Le départ de Google de la Chine financé par les caciques du régime

Écrit par The Epoch Times
19.05.2012

  • Une carte, une lettre et des fleurs ont été placés sur le logo de Google à l’entrée de l’immeuble de son siège social chinois à Pékin, depuis le 23 mars 2011.(Staff: Feng Li / 2010 Getty Images)

Selon un communiqué donné par un membre officiel du gouvernement, lorsque Google a été contraint de quitter la Chine continentale, il avait été victime de la lutte de succession au sein du Parti communiste chinois (PCC). Cette information est corroborée par un télégraphe de janvier 2010, tamponné «secret» et émanant de l’ambassade des États-Unis à Pékin – information publiée par Wikileaks.

La campagne contre Google a été lancée en mars 2009, à l’Hôtel Honglou à Chongqing. Les rencontres pour le Congrès national du peuple se déroulaient au même moment. Bo Xilai, le chef du Parti dans la ville province de Chongqing avait organisé une réunion avec Li Yanhong, le président du moteur de recherche chinois Baidu, par le biais du directeur régional de Baidu à Chongqing, Jiang Zhi.

Bo Xilai était prêt à expulser Google de Chine, mais en contrepartie, il avait besoin que Baidu coopère avec les fonctionnaires de Chong-qing pour lever la censure des articles critiquant les représentants à la tête du Parti, Hu Jintao, Wen Jiabao et le futur chef présumé du parti Xi Jinping. Des articles ont été publiés à l’étranger pour donner une bonne image de l’ancien chef du Parti Jiang Zemin. Les articles ciblant Xi Jinping ont été particulièrement importants.

Lutte entre factions

Bo Xilai est un membre du PCC rattaché à la faction de Jiang Zemin, il a été impliqué pendant une dizaine d’années dans une lutte menée contre la faction de Hu Jintao et Wen Jiabao pour la domination du PCC. D’autres membres dirigeants du groupe de Jiang ont été impliqués: Zeng Qinghong, chef du Congrès National du Peuple et propriétaire de l’hôtel Honglou (c’est dans cet hôtel que Bo a rencontré Li Yanhong). Il y a aussi Zhou Yongkang, chef de la puissante Commission Politique et des Affaires Législatives (CPAL), qui contrôle de près tous les aspects de l’application des lois en Chine, et Luo Gan, chef du CPAL, supérieur direct de Zhou. Les membres du groupe de Jiang sont tous coupables des crimes contre l’humanité et de violations importantes des droits de l’homme. Selon les analystes, la lutte pour le pouvoir entre Hu et Wen a été alimentée par la crainte de voir le groupe de Jiang être reconnu coupable de ces crimes.

Après la fuite de Wang Lijun – adjoint de Bo Xilai et ancien chef de la police de Chongqing - vers le Consulat américain de Chengdu le 6 février dernier, il y a fourni des informations sur la conspiration du groupe de Jiang, pour empêcher la nomination de Xi Jinping à la tête du Parti. Bill Gertz, du Washington Free Beacon, a communiqué que selon un fonctionnaire du gouvernement américain, Wang avait fait savoir que Bo et Zhou prévoyaient de perturber la passation de pouvoir de Hu Jintao à Xi Jinping. Le site web dissident Boxun a signalé que Bo et Zhou avaient envisagé un coup d’Etat après la prise de pouvoir de Xi.

Ainsi, si Bo Xilai devenait chef du PCC, le problème du groupe de Jiang aurait été réglé. Mais Bo a été inculpé 13 fois hors de Chine pour crimes contre l’humanité et génocide en rapport avec les atrocités commises contre les pratiquants du Falun Gong. Bo et Zhou ont donc uni leurs forces dans la campagne menée contre Google, dans le but d’exploiter la guerre de l’information pour nuire à Xi et à ses alliés.

Accusations de pornographie

Après la rencontre entre Bo et Li en mars dernier, des préparations minutieuses avaient été faites. La première tentative pour expulser Google a été de porter des accusations sur le fait que son moteur de recherche fournissait l’accès à des sites pornographiques. Le 18 juin 2009, le Centre chinois de surveillance d’informations illégales, une organisation proche de Baidu, a publié un article intitulé: «Nous condamnons fermement les informations sexuellement provocatrices et indécentes transmises par Google». L’article accusait Google Chine de contenir une «grande quantité d’informations à caractère pornographique et indécentes» diffusant «des contenus pornographiques venus hors de Chine et transmis dans notre pays à travers Google».

Immédiatement, Zhou Yongking, qui dirigeait le Bureau de Sécurité Publique, a rencontré le directeur de Google en Chine. Il a, au cours de cette réunion, brandi le fait que le géant informatique était responsable de la circulation d’informations à caractère pornographique sur Internet et annoncé des sanctions à l’encontre de la société. C’est ainsi que Google a été informé que l’affichage des sites web avec des contenus venant hors de Chine avaient été interdits en Chine à partir de son moteur de recherche.

Lorsque Xinhua, porte-parole du régime chinois a diffusé l’information, le ministère de la Sécurité publique n’a pas été mentionné et l’agence qui a contacté Google a été citée comme le «département compétent». De plus, le programme de CCTV du 18 juin a commenté la supposée publication de pornographie par Google, inspirant immédiatement une forte dose de scepticisme et de ressentiment parmi les internautes. Des cyber-citoyens ont posté des commentaires affirmant que d’après eux, il s’agissait d’un complot contre Google. Pour certains, Baidu, concurrent de Google, pourrait avoir tiré les ficelles.

Certains ont aussi soupçonné que l’incident avait pour but d’aider à orienter l’opinion publique en faveur du développement de Green Dam, logiciel de contrôle des contenus. Des internautes ont effectué des recherches poussées et découvert que la personne interrogée sur Google, lors du programme de CCTV et qui déclarait être un étudiant universitaire nommé Gao Ye, était en réalité un membre de la CCTV, confirmant les soupçons des internautes selon lesquels le programme avait été truqué.

Répondant aux plaintes des internautes, Wen Jiabao et Xi Jinping ont tous deux donné des instructions demandant que la relation entre les médias internet internationaux et le gouvernement chinois soit traitée correctement, ainsi l’incident accusant Google pour pornographie a tourné court et le peuple chinois ne s’est pas retourné contre Google. Le 14 janvier 2010, Nanfang Daily a publié une étude en ligne, montrant que 84,5% des 230.000 personnes interrogées indiquaient ne pas vouloir que Google quitte la Chine.

Pots de vins et diffamation

Après le coup d’arrêt de Wen Jiabao et de Xi Jinping à l’encontre des critiques à l’égard de Google concernant la pornographie, Li Yanhong, le PDG de Baidu, a été très mécontent et ne se sentait pas en sécurité. En juillet 2009, Baidu n’a plus autorisé les informations calomniant Xi Jinping à paraître dans les résultats de recherche.

Bo Xilai avait une autre idée pour inciter Baidu à coopérer avec ses plans. Il a mené une campagne appelée «Frapper le noir» à Chongqing. Alors que cette campagne se présentait comme moyen de réprimer la mafia, les critiques ont affirmé que Bo l’avait utilisé comme moyen de s’approprier les richesses et les actifs d’homme d’affaires respectables. Bo a demandé à quatre entreprises de Chongqing de donner l’argent obtenu suite à la campagne «Frapper le noir» à Baidu, au nom du soutien au service de recherche de Baidu. Fin 2009, ces quatre entreprises y ont contribué pour un montant total de 230 millions de yuans (près de 28 millions d’euros).

Dés le début d’octobre 2009, Bo s’est entretenu avec la vice-présidente de Baidu, chargée de la section de Chongqing, Zhang Fengqi, et lui a demandé de transmettre à Li Yanhong le message suivant: «J’ai un moyen. Google quittera définitivement la Chine». En octobre 2009, Baidu a de nouveau débloqué des informations négatives sur Xi Jinping. Ce moyen était de lancer une vaste opération de piratage informatique.

Piratage de Google

A la mi-décembre 2009, des pirates informatiques chinois ont attaqué les comptes Gmail de Google et dérobé des informations confidentielles concernant les utilisateurs. Ces pirates ont agi sous la direction de Zhou Yongkang. Dans le but d’induire en erreur le public, les pirates ont aussi attaqué vingt compagnies dans le domaine de la finance, de la science, des technologies, des communications et de la chimie. Les pirates ont aussi envahi les comptes Gmail de nombreux activistes des droits de l’Homme.

Des sources internes à Google ont affirmé que la méthode de piratage était très compliquée. Selon la BBC, les pirates avaient profité d’une faille d’Internet Explorer pour attaquer Gmail. Google n’a pas précisé que l’attaque avait été lancée par le parti communiste, mais les ingénieurs de Google ont retracé l’attaque jusqu’à des agences d’État chinoises. Face à de telles attaques et intimidations hostiles, Google n’a pas cédé. Le 12 janvier 2010, il a publié sur son blog officiel une déclaration intitulée «Une nouvelle approche en Chine».

«Nous avons décidé que nous ne voulions plus continuer à censurer nos résultats sur Google.cn», a alors déclaré Google. Le 29 juin, Google redirigeait automatiquement toute personne utilisant Google.cn vers Google.com.hk, moteur de recherche de Hong Kong qui fournit des recherches non censurées. Google s’était officiellement retiré de Chine. Le 13 janvier, lendemain du jour où Google a annoncé tout d’abord sa nouvelle approche en Chine, Sun Yunfeng, concepteur de produit en chef chez Baidu a écrit un article intitulé «Au sujet de Google quittant la Chine» sur son blog personnel. Il décrivait Google comme étant une entreprise n’ayant pas d’éthique et ayant quitté le marché chinois pour de seules raisons économiques.

Zhou et Bo ont simultanément ordonné aux médias d’État de largement diffuser des articles sur le départ de Google pour raison économique. Ces informations ont également atteint les médias sinophones et anglophones hors de Chine. Par conséquent, l’opinion publique mondiale a été distraite du réel motif du départ de Google de Chine. Depuis lors, Baidu a réussi à récupérer la part de marché abandonnée par Google.

Campagne de calomnie en ligne

En mars 2010, Bo Xilai et Zhou Yongkang ont participé à une autre réunion avec Li Yanhong. Selon les rapports d’enquête du Comité du PCC pour l’inspection disciplinaire, ils étaient venus avec un «plan très détaillé de mise en place d’une puissante campagne en ligne contre Hu Jintao, Wen Jiabao, et Xi Jinping.». Bo et Zhou ont utilisé avec succès la propagation à large échelle de rumeurs sur les réseaux communautaires de Baidu, portant sur des cas de corruption commis par Hu Haifeng, le fils de Hu Jintao et Wen Yunsong, le fils de Wen Jiabao ainsi que les allégations de relations sexuelles avec plusieurs hommes occidentaux de la fille de Xi Jinping. Les internautes chinois sont devenus très familiers de ce type d’accusations.

Depuis l’incident de Wang Lijun, Hu et Wen ont resserré le contrôle sur Zhou et Bo, tous deux étant actuellement sous surveillance du Parti. Li Changchun, ministre de la Propagande, demeure cependant un solide partisan de Baidu. Lors d’une réunion entre les membres du Comité permanent du Politburo, Li Changchun a déclaré que «Baidu est la marque nationale de la Chine sur Internet. Sa réputation ne doit pas être ternie». Zeng Qinghong et Zhang Dejiang, qui ont été nommés à la place de Bo Xilai à Chongqing, étaient également à la réunion et ont appuyé l’opinion de Li. Lors de cette réunion, le président Hu ainsi que Wen et Xi, ont insisté sur le lancement d’un «nettoyage» de Baidu, mais Li a suggéré que les rumeurs devaient être attribuées à leurs sources.

Suite à cela, le 31 mars 2012, Xinhua a signalé que près d’un millier d’individus accusés de répandre des rumeurs ont été arrêtés pour publication sur des microblogs de Sina et QQ.com. Les hébergeurs web majeurs ont été «critiqués et punis». Pour Sina Weibo par exemple: désactivation de la fonction Commentaires pendant quatre jours et obligation de faire un travail de «centralisation et de nettoyage». Cette perturbation dans l’activité normale des sites web est à l’avantage concurrentiel de Baidu. Récemment, les partisans de Hu et Wen ont étendu leur influence sur Baidu. Les mots censurés comme «Shen Yun Performing Arts», «4 juin», «prélèvements d’organes», les soi-disant «auto-immolations de Tiananmen», «Bo Xilai et les crimes de sa femme» et «le sombre passé de Zhou Yongkang» ont été temporairement débloqués.

La préparation préliminaire à une enquête approfondie sur Baidu est maintenant terminée. Une source interne au Comité pour l’inspection disciplinaire a déclaré: «Pour dire les choses franchement, la pression pour nettoyer Baidu est plus importante que celle pour enquêter sur Bo Xilai. Si ce n’est pas bien géré, certains fonctionnaires vont perdre leur emploi et cela risque d’avoir des impacts régionaux». Ces mots, pour ceux qui connaissent les coulisses d’Internet en Chine sont extrêmement importants.