L'avocat aveugle Chen Guangcheng s'évade et se réfugie à l'ambassade américaine

Écrit par Matthew Robertson, The Epoch Times
29.04.2012
  • Cheng Guangcheng, l'avocat chinois aveugle défenseur des droits de la personne(攝影: / 大紀元)

Un éminent avocat défenseur des droits de la personne en Chine, en détention à domicile extrajudiciaire depuis 2010, a réussi à s'évader et à se rendre à Pékin. Il a par la suite publié sur Internet un message adressé au premier ministre, Wen Jiabao, lui demandant d'agir pour restaurer la justice.

Chen Guangcheng, qui est aveugle, s'est évadé en escaladant un mur près de sa résidence. Un autre militant qui l’attendait l’a ensuite conduit pendant plusieurs heures.

L'évasion a eu lieu le 22 avril durant la nuit, mais n'a pas été rapportée avant le 27 avril, au moment où Chen était arrivé dans un «endroit sûr à 100 %», a indiqué à l'Associated Press (AP) Bob Fu, dirigeant de la China Aid Association basée au Texas.

Des rumeurs ont par la suite circulé sur Internet suggérant que Chen s'était réfugié à l'ambassade américaine à Pékin. L'ambassade ne commente pas sur les cas de demande d'asile, mais un autre militant des droits de la personne réputé, Hu Jia, a indiqué à la BBC que c'était le cas. Le New York Times a également cité des sources de seconde et de troisième main dans l'appareil de sécurité de l'État affirmant croire que Chen était à l'ambassade.

La vidéo adressée à Wen Jiabao demande au premier ministre d'enquêter sur les actions prises par les forces de sécurité locales à l'endroit de Chen et de sa famille, de voir à ce que les responsables soient punis selon la loi, de garantir la sécurité de Chen et de sa famille et d'enquêter sur les coûts et l'étendue des violations qui ont été perpétrées.

«Environ 90 à 100 personnes, dont des dirigeants du parti, la police et d'autres civils, ont été impliquées dans la persécution de ma famille», déclare Chen, selon une interprétation d'AP. «Je vous demande donc, Monsieur le Premier ministre, d'ouvrir une enquête sur cette affaire.»

Chen a été placé en détention à domicile dans son village de Dongshigu, province du Shandong, peu après avoir purgé une peine d'emprisonnement de quatre ans. Dans un procès fantoche, il a été condamné, en août 2006, pour avoir «endommagé la propriété et avoir organisé une foule pour perturber la circulation».

En 2005, Chen avait révélé la violence perpétrée par les responsables de la planification familiale du Shandong, qui ont forcé des milliers de femmes à se faire stériliser ou à avorter.

Après l'évasion de Chen, les responsables locaux ont immédiatement passé en mode représailles en ciblant les membres de sa famille, dont certains habitent à proximité. Des individus agissant probablement sous les ordres des autorités ont pénétré de force dans la résidence du neveu de Chen Guangcheng, Chen Kegui.

Il s'est défendu en empoignant deux couteaux de cuisine et en tailladant ses assaillants, selon la transcription dramatique d'un appel téléphonique avec Chen Kegui, publiée par l'auteur Cao Yaxue, basé aux États-Unis.

En pleurs, il a tenté d'expliquer ses actions durant l'appel, selon la transcription. Peu après cet épisode, il s'est enfui de chez lui de peur d'être capturé et «battu à mort». Il a dit avoir agi en autodéfense et s'est par la suite rendu à la police.

«En Chine, la loi est piétinée à souhait», déplore Chen Kegui durant l'appel. «J'aime ma mère patrie, mais voilà ce que je reçois en retour! [sanglotant]»

Le haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, s'est dite «perturbée d'entendre que d'autres membres de sa famille, incluant son frère Chen Guangfu et son neveu Chen Kegui, était maintenant en détention.» Pillay avait dans le passé soulevé le cas de Cheng Guangcheng avec les autorités chinoises, leur demandant «d'enquêter le traitement envers lui et sa famille, de garantir leur intégrité physique et de réparer tout abus commis par les responsables locaux», selon un communiqué de l'ONU.

Version originale : Blind Chinese Lawyer Chen Guangcheng Escapes Custody