Hu Jintao cible le directeur de la police de la Chine

Écrit par Sophia Fang et Gisela Sommer, The Epoch Times
06.04.2012
  • Hu Jintao(攝影: / 大紀元)

La tête dirigeante du Parti communiste chinois, Hu Jintao, a quitté la Chine pour une tournée de huit jours dans trois pays, bien que Pékin soit inondée de rumeurs face à la lutte de pouvoir féroce qui se déroule à la direction du PCC. Les analystes disent que Hu se sent en sécurité de voyager en ce moment, car il a utilisé un vieux subterfuge pour contenir son plus dangereux ennemi.

Cet ennemi est Zhou Yongkang, le dirigeant de la Commission des affaires politiques et législatives (CAPL), un organe puissant du parti qui contrôle la police, la police armée, le parquet, les tribunaux et à peu près tous les autres secteurs du système d’application des lois du régime. Zhou est aussi l’un des neuf membres du Comité permanent du Politburo qui dirige le PCC.

Après que Wang Lijun, l'ancien chef de la police au niveau provincial de la ville de Chongqing, a tenté de faire défection au consulat américain à Chengdu le 6 février, une cabale au sein du PCC impliquant Zhou Yongkang et le chef du Parti de Chongqing, Bo Xilai, a été révélée.

Bo Xilai était connu comme étant le choix de Zhou pour lui succéder à la tête du CAPL et au Comité permanent − Zhou est censé prendre sa retraite en octobre. Zhou et Bo sont tous deux fortement impliqués dans la persécution du Falun Gong. Avec Bo au pouvoir, Zhou pourrait prendre sa retraite en sachant qu'il ne serait pas tenu responsable de ses crimes contre les pratiquants de Falun Gong.

Le journaliste à la sécurité nationale de longue date Bill Gertz a cité qu’un responsable américain aurait dit que Wang était au courant «des efforts déployés par des partisans de la ligne dure comme Zhou Yongkang et Bo Xilai pour perturber le bon déroulement de la succession de Xi Jinping». Le site Internet chinois dissident Boxun a rapporté que Zhou et Bo planifiaient un coup d'État visant à renverser le prochain chef présumé du PCC, Xi Jinping, lorsqu’il aurait pris le pouvoir.

Le 15 mars, l’organe du parti Xinhua a annoncé que Bo avait été congédié et qu'il était sous enquête. Depuis cet évènement, une rumeur court selon laquelle il serait assigné à domicile. Depuis son arrestation, plusieurs hauts responsables du Parti à Chongqing ont également été arrêtés.

Cette purge de Bo et de ses acolytes a affaibli Zhou, mais il détient encore le pouvoir. En sachant que Hu et Wen ont agi contre Bo, Zhou peut être encore plus dangereux, ayant été mis au pied du mur.

Les rumeurs d'une tentative de coup d'État qui aurait eu lieu dans la nuit du 19 et du 20 mars ont désigné Zhou comme responsable. Selon d’autres rumeurs, Zhou aurait lui-même été arrêté le 21 mars.

 

Le plan de Hu Jintao

Le 21 mars, une série de sessions de formation au sein du CAPL, impliquant 3300 secrétaires du parti à l'échelle nationale, a été annoncée.

 

Le 26 mars, d'après Xinhua, 462 secrétaires du CAPL, à l'échelle des provinces, des villes et des cantons, se sont présentés à la première des sessions de six jours à Pékin. Zhou Yongkang est venu à la journée d'ouverture et a prononcé un discours, tandis que Hu Jintao quittait Pékin pour Séoul, la première étape de son voyage.

Lors de son discours, Zhou donnait l’impression d’un cadre loyal au Parti. La chaîne officielle China Central Television (CCTV) a couvert son discours, mettant l'accent sur la contribution de Hu à l'idéologie du PCC, le Concept de développement scientifique. Zhou a également parlé de l'importance du CAPL, gardant une ferme emprise sur son orientation politique et maintenant un consensus maximal avec le Parti central sur "les principaux points de ce qui est bien et de ce qui est mal".

Le 23 mars, Zhou convoquait une réunion nationale du CAPL à Pékin. Sa lettre, à cette occasion, adoptait un ton très différent. Zhou couvrait d’éloges les «réalisations» du CAPL.

Shi Zangshan, un expert de la Chine, basé à Washington D.C., a commenté à la Radio Son de l'Espoir (SOH) le stratagème de Hu : «Hu Jintao a convoqué les secrétaires du CAPL de partout dans le pays pour une formation avec un très court préavis. C'est la méthode de Hu afin d’empêcher Zhou Yongkang de mobiliser la police et les forces de l'ordre armées pendant qu’il est en voyage. De toute évidence, Hu ne fait pas confiance à Zhou.»

Li Tianxiao, commentateur politique et chroniqueur pour The Epoch Times, a déclaré à SOH : «La formation [session] a coupé Zhou de son pouvoir en l’isolant. C'est comme mettre Zhou en résidence surveillée, l'empêchant ainsi d'influencer les cadres de niveau inférieur du CAPL.»

Li a déclaré que dans le passé Zhou a violé la loi et commis de nombreux crimes en donnant directement des ordres à ses secrétaires du CAPL partout dans la nation. Maintenant, ces secrétaires ont été convoqués à Pékin et ils ont l’occasion de démasquer Zhou.

«La situation de Zhou est maintenant semblable à celle de Bo Xilai lors de sa rencontre avec le premier ministre canadien Stephen Harper [le 11 février] pendant sa visite en Chine», a déclaré Li. «Bo était également présent à une conférence de presse au cours de deux réunions [les réunions annuelles du Congrès du Parti national et la Conférence politique consultative du peuple chinois, qui ont été ajournées le 14 mars à Pékin]. Les gens ont donc pensé que Bo n'était pas en difficulté. Cependant, quelques jours plus tard, Bo était arrêté. La présence de Zhou à la session de formation est similaire.»

«La nature des luttes internes au sein du PCC est telle que vous pouvez paraître en public un jour, mais vous pouvez être arrêté le lendemain», a dit Li. «Ceci est déterminé par la nature de la lutte sanglante pour le pouvoir au sein du Parti. Par conséquent, le passage de Zhou à la formation ne signifie pas qu'il est sans risque.»

Contrôle des forces armées

Le commentateur social et politique, Wu Fan a dit à The Epoch Times que les plus grands soucis de Hu Jintao sont la police armée et le Bureau de la sécurité publique contrôlés par Zhou.

«En convoquant les secrétaires du CAPL, qui ont le pouvoir sur la police armée et sur la sécurité publique, Hu les a essentiellement tous mis sous contrôle», a dit Wu.

«Hu lui-même n'a pas besoin de faire un discours. À la place, Zhou a dû faire un discours sur l'obéissance au Parti central», a dit Wu. «L'attitude de Zhou a totalement changé dans son discours prononcé le 26 mars. Il a dit que le CAPL est simplement une branche fonctionnelle et non une branche dominante, ni une branche dans une position de leader, donc le CAPL doit obéir au gouvernement central.»

Plus tôt dans le mois, Hu a appelé l'armée populaire de libération et la police armée à prêter plus d'attention pour «sauvegarder la stabilité sociale».

L’organe du Parti Xinhua a rapporté le 23 mars que Guo Boxiong, le vice-président de la Commission militaire centrale, a demandé à l'armée de se préparer à bien gérer le maintien de la stabilité et les secours d'urgence en cas de catastrophe, et de s'assurer d'agir rapidement si quelque chose devait se produire. Ce serait un changement de rôle pour l'armée. Le maintien de la stabilité a été la responsabilité de la police armée, qui est régulièrement utilisée pour réprimer les manifestations.

Le 27 mars, l'article du People’s Liberation Army Daily a poursuivi la cadence militaire sous la direction de Hu : «De nouveaux développements sont apparus comme de profonds changements qui prennent une place dans le monde, la nation et le Parti. ... Nous devons nous assurer que toutes les troupes doivent résolument suivre le commandement du Parti central, la Commission militaire centrale et le président Hu.»

La façon dont Hu et Wen traitent Zhou Yongkang est assez similaire à celle dont Mao et Zhou Enlai ont traité Lin Biao il y a 40 ans. Lorsque Lin Biao, un chef militaire, a tenté un coup d'État pour évincer Mao, Zhou Enlai a convoqué les généraux militaires à Pékin pour montrer leur loyauté sous peine d’être arrêtés.

Version originale : Hu Jintao Takes Aim at China’s Top Cop