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Visite secrète au Canada du chef de la propagande chinois

Écrit par Matthew Little, The Epoch Times
30.04.2012
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  • Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a rencontré Li Changchun(攝影: / 大紀元)

OTTAWA – Habituellement, lorsque le premier ministre canadien reçoit la visite de hauts dignitaires étrangers, tout se déroule selon un certain protocole prévisible : il y a les communiqués de presse, un programme de visite et une séance de photos.

Lorsque Li Changchun, le no 5 du Comité permanent du Politburo qui dirige la Chine, est venu à Ottawa récemment, il n'y a eu rien de cela. Au contraire, tout sur la visite est demeuré secret. Les détails de la visite n'ont émergé que de la presse chinoise se trouvant probablement dans l'entourage de Li Changchun.

Même après la visite, peu de détails ont été révélés par le Cabinet du premier ministre, outre une photo de Stephen Harper et son invité assis face à face dans des fauteuils.

Li Changchun est à la tête de l'appareil de censure et de propagande du régime chinois.

Le premier ministre canadien semble être mal conseillé.

Voilà la réaction immédiate de l'ex-député David Kilgour lorsqu'il a appris que Stephen Harper avait rencontré un autre haut responsable chinois faisant partie des plus importants violateurs des droits de la personne en Chine.

«Je suis vraiment triste d'entendre ça. Ça doit tout simplement cesser sinon le Canada sera la risée des gens qui ont à cœur la dignité humaine et la primauté du droit», a commenté M. Kilgour, ex-secrétaire d'État pour l'Asie-Pacifique.

M. Kilgour a affirmé que le fait que Li Changchun visitait Ottawa tout en ne révélant pas sa présence aux médias occidentaux aurait dû alerter l'entourage de M. Harper que M. Li avait quelque chose à cacher.

Rencontres avec des hauts cadres ciblés pour expulsion

Li Changchun est venu au Canada au moment où les plus hautes sphères du Parti communiste chinois (PCC) sont dans une tourmente qui a commencé à avoir raison de ses plus puissants alliés.

M. Li est depuis longtemps considéré comme un des membres principaux de la faction loyale à l'ex-dirigeant Jiang Zemin, qui s'oppose à la faction de l'actuel dirigeant, Hu Jintao, et de son premier ministre, Wen Jiabao.

Plusieurs membres importants de la faction de Jiang Zemin pourraient être évincés. C'est une intrigue qui a capté l'attention de la presse internationale alors que l'ex-secrétaire du PCC à Chongqing, Bo Xilai – un autre allié de Jiang Zemin – a été démis de ses fonctions et fait actuellement l’objet d’une enquête.

Stephen Harper avait rencontré Bo Xilai le 11 février dans son bastion de Chongqing, quelques semaines avant la chute de Bo, qui avait été prédite par Époque Times avant la visite de M. Harper. Autrefois considéré comme une étoile montante, Bo Xilai fait actuellement l’objet d’une enquête pour «entraves sérieuses à la discipline» du PCC.

«[Harper] n'aurait jamais dû aller rencontrer Bo à Chongqing, il a été vraiment mal conseillé. C'était clair comme de l'eau de roche pour tous ceux qui suivent l'actualité chinoise que Bo allait être évincé», affirme David Kilgour.

M. Kilgour a aussi souligné le rôle de premier plan joué par Bo Xilai dans les prélèvements d'organes forcés réalisés sur les pratiquants de Falun Gong, ajoutant que ce n'est pas quelqu'un avec qui le Canada devrait chercher à bâtir une relation.

«Notre premier ministre devrait être mieux conseillé que ça. Il doit être à l'affût de beaucoup de choses et il n'est pas supposé être un expert pour comprendre toutes ces nuances qui surviennent en Chine à la vitesse de l'éclair», fait remarquer l'ex-député.

Fin soudaine

David Kilgour affirme que le premier ministre a besoin de conseillers sur la Chine qui sont en mesure de comprendre les développements qui affectent le pays en ce moment. Sinon, le Canada va avoir l'air ridicule s'il continue d'entretenir des relations avec des dirigeants dont la carrière est marquée par la brutalité et une fin soudaine.

Ces fins soudaines remontent dans la hiérarchie et les analystes d'Époque Times s'attendent à ce que Zhou Yongkang, le mentor de Bo Xilai et un des hommes les plus puissants du régime, soit le prochain à tomber. Zhou est à la tête du tout-puissant appareil de sécurité de l'État, qui contrôle un immense réseau de surveillance de même que la police et les tribunaux.

Depuis plusieurs semaines, Époque Times signale que les jours de Zhou Yongkang sont comptés et, récemment, d'autres médias importants ont aussi rapporté que le grand manitou de la sécurité était dans l'eau chaude. C'est une bien mauvaise nouvelle pour Li Changchun, un proche allié de Bo Xilai et Zhou Yongkang.

Li Changchun a peut-être décidé de visiter quatre pays, dont le Canada, pour échapper à la tourmente, estime Sheng Xue, un militant pour la démocratie chinoise de Toronto.

«Il veut conserver son pouvoir après la lutte, il a donc choisi de partir», observe Sheng Xue, ajoutant que Li Changchun pourrait avoir des intérêts des deux côtés du conflit, alors il est allé en voyage pour éviter de se positionner.

Tandis que Li Changchun souhaite peut-être éviter de déclarer son appartenance, il a été traditionnellement associé à la faction de Jiang Zemin. Selon un reportage du Apple Daily de Hong Kong, Li aurait déjà été censuré à la suite des répercussions du congédiement de Bo Xilai.

Un chef de la propagande zélé

Un porte-parole du Cabinet du premier ministre a déclaré que la rencontre du 19 avril avec Li Changchun en était une de courtoisie, une discussion informelle pour échanger des compliments sans ordre du jour établi.

Li Changchun devra prendre sa retraite du Comité permanent du Politburo, l'organe composé de neuf membres qui dirige la Chine, en raison d'une limite d'âge introduite par Jiang Zemin. Bien que Li n'ait pas de rôle officiel dans le gouvernement, sa position dans le Parti – et le contrôle du gouvernement par le Parti – fait de lui un des hommes les plus puissants en Chine.

Dans son rôle à la tête des orwelliens Commission de conseil centrale pour bâtir une civilisation spirituelle et Groupe principal central pour la propagande et le travail idéologique, Li Changchun contrôle ce que 1,3 milliard de Chinois voient, entendent et discutent.

Tout comme Bo Xilai et Zhou Yongkang, que Jiang Zemin a élevés de positions de moindre importance, Li Changchun a gravi les échelons en participant avidement à la campagne de Jiang pour éliminer le Falun Gong. Avant d'être interdit en 1999, le groupe spirituel comptait une centaine de millions de pratiquants.

En tant que chef de la propagande, Li Changchun a été responsable de diaboliser le Falun Gong pour justifier la répression. Dans ses tâches, il doit aussi s'assurer que tous les médias en Chine suivent la ligne du Parti, il doit administrer la censure et orchestrer les campagnes de propagande.

Crainte des manifestations et des actions en justice

Les responsabilités de Li en matière de propagande incluent le pouvoir de persuasion de la Chine à l'étranger.

Durant son voyage, Li a inauguré un autre Institut Confucius au Canada, cette fois à l'Université Carleton à Ottawa.

Des experts dans le milieu du renseignement estiment que ces instituts pourraient être impliqués dans des activités d'espionnage, tandis que d'autres critiques soulignent qu'ils infusent aux étudiants une perspective communiste sur les questions d'actualité et sur l'histoire.

Les instituts représentent une pierre angulaire dans les efforts du régime visant à étendre son influence à l'étranger.

Même la cérémonie d'inauguration n'a pas été annoncée. Un porte-parole de l'université a affirmé que c'était parce que la cérémonie était privée et que le public n'était pas invité.

Lucy Zhou, de l'Association du Falun Dafa du Canada, dit soupçonner que Li Changchun a peur d'attirer la contestation si son itinéraire est connu à l’avance.

«Je peux comprendre que lorsque des responsables qui sont très impliqués dans la persécution vont à l'étranger, ils souhaitent garder leur itinéraire secret parce qu’ils ont peur des manifestations et des actions en justice», explique Mme Zhou.

Des efforts pour amener Li Changchun en justice pour sa persécution du Falun Gong ont été réalisés lorsqu'il a visité l'Irlande en 2010 et la France en 2004.

De tels procès contre Bo Xilai auraient pu causer sa rétrogradation en 2007, selon des câbles diplomatiques américains publiés par WikiLeaks.

Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait argumenté lors du 17e Congrès national que Bo Xilai, alors ministre du Commerce, ne devait pas être promu au Comité permanent du Politburo en raison des nombreuses actions en justice contre lui. Bo a ainsi été rétrogradé au poste de secrétaire du Parti à Chongqing.

Version originale : China Propaganda Chief Makes Secretive Visit to Canada

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.