Notre ami le pape

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, The Epoch Times
15.05.2012

  • Un psychanalyste (Nanni Moretti, gauche)(攝影: / 大紀元)

Habemus Papam : nous avons un pape

Le célèbre réalisateur italien Nanni Moretti (Caos calmo - 2009, Le Caïman – 2007, La chambre du fils - 2001) a décidé de s'investir tout entier dans son nouveau film. En plus de le réaliser, il se trouve encore une fois devant sa propre caméra où il tient le second rôle. Comme si cela n'était pas assez, il l'a produit et a signé le scénario avec Francesco Piccolo. Le total de cette équation donne Habemus Papam : nous avons un pape, version française de Habemus Papam.

À l'heure du choix d'une nouvelle sainteté, un nouveau pape (Michel Piccoli), élu malgré lui, entre subitement en pleine crise existentielle, alors que près d'un milliard de croyants attendent ses premiers mots. Le Vatican se tourne alors vers le meilleur psychanalyste de Rome (Nanni Moretti).

Habemus Papam : nous avons un pape ne demande au spectateur qu’à apprécier un humour simple et léger. La foi ou la non-croyance n'est pas un préalable pour sentir la connexion avec la comédie dramatique de Moretti. L'accent est plutôt placé sur la crise personnelle dans un contexte extravagant où il prend place à l'intérieur d'une sphère religieuse définie. Le réalisateur Nanni Moretti utilise justement cette occasion pour lancer le débat en invoquant Darwin lors d'une discussion avec un des nombreux cardinaux. Même le nouveau pape, alors qu'il se parle à lui-même, partage au public de sérieux doutes quant à l'institution religieuse elle-même ainsi que sa difficulté qu'il aurait à faire changer le cours des choses. Moretti se limite à quelques interventions assez volatiles, mais tout de même marquantes. Ce qui ressort de l'intention du cinéaste est l'importance de l'ouverture face aux différences des idées, peu importe le camp dont on fait partie.

  • Dans Habemus Papam (攝影: / 大紀元)

La composition des personnages de Nous avons un pape est de celles que l'on pourrait citer en exemple dans les classes de cinéma pour leur gisement de potentiel. C'est une fois embranché au scénario qu'on sent que ces personnages ont été délaissés par les scénaristes. On ne fait que les effleurer, alors qu'on se serait attendu à beaucoup plus de profondeur, voire à plus d'explications sur leur état déstabilisé, autant chez le pape que chez le psychanalyste. Le spectateur est un peu perdant des allées et venues entre Piccoli et Moretti, en plus du fait qu'on les voit très peu ensemble. L'option des histoires parallèles se retrouve finalement comme un des seuls défauts du film.

Michel Piccoli joue un pape crédible, sincère et approchable. Il réussit à bien faire croire à la «carence de soins» dont il souffre, étiquette qu'un psychanalyste lui colle durant le long métrage. Il fait surgir le sérieux nécessaire à cette comédie qui n'est pas si loin d'une réalité possible. L'affection qu'on peut lui vouer prend forme dès le début du film. Quant à Nanni Moretti en tant que psychanalyste, il n'a rien à dire puisqu'il est comme un poisson dans ses propres eaux puisqu'il a créé presque de A à Z Nous avons un pape. Il sait faire rire dans les moments les plus délicats, en plus d'être «prisonnier» d'une situation plus que tendue. L'effet est donc double, voire triple, puisque sa performance apporte encore plus d'eau au moulin de la comédie.

La troupe d'aînés incarnant les cardinaux apporte un fond d'enthousiasme qui sait envelopper le film. Leur aisance, leur faciès généreux et l'humour qui découle des excentricités dans lesquelles ils se trouvent donnent le ton au film, en plus de briser l'image des hommes de foi insupportables. C'est le genre de folie avec laquelle on a pu se délecter en compagnie des dames espagnoles dans le film Les femmes du 6e étage de Philippe Le Guay l’an dernier.

Moretti étonnera plus d'un avec la vitesse à laquelle il passe de la comédie au drame, surtout en fin de parcours. On doit lui reconnaître sa témérité de faire un film pendant que la situation du catholicisme est chambranlante. C'est à se demander s'il n'a pas décidé de faire ce film en se basant sur les dires de plusieurs gens qui ont affirmé que le pape actuel serait le dernier...