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Un miroir vers l’âme

Écrit par Maya Mizrahi, The Epoch Times
20.05.2012
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  • Andrei Tarkovski.(攝影: / 大紀元)

«Quand j’ai découvert les premiers films d’Andreï Tarkovski, ce fut pour moi un miracle. Je me trouvais, soudain, devant la porte dont jusqu’alors la clé me manquait. Une chambre où j’avais toujours voulu pénétrer et où lui-même se sentait parfaitement à l’aise». (Ingmar Bergman 1918-2007)

Au mois de janvier 2012, le monde a rendu hommage à l’un des plus importants et talentueux metteur en scène, Andrei Tarkovski (1932-1986). Le monde cinématographique de cet artiste d’origine russe, touche les gens encore aujourd’hui, 25 ans après sa mort, grâce au caractère sensible et universel de ses films.

Avec sept films de long-métrage, Tarkovski invite le spectateur à se regarder à travers le miroir, et à se voir non seulement en tant qu’homme social, mais surtout en tant qu’homme spirituel se posant des questions au cœur de «la tempête de l’humanité».

Dialogue sensible

  • Andrei Tarkovski et Sven Nykvist pendant le tournage de Nostalgie.(攝影: / 大紀元)

Andrei Tarkovski a reçu des félicitations et des prix à travers le monde. C’est en Russie, son pays natal tant aimé, que ses films ont été critiqués et censurés, pour leur caractère spirituel- qui ne correspondait pas vraiment à l’esprit communiste de l’époque.

Tout au long de son œuvre, Tarkovski pense l’homme comme un être prenant ses décisions face aux progrès de la société, à la technologie moderne et à son existence spirituelle.

Dans une dernière interview donnée le 28 Avril 1986, il déclare: «Les trucs modernes et technologiques sont pour moi des symboles de l’erreur de l’homme. L’homme moderne est trop préoccupé par son développement matériel, par le côté pragmatique de la réalité. Il est comme un animal prédateur qui ne sait que prendre. L’intérêt de l’homme pour le monde transcendant a disparu. L’homme se développe actuellement comme un ver de terre: un tuyau qui avale de la terre et qui laisse derrière lui des petits tas. Si un jour la terre disparaît parce qu’il aura tout mangé, il ne faudra pas s’en étonner. A quoi cela sert-il d’aller dans le cosmos si c’est pour nous éloigner du problème primordial: l’harmonie de l’esprit et de la matière?»

  • Andrei Tarkovski pendant le tournage du film Nostalgie.(攝影: / 大紀元)

Tarkovski utilise les moyens artistiques pour transmettre cette vision avec un grand succès. Par l’utilisation des contrastes, il crée des tensions qui donnent une complexité à la chose observée. Par exemple, sur des images de guerre projetées, Tarkovski choisit de faire entendre de la poésie. Ou bien, il crée un dialogue sensible et intime entre deux personnes qui se trouvent dans des conditions difficiles. Ainsi il montre la complexité de la vie ; les désastres que l’espèce humaine crée mais aussi l’espoir, représenté par la beauté. Tarkovski s’appuie sur la culture et les objets d’arts à chaque fois – ces éléments dans ses films sont une source de beauté et donc d’espoir.

Un de ses plus beaux films raconte la vie de l’artiste d’icônes russe, Andrei Roublev, qui était un moine. Comment créer un chef d’œuvre au sein de la violence et de la douleur, comment continuer son chemin spirituel, ce sont les questions que se pose le metteur en scène, dans son œuvre et sa création. Dans son film Le miroir – au cœur des difficultés et de la quête de soi, un livre de Leonard de Vinci est posé là, révélant ses secrets à celui qui sera prêt à les feuilleter. «Pour moi, l’art des masses est absurde. L’art est surtout d’esprit aristocratique. L’art musical ne peut être qu’aristocratique, parce qu’au moment de sa création il exprime le niveau spirituel des masses, ce vers quoi elles tendent inconsciemment. Si tout le monde était capable de la comprendre, alors le chef oeuvre serait aussi ordinaire que l’herbe qui pousse dans les champs. Il n’y aurait pas cette différence de potentiel qui engendre le mouvement», disait Tarkovski lors d’un entretien.

Un autre temps

  • Le tournage du film Nostalgie- Andrei Tarkovski filme le feu.(攝影: / 大紀元)

«Le cinéma est l’art qui sculpte le temps», a écrit Tarkovski dans son livre. Le thème du temps est central dans ses films. Le questionnement sur le temps s’exprime par les relations créées entre la société et l’individu, entre le sacré et le profane, entre l’homme social et l’homme spirituel. Souvent, Tarkovski mélange les temps, pose des questions sur la mémoire, la nostalgie et essaye de ressusciter les événements à travers un regard d’enfant. «Je pressens un avenir très sombre, si l’homme ne se rend pas compte qu’il est en train de se tromper. Mais je sais que tôt ou tard il prendra conscience. Il ne peut pas mourir comme un hémophile qui se serait vidé de son sang pendant son sommeil, parce qu’il se serait égratigné avant de s’endormir. L’art doit être là pour rappeler à l’homme qu’il est un être spirituel, qu’il fait partie d’un esprit infiniment grand, auquel en fin de compte il retourne. S’il s’intéresse à ces questions, s’il se les pose, il est déjà spirituellement sauvé. La réponse n’a aucune importance. Je sais qu’à partir de ce moment-là, il ne pourra plus vivre comme avant».

Le retour et la quête de l’homme, le passage entre le sociale et le personnel, prennent racines dans le jeu des contraires des choix artistiques de l’artiste: le jeu du son et des images, le passage du noirs et blanc aux couleurs, le silence devant la catastrophe, le mouvement et l’immobilité. Comme un homme qui décide de s’assoire pour la méditation au cœur d’une tempête, de même les personnages de Tarkovski parfois s’arrêtent, marchent, pensent, jusqu’au moment où ils sont encore une fois pris par les événements. La foi en Dieu chez Tarkovski se reflète naturellement dans ses films, non d’une façon illustrative mais profonde- c’est une mission pour lui.

«C’est une mission devant Dieu» disait-il lors de l’entretien, en ajoutant: «Quand je fais un film, c’est comme un jour de fête. Comme si je posais devant une icône une bougie allumée ou un bouquet de fleurs. Le spectateur finit toujours par comprendre lorsqu’on lui parle avec sincérité. Je n’invente aucun langage pour paraître plus simple, plus bête ou plus intelligent. Le manque d’honnêteté détruirait le dialogue».

Les films de Tarkovski sont un sorte de réveille pour l’homme qui les regarde et c’est dans cet esprit d’urgence qu’il les crée. Il dit: «L’homme doit encore apprendre de l’histoire. Et s’il y a bien une chose que l’on a apprise d’elle, c’est qu’elle ne nous a jamais rien appris. C’est une conclusion extrêmement pessimiste. L’homme répète sans cesse ses erreurs. C’est horrible. Encore une énigme! Je crois qu’il nous faut fournir un travail spirituel très important pour que l’histoire passe enfin à un niveau élevé. Le plus important est la liberté de l’information que l’homme doit recevoir sans contrôle. C’est le seul outil très positif. La vérité non contrôlée est le début de la liberté».

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Malgré le fait que Tarkovski n’était pas accepté à l’époque par les autorités russes qui lui ont demandé de rééditer ses films, il était reçu à bras ouverts par le monde de l’ouest. Il reçu « Le lion d’or» de Venise déjà pour son premier long métrage, L’enfance d’Ivan (1962) et de là le chemin vers le sommet était rapide. Andrei Rublev (1969), Solaris(1972), Le Miroir (1974)…, sont des films différents l’un de l’autre mais qui lui ont donc permis de s’exprimer d’une façon qui lui est propre. Ses films ont influencé d’une façon significative le langage artistique des créateurs de son époque et de ceux qui l’ont suivi.

Tarkovski a reçu des mains d’Orson Welles le prix de la création cinématographique pour son film Nostalgie (1983) et il fut invité par Ingmar Bergman afin de réaliser le film Le Sacrifice (1986).

Tarkovski meure à Paris, loin de son pays natal qu’il a tant aimé.

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