Ce qu’ils disent de la copropriété

Écrit par Nathalie Dieul, The Epoch Times
29.04.2012

  • La vie en copropriété(攝影: / 大紀元)

 

Les cinq journées de consultation sur la copropriété qui se sont tenues à Montréal et à Québec se sont terminées le 13 avril dernier. Elles ont donné l’occasion à plusieurs dizaines de personnes de faire entendre leur point de vue sur la question et sur le rapport de la Chambre des notaires du Québec.

Il faut bien sûr noter que beaucoup de ces personnes qui sont venues s’exprimer ont vécu des problèmes, alors que celles qui vivent très bien la copropriété ne se sont pas nécessairement manifestées.

Voici quelques extraits de ces témoignages et opinions recueillis principalement lors des journées de consultation.

«Je pense qu’il est temps de réviser la législation, surtout en fonction de ce que les gens nous apportent – qui est vraiment du vécu. C’est le quotidien des copropriétés qu’on est en train de sonder. Et en même temps, il y a beaucoup de problématiques qui nous sont présentées, qui sont des problèmes humains, des problèmes de comportement humain, des problèmes de conflits entre les gens. Je pense que la meilleure loi au monde […] n’empêchera jamais qu’il y ait des conflits entre les êtres humains», explique Me Christine Gagnon, notaire et coprésidente du comité consultatif sur la copropriété.

Copropriétaires et administrateurs

«Certains bâtiments de 10 ans peuvent être très solides, alors que d’autres qui ont été construits il y a moins de 10 ans ont déjà besoin de réparations. C’est parce que les entreprises de construction essaient de faire des économies, elles utilisent des matériaux très bon marché», partage Anna Xu, copropriétaire qui a acheté, vendu et loué des condos dans les 20 dernières années.

«J’ai eu des problèmes d’infiltration d’eau dès mon arrivée à la copropriété. On a eu une injonction contre le syndicat. Ça m’a coûté trois ans de ma vie et 120 000 $. Par contre, j’ai eu un jugement favorable», lance pour sa part Pierre Marchand, copropriétaire à Laval depuis une dizaine d’années.

Geneviève Daudelin, copropriétaire depuis 2002 dans un bâtiment de 14 unités, administratrice pour la huitième année mentionne : «L’autogestion par les trois administrateurs qui habitent l’immeuble se passe bien depuis 21 ans.»

Min Wei, jeune nouvelle copropriétaire dans un édifice de 25 unités : «La plupart des propriétaires de notre immeuble ne sont pas satisfaits avec ce qui nous a été livré, que ce soit en termes de structure, en termes d’unités ou en termes de la qualité des condos elle-même.»

Petite copropriété

«Il est plus raisonnable et plus juste d’autoriser tous les copropriétaires d’une petite copropriété de voter le budget et la planification des réparations de leur propre bâtiment», explique M. Yansheng Xu, copropriétaire dans un immeuble de sept unités.

Mme Denise Chapdelaine, copropriétaire dans un immeuble de 14 unités : «Jusqu’à maintenant on n’a pas eu recours aux tribunaux parce que ça devient dispendieux. Alors il vaut mieux le régler entre nous, mais souvent ça ne se règle pas. Dans mon autre copropriété, ça s’était bien passé parce qu’on était plus petit, on était sept copropriétaires.»

Mélanie Charron, jeune copropriétaire et unique administratrice d’une petite copropriété de trois unités : «Ça s’est bien passé jusqu’au jour où il y a un nouveau propriétaire qui a emménagé au rez-de-chaussée, et le cauchemar a commencé.»

Grosse copropriété

«417 condos dans un seul immeuble, c’est la plus grosse copropriété au Québec. Nous, on a beaucoup de problèmes de gérance, de transparence. On ne peut même pas savoir le salaire que gagnent les employés chez nous», dit Marie-Christine Deshaies, successivement locataire puis copropriétaire dans le même immeuble depuis 30 ans.

«Par contre, on est très bien situé, on est très très chanceux, notre condo ne perd jamais d’argent, à cause de sa situation.»

Daniel Saindon, copropriétaire dans un immeuble comprenant 64 unités résidentielles et huit unités commerciales : «On a un constructeur qui a déclaré faillite et qui a recommencé à côté sous un autre nom.»

Louise B. Léonard, copropriétaire : «J’ai acheté deux condominiums depuis les derniers neuf ans et, dans les deux cas, il y a eu des histoires d’horreur, mais je suis en train de m’en acheter un autre.»

Associations et inspecteurs

Albanie Morin, Association des consommateurs pour la qualité dans la construction :

«Parmi les milliers d’appels et les courriels que nous recevons des consommateurs, nous retrouvons sous la rubrique “achat de condos” les sujets de plaintes suivants : retard de livraison – un écart entre le condo acheté sur plan et le condo livré, des travaux de finition déficients, des problèmes d’acoustique et d’insonorisation, le contrôle du syndicat des copropriétaires par le constructeur contre l’intérêt des copropriétaires, etc.»

Robert Young – inspecteur de bâtiments, 35 ans d’expérience : «Nous avons inspecté des condominiums neufs, des bâtiments construits récemment et d’autres rénovés […] Pour nous, il faut s’en occuper immédiatement.»

«J’espère pouvoir aider ma communauté parce que je vois beaucoup de choses qui devraient être corrigées.»

«Je suis extrêmement suspicieux à propos des promoteurs et des agences immobilières, et de la façon dont ils offrent des promotions.»

Agents immobiliers et promoteurs

Jean Dabel, courtier immobilier : «Souvent, les gens qui achètent dans une grosse copropriété supposent qu’il n’y a pas de problème. Quand ils achètent dans une petite copropriété, ils supposent qu’on ne leur posera pas de question, que ça va se faire amicalement. Mais c’est nous qui devons être proactifs, qui devons leur dire “ça c’est important”.»

Richard Mathon, agent immobilier et copropriétaire dans un immeuble de six copropriétés : «En tant qu’agent immobilier, on demande au syndicat de copropriété de nous donner des informations sur la copropriété avant de mettre un condo à vendre. Mais dans les petites copropriétés, le problème, c’est qu’on n’est pas capable d’avoir les documents. Il m’est arrivé d’avoir un rapport financier, c’est une page blanche avec quatre chiffres dessus.»

Mitchell Cohen, promoteur, Nova Condos : «Si quelqu’un achète chez nous, nous lui donnons un document très détaillé (environ 30 pages) qui explique toutes les informations que nous pouvons lui donner. Nous lui fournissons toute l’information à propos des professionnels impliqués, un budget objectif détaillé sur la contribution au fonds de prévoyance.»

Ronald Panneton, vice-président, ventes et marketing, Groupe Alta-Socam (Viva condos urbains) : «Ce n’est pas notre politique chez nous de réduire les frais de condos au minimum pour essayer de vendre une unité maintenant tout en sachant fort bien que ces frais de condos sont loin de la réalité. Donc, on s’assure, quand on met les frais de condos, de mettre des frais qui sont relativement réalistes.»

Gestionnaires et syndicats

Jan Towarnicki, gestionnaire des Verrières à l’Île des Sœurs, qui se dit lui-même être un des rares gestionnaires en poste depuis très longtemps à être apprécié : «Ceux qui vendent des condos : essayez de poser une question le moindrement pointue, c’est le néant. Je pense que les promoteurs ont le devoir d’expliquer aux gens ce qui doit en être.»

Me Kevin Lebeau, Avantages condos : «Je ne crois pas que le fait qu’un gestionnaire soit membre d’une corporation professionnelle soit une garantie absolue de la probité et de l’honnêteté de ces personnes.»

Dominique Poulin, gestionnaire passionnée pour Gestactif inc. : «[Sur toutes les copropriétés que nous gérons], il y en a deux qui vont mal, deux qui ont vraiment des problèmes majeurs. Il y en a 47 qui vont bien. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a jamais de problèmes, ce n’est pas vrai qu’il n’y a jamais d’anicroches, ce n’est pas vrai qu’on ne trouve pas de déficiences sur les bâtiments, mais on fait affaire avec des gentlemen au niveau des conseils d’administration, des gens qui sont instruits, des gens qui sont responsables.»

«En valeur relative, on voit que ces grandes tours d’habitation sont parmi celles dans lesquelles on rencontre le moins de problèmes. Pourquoi? Parce que ce sont des constructeurs, des entreprises qui ont fait leurs preuves en termes techniques et aussi en termes de solidité financière. Alors que la petite copropriété, c’est pour le promoteur en herbe une activité qui est beaucoup plus accessible : en termes de marché il y a beaucoup moins de barrières à l’entrée. Voilà pour les copropriétés à problème en termes financier. Par contre, c’est très rare, je vous dirais 2 ou 3 %. Là où on va rencontrer plus régulièrement des problèmes, c’est au niveau de la gestion des relations interpersonnelles et du comportement des administrateurs», conclut-il.