Le chef de la sécurité chinois pourrait avoir scellé son sort

Écrit par Matthew Robertson, The Epoch Times
13.05.2012
  • Une femme qui désirait rendre visite à Chen Guangcheng(攝影: / 大紀元)

Abus contre l'avocat non voyant Chen Guangcheng - Analyse

Le Chinois Chen Guangcheng, militant non voyant des droits de l'homme, a annoncé qu'une enquête allait être menée au sujet des mauvais traitements qu'il a subis aux mains des forces de sécurité locales. Si tel est le cas, cela pourrait avoir une grande incidence jusqu'aux plus hauts niveaux du Parti communiste.

Dans une entrevue avec l'Associated Press le 7 mai, Chen a mentionné avoir reçu la visite à quatre reprises d'un responsable qui a pris sa déclaration. L'AP a indiqué que le fonctionnaire provenait d'un «bureau du gouvernement central qui gère les plaintes des citoyens», ce qui suggère qu'il ne fait pas partie de l'appareil de sécurité de Zhou Yongkang et qu'il se rapporte ultimement au dirigeant suprême, Hu Jintao.

«Après qu'il a pris ma déclaration, il a dit qu'il lancerait une enquête si les faits étaient là», a affirmé Chen dans une entrevue avec l'AP. «S'il y a des faits concernant les gestes illégaux, alors l'affaire sera définitivement abordée ouvertement», aurait dit le responsable à Chen.

Alors que les indices qu'une enquête pourrait être lancée démontrent un fait inusité, soit que les dirigeants communistes répondraient aux demandes d'un militant persécuté, cela survient à un moment où des informations coulées à Epoch Times suggèrent que Zhou Yongkang subirait des pressions des dirigeants actuels. Zhou, qui contrôle les forces de sécurité du pays, était l'ultime responsable du traitement réservé à Chen Guangcheng.

Une source a indiqué que Hu Jintao avait ordonné à la Commission centrale de discipline et d'inspection d'accélérer et de traiter avec importance son enquête sur Zhou Yongkang, une enquête qui se pencherait sur une mauvaise utilisation des fonds de l'État et sur des violations de la loi chinoise.

Zhou est «contrôlé à l'interne» et ses mouvements sont restreints, a affirmé à Epoch Times une source à Pékin.

Des rumeurs circulent depuis mars à l'effet que Zhou serait sous une certaine forme de contrôle. Il n'aurait plus les commandes de la Police armée populaire, composée de 1,5 million d'agents, selon la source.

Zhou est un des neuf membres du Comité permanent du Politburo, le centre du pouvoir du régime, et il contrôle les forces de sécurité du pays. Au mois de mars, des rumeurs ont circulé qu'il avait planifié un coup d'État, avec son protégé Bo Xilai, pour empêcher Xi Jinping de devenir le prochain dirigeant suprême.

Actuellement, les autorités du Parti s'assurent que Zhou continue ses apparitions publiques, tout comme ce fut le cas avec Bo Xilai avant que celui-ci soit rapidement démis de ses fonctions.

Les récents évènements suggèrent que Zhou Yongkang a encore assez d'influence pour faire tourner les évènements en sa faveur, ce qui pourrait indiquer pourquoi Hu Jintao et Wen Jiabao veulent régler son cas.

En tant que secrétaire de la Commission des affaires politiques et législatives, Zhou Yongkang supervise l'appareil de sécurité qui a orchestré la persécution de l'avocat Chen Guangcheng. Ce dernier avait été emprisonné pendant quatre ans pour avoir dénoncé la violence associée à l'application de la politique de l'enfant unique à Linyi, province du Shandong.

Après avoir été libéré de prison en 2010, il a été placé en détention à domicile stricte. Durant cette période, lui et sa famille ont été harcelés et battus par les autorités locales.

Après l'évasion sensationnelle de Chen le 20 avril et son refuge à l'ambassade américaine à Pékin, Zhou Yongkang n'a pas rendu la tâche facile aux dirigeants Hu Jintao et Wen Jiabao, ni aux responsables du ministère des Affaires étrangères qui étaient impliqués dans les négociations avec les diplomates américains. Des défenseurs et des amis de Chen ont été arrêtés, menacés, battus et placés en détention à domicile à Pékin et ailleurs. Dans la ville où habitait Chen, les résidences de ses proches ont été la cible de raids et les gens ont été questionnés au sujet de son évasion.

Chen Guangcheng a également reçu un ultimatum le 2 mai, lorsqu'il a quitté la protection des États-Unis : ou bien il sortait de l'ambassade ce même jour ou bien son épouse allait être retournée chez eux au Shandong. L'épouse de Chen lui avait déjà dit que des fier-à-bras avaient envahi leur maison, installant une clôture électrique et sept caméras de surveillance, et qu'ils mangeaient à leur table.

Après avoir quitté l'ambassade durant la journée, Chen avait rapporté à 21 h, depuis son lit d'hôpital, qu'il n'avait toujours pas reçu de nourriture. Ce geste fut interprété comme une autre forme d'intimidation subtile orchestrée par Zhou Yongkang. Par la suite, les diplomates américains se sont vu refuser l'accès à Chen. Tout semblait être un stratagème du chef de la sécurité et de ses acolytes pour semer la peur chez les militants et démontrer qui est aux commandes. Les responsables américains ont ensuite subi les foudres des critiques pour avoir remis Chen aux autorités chinoises, et le blâme du côté chinois est tombé implicitement sur Hu Jintao et Wen Jiabao.

Si une enquête a bel et bien était lancée contre Zhou, la situation pourrait à nouveau évoluer rapidement.

«Zhou Yongkang est déjà une tortue dans un chaudron», a commenté la source, utilisant un proverbe chinois pour suggérer que Zhou est coincé. «Avant longtemps, une enquête officielle sera annoncée.»

Version originale : Have Hastened Fate