washington pour attirer l'attention sur l'urgence humanitaire qui affecte 500 000 personnes.

«George Clooney est très passionné et engagé dans les questions soudanaises. Il n'est pas une de ces célébrités qui vient de temps à autre, constate les choses et puis s'en va», explique M. Brown.

«Une des choses qu'il [Clooney] a dites c'est : “Les caméras me suivent partout où je vais.” Alors son objectif est d'amener les caméras où des gens vivent dans l'ombre et ainsi faire lumière sur ces gens, comme ceux dans les monts Nouba. C'est un exemple de militantisme hollywoodien exécuté de la bonne manière», conclut M. Brown.

Il y a deux semaines, la haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, a averti que les commentaires faits par le gouverneur du Kordofan du Sud, Ahmed Haroun, pouvaient constituer un crime sérieux et mener à une escalade de la violence, exacerbant ainsi une situation déjà volatile dans les États frontaliers.

Haroun, qui a déjà été accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), a été filmé disant aux soldats soudanais «que la place soit nettoyée, balayée, astiquée et écrasée. Ne les ramenez pas vivants [les rebelles], ils seront un fardeau administratif». Le gouvernement a depuis affirmé que Haroun ne cherchait qu'à galvaniser les troupes.

Le président soudanais est également recherché par la CPI pour le génocide au Darfour. Le 26 mars, al-Bashir a décrété l'établissement d'un «comité pour mobiliser les jihadistes», selon IRIN News.

Durant la guerre civile, les Noubas, qui sont chrétiens, ont été victimes d'une «guerre sainte» déclarée par Khartoum.

La prochaine étape pourrait être les déportations forcées. Le 9 avril, la période de transition de neuf mois pour les sudistes vivant au Nord de s'enregistrer avec le gouvernement soudanais ou de quitter le pays est venue à échéance. Maintenant que la route vers le Sud est beaucoup trop dangereuse à emprunter, près de 500 000 personnes font face à la déportation.

    

Version originale : Two Sudans Edge Dangerously Close to Another War

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.