Une équipe de scientifiques composée de chercheurs de l’université de la Méditerranée Aix-Marseille et de l’université de Tokyo donne la preuve du mystère de la montée historique du niveau des mers qui a eu lieu il y a plus de 14.650 ans. La montée des eaux marines a été brutale: 14 mètres en 350 ans. Cette élévation subite correspondrait à l’origine de la première période chaude qui a mis fin à la dernière période glaciaire. La fonte de la calotte glaciaire a occasionné cette montée significative. Cette étude a été publiée dans la revue Nature du 29 mars 2012. Elle révèle l’accélération conséquente du niveau marin qui aurait eu lieu entre -14.650 et -14.300 ans. Ces évènements climatiques ont été les plus importants des derniers 20.000 ans. Certaines archives ont estimé que la fonte des glaciers avait provoqué une augmentation de 20 mètres du niveau des mers en moins de 500 ans. Mais les ambiguïtés persistent concernant l’origine de la fonte des glaces, son importance et surtout son lien avec le changement climatique.

Le réchauffement climatique à venir pourrait mettre en danger les côtes

Les scientifiques estiment avoir résolu le mystère du changement climatique actuel et donne des indications pour l’avenir. Ils ont exposé le mois dernier les chiffres de la montée des eaux actuelles: «La fonte des glaciers et des calottes glaciaires ont élevé le niveau des mers de 1,5 millimètre par an, une évaluation est prévue pour l’avenir, allant jusqu’à 2 mètres d’eau de montée d’ici à 2100». Actuellement, les experts ont observé l’augmentation du niveau des mers de 18 centimètres depuis 1900 et le réchauffement climatique à venir, pourrait mettre en danger les côtes. Donc les villes en basse altitude devront penser à se protéger en créant des défenses, des remparts, des constructions onéreuses pour protéger le littoral et les habitants.

L’analyse des coraux révèle l’histoire

Les chercheurs ont imaginé les changements du niveau des mers par l’analyse des échantillons de coraux venant des récifs coralliens de Tahiti. Ils ont daté les coraux pour déterminer l’étendue et la période de l’augmentation du niveau des mers. Les coraux bâtisseurs de récifs sont des corps vivant uniquement dans les eaux tropicales. Ils sont sensibles à la luminosité et à la température, ils se développent et croissent à fleur d'eau, dans un intervalle de profondeur très restreint, ce qui en fait de bons marqueurs du niveau de la mer. L'étude de ces coraux fossiles, qui se sont formés au cours des dernières centaines de milliers d’années, permet donc de reconstituer les variations du niveau marin et les changements environnementaux passés. Ces archives fournissent des informations précieuses sur la dynamique et le comportement des calottes glaciaires du passé. Selon les chercheurs, «mieux appréhender cette dynamique permettra d'améliorer à terme la modélisation et la prévision des variations futures du niveau marin».

L’équipe a participé, en 2005, sur les pentes des récifs actuels de Tahiti, à une étude internationale de forages sur ces récifs. Pierre Deschamps, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) explique: «Ce programme, sans doute l'un des plus coûteux après le programme spatial, nous a permis de compléter des travaux réalisés à terre dans les années 1990». Tenant à rassurer sur l’avenir de la planète, il continue: «Le niveau de la mer ne risque pas d'augmenter comme lors de la dernière déglaciation de 14 mètres. On parle plutôt de valeurs en centimètres».

Les résultats d’analyse des coraux fossiles confirment la montée des eaux

«L’augmentation du niveau des mers à Tahiti s’établit entre 12 et 22 mètres, la valeur la plus probable serait entre 14 et 18 mètres, ce qui confirme et assure de manière significative la fonte de l’eau provenant de l’hémisphère sud», ont écrit les auteurs de l’étude dans le journal Nature. Ainsi d’après eux, l’augmentation du niveau des mers était, à cette époque, de plus de 40 millimètres par an. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a publié mercredi 28 mars 2012, un rapport dans lequel il affirme qu'il existe des preuves montrant que le changement climatique a entraîné au cours des cinquante dernières années des modifications dans les phénomènes climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les records de températures élevées, les fortes précipitations et la sécheresse.

Chris Field, co-président du Groupe de travail II du GIEC souligne: «Le principal message du rapport est que nous en savons assez pour prendre de bonnes décisions sur la gestion des risques de catastrophes liées au climat. Parfois, nous tirons partie de ces connaissances, mais souvent nous ne le faisons pas». «Le défi pour l'avenir a une dimension axée sur l'amélioration de la base de connaissances et une autre consistant à s'assurer que les bonnes décisions sont prises, même pour les situations où il y a beaucoup d'incertitude».