Le président français isole l’Allemagne au sujet des euro-obligations

Écrit par Christian Watjen, The Epoch Times
25.05.2012

  • Le 15 mai, à Berlin, le président français François Hollande (à gauche), et la chancelière allemande Angela Merkel donnent une interview aux médias, à la suite de leur entretien à la Chancellerie au sujet de la dette de la crise.(攝影: / 大紀元)

En tant que nouveau président français, François Hollande souhaite installer un consensus en Europe pour la mutualisation de la dette par les euro-obligations, ceci pour lutter contre la crise de la dette européenne. La chancelière allemande Angela Merkel, opposée à cette idée se retrouve en conséquence de plus en plus seule à soutenir le contraire.

Après le sommet du G-8 samedi, François Hollande a expliqué qu’il voulait apporter l’idée des euro-obligations. Lors de la réunion informelle avec les chefs d’État de l’Union Européenne, programmée mercredi, il a dit au journal Hamburger Abendblatt: «Dans le lot des propositions, il y aura les euro-obligations, et je ne veux pas être le seul à les proposer».

Il est probable que la France reçoive des soutiens pour encourager les obligations européennes, pas seulement de la Commission Européenne, qui est en leur faveur depuis l’été dernier, mais aussi de l’Italie, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne. Les euro-obligations, ou obligations européennes, sont des obligations d’État que la zone Euro lancerait conjointement avec des garanties. Les investisseurs prêteraient de l’argent au bloc des 17 membres à un taux d’intérêt partagé, tandis que l’argent serait distribué à chaque gouvernement.

La France, ainsi que les autres pays, espèrent qu’une telle mutualisation de la dette à travers la zone Euro pourrait aider les pays endettés à remettre de l’ordre dans leurs finances, car leur coût d’emprunt n’est plus déterminé par leur solvabilité. Le gouvernement Allemand et la majorité de ses citoyens sont fortement opposés à cette idée. La crainte du pays le plus fort économiquement  en Europe est que les euro-obligations enlèvent toute incitation à la réforme structurelle ou à la discipline budgétaire.

«Les euro-obligations à un taux d’intérêt aussi bas risquent de réduire la pression dans l’adaptation des économies européennes», a expliqué dans un communiqué publié lundi, Steffen Kampeter, officiel de haut rang au Ministère des finances allemand.

L’aide financière accordée par le fond de sauvetage européen, le FESF, au cours des deux dernières années aux États comme l’Irlande, le Portugal et la Grèce, dépendent de réformes strictes faites au sein de ces pays. Les mesures d’austérité dans ces états et partout ailleurs ont créé un retour de manivelle, comme l’ont montré les récentes élections.

François Hollande, qui a gagné le mois dernier les élections présidentielles avec un programme orienté sur une politique de croissance en Europe et moins d’austérité, est considéré comme une force de premier plan dans la construction d’une alliance pour les obligations européennes.

Angela Merkel s’inquiète qu’au lieu de continuer la discipline budgétaire déjà en place, les euro-obligations encouragent plus de dettes au sein du système d’autres pays, et que l’Allemagne forte ou la Grèce faible, paieront des intérêts identiques sur leurs obligations. En revanche, les obligations d’État émises à l’échelle nationale, les marchés et les taux de crédit d’état détermineraient les intérêts à payer.

Pour Berlin, la «solution est plus de compétitivité entre les états membres» selon un communiqué du gouvernement publié lundi. Alors que Hollande et les autres voient les euro-obligations comme un premier pas vers une union fiscale plus intégrée, pour l’Allemagne il en est tout autrement.

«Tant que la politique financière en Europe n’est pas intégrée, le gouvernement fédéral rejette le financement conjoint par le biais des euro-obligations», explique le communiqué.

Selon le journal Der Spiegel, Merkel ne s’attendait pas à obtenir un compromis avec le président français avant le sommet Européen de fin juin. Mis à part ce désaccord fondamental, la France et l’Allemagne, considérés comme les meneurs de l’Europe, ont échangé leurs points de vue sur d’autres sujets. Au cours de la première réunion de lundi, entre le ministre des finances Français Pierre Moscovici et son homologue allemand Wolgang Schauble, les deux hommes ont exprimé leur désir commun que la Grèce reste dans la zone Euro.

Version originale: French President Isolates Germany Over Eurobonds