Le trafic d’organes menace la sécurité des États-Unis

Écrit par Shar Adams, The Epoch Times
20.05.2012

Les Américains obtenant des organes à l’étranger, grâce à des greffes illégales pourraient, sans le savoir, être porteurs de maladies infectieuses, de retour au pays, a déclaré un spécialiste américain des greffes

  • L’avocat international des droits de l’homme David Matas, à Hong Kong, le 17 juillet 2006.(Staff: AFP / 2006 AFP)

Le Dr Francis Delmonico, professeur de chirurgie à l’école médicale de Harvard, affirme qu’actuellement, les États-Unis n’ont aucun registre déterminant où et comment, hors des États-Unis, une personne a bénéficié d’une greffe d’organes. Lorsqu’ils [les Américains] reviennent aux États-Unis après avoir obtenu illégalement un organe, ils pourraient être porteurs de toutes sortes de maladies infectieuses. Cependant, aucun formulaire de déclaration de douanes n’est exigé, indiquant qu’ils rapportent des tissus vivants sur leur terre natale, ni de registre médical sur la source des organes obtenus à l’étranger.

«Le destinataire de la greffe n’est plus préservé, s’il voyage vers une destination étrangère qui n’a pas de contrôle ou de transparence fiable. Il est vulnérable à toutes sortes d’infections cachées», a expliqué le Dr Delmonico à The Epoch Times.

«Ces personnes courent le risque de tuberculose, d’hépatite, de VIH et d’autres maladies variées», a-t-il déclaré, ajoutant qu’une «infection bactérienne bizarre», particulière aux porteurs de greffes, a fait surface récemment, d’où une source d’inquiétude supplémentaire. «Je pense que le risque doit être pris en compte par les gouvernements», a-t-il précisé.

Le Dr Delmonico est le président-élu du corps international des spécialistes de greffes, la Société de Transplantation (TTS), organisation luttant pour la mise en œuvre de contrôles réglementaires dans les pays en voie de développement où le tourisme sanitaire peut s’avérer être une source de revenus substantielle.

Il aimerait voir les États-Unis plus actifs pour empêcher les Américains d’obtenir illégalement des organes, affirmant que non seulement cela est contraire aux lois américaines, mais fait courir un risque au niveau de la sécurité sanitaire.

Le Dr Delmonico a déclaré qu’un moyen de dissuasion, ayant prouvé son efficacité en Israël (pays leader mondial dans ce domaine), a été de suspendre les assurances pour les greffes impliquant des organes obtenus illégalement.

«Le TTS applaudit la position prise par Israël. Ce n’est pas autoriser les gens à  partir simplement et subir des greffes dans les pays étrangers qui serait illégal», a-t-il déclaré.

Alors que le système de dons d’organes lutte pour répondre à la demande croissante d’organes, le commerce illégal a fait surface.

L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) estime que 5 à 10% des 65.000 greffes de reins qui auraient été menées en 2007, ont été obtenues illégalement. Cependant le Dr Debra Budiani-Saberi, directrice exécutive et fondatrice de la Coalition pour des Solutions au manque d’organes, affirme que le nombre de greffes illégales est probablement plus élevé.

«Le nombre de greffes de reins en Chine [provenant de prisonniers exécutés] pour la seule année 2006, estimé à 8.000, aurait dépassé cette estimation», a-t-elle déclaré lors d’une audience au Congrès, en début d’année.

Le bond du trafic d’organes en Chine

La Chine, qui utilise pour ses greffes, des prisonniers condamnés à mort, est source d’une inquiétude particulière. Une industrie croissante du commerce illicite d’organes dans ce pays a été liée à la persécution et à la disparition de pratiquants de Falun Gong, prisonniers de conscience en Chine.

En 2006, l’ancien secrétaire d’État canadien, David Kilgour, et l'avocat international des Droits de l’Homme, David Matas, ont publié un rapport concluant que les pratiquants de Falun Gong, arrêtés en masse et sans procès, avaient été assassinés dans le cadre d’un commerce florissant et illicite d’organes en Chine.

La Société de Transplantation a pris ses distances avec le rapport canadien affirmant que la question relevait du domaine d’une enquête des Nations Unies ou de l’Organisation Mondiale de la Santé.

À ce jour, il n’y a pas d’enquête internationale sur les découvertes du rapport canadien, mais la TTS a travaillé d’arrache-pied pour mettre en œuvre des directives éthiques.

Le corps international a récemment annoncé qu’il refuserait tout document médical produit, suite à des recherches menées sur des condamnés à mort.

«Le Congrès du TTS qui se tiendra à Berlin n’acceptera pas les prélèvements effectués par l’utilisation d’organes issus de prisonniers exécutés», a confirmé le Dr Delmonico.

Les autorités chinoises ont déclaré qu’elles mettraient fin à la pratique utilisant des prisonniers pour les greffes d’organes et mettraient en place un système de donneurs d’organes, mais à ce jour, il y a peu de résultats.

Le Dr Delmonico a déclaré que TTS s’était engagée à aider la Chine à mettre en place de meilleures pratiques, mais il est évident que le corps international trouve odieux le système chinois, totalement contraire à l’éthique. 

«Je souhaite m’assurer que le fait que nous tentions d’aider par d’autres moyens, ne soit en aucun cas interprété comme une acceptation, ou dissimule le fait que nous continuons à clairement nous opposer à l’exécution de prisonniers, et au prélèvement de leurs organes dans ces conditions», a-t-il déclaré.

Néanmoins, la TTS espère que les États-Unis prendront davantage de mesures afin de dissuader leurs concitoyens d’obtenir des organes illégalement. Une autre option serait de remplir des formulaires de déclaration en douane sur lesquels seraient enregistrés, quand et comment les greffes d’organes se sont déroulées en dehors des États-Unis, cela contribuerait d’une certaine manière à obtenir une base de données nationale.

«Je pense qu’un des points les plus importants à réaliser serait d’avoir une transparence dans la pratique par laquelle les gouvernements souhaiteraient savoir qui entre et sort pour des greffes», a affirmé le Dr Delmonico.

Le Dr Budiani pense que les gangs de trafic d’organes sont étroitement liés au trafic humain et espère que le gouvernement leur appliquera les mêmes lois qu’au niveau criminel. 

Elle aimerait voir le gouvernement américain ajouter le trafic humain pour prélèvements d’organes (HTOR) à l’Acte de Protection des Victimes de Trafic (TVPA). «Cette approche permettrait que les structures existantes pour la prévention, la protection et les mesures de poursuites, ainsi que les enquêtes, les rapports et la surveillance du trafic sexuel et de travaux forcés, soient étendues de manière appropriée pour y inclure le HTOR «a-t-elle ajouté lors de l’audience du Congrès.