Solutions pour la dette européenne

Écrit par Bill Wilson
25.05.2012

  • Des étudiants manifestent contre des réductions budgétaires dans l’éducation causées par la crise, le 10 mai 2012 à Madrid.(Stringer: DANI POZO / 2012 AFP)

Se prononçant le 16 avril dernier lors d’une rencontre organisée par le journal Politiken avec le ministre de l’Économie du Danemark, l’homme d’affaires et milliardaire George Soros a dénoncé les mesures d’austérité mises en place en Europe. Selon lui, l’intervention des États pour contrôler la crise de la dette souveraine n’a fait qu’empirer les  choses.

«Vous pouvez accroître la dette à l’excès, mais non la diminuer», a-t-il déclaré accusant les politiques budgétaires en quête d’équilibre d’être les vraies coupables du ralentissement de la croissance économique.

 

Dans un article du Financial Times, il a qualifié les mesures d’austérité prises par l’Union Européenne de «contre-productives».

Selon lui, l’ironie est que l’Europe est déjà entrée en récession, non par la faute  de l’équilibre des budgets de la responsabilité financière, mais par l’accroissement de la dette publique.

Elle est, par exemple, apparue en Grèce du fait des pensions publiques excessives ainsi que des obligations de soins de santé. En Irlande, elle s’est manifestée durant la bulle immobilière du pays, lorsque l’État est intervenu pour soutenir les banques.

Soros s’était déjà exprimé dans un précèdent discours bien plus significatif, le 13 avril, à Berlin. Il avait alors abordé le cœur de la question et évoqué l’avenir de l’Europe à l’Institut Pour le Paradigme de la Nouvelle Pensée Économique (INET).

Il avait alors comparé les pays débiteurs européens comme la Grèce et l’Irlande à «des pays du tiers-monde lourdement endettés en devises étrangères».

     

«Cela est arrivé car ces pays ont transféré leurs droits souverains à la BCE (Banque Centrale Européenne)», analysait-il. «Du coup ils ne peuvent plus imprimer leur propre monnaie. Puisqu’ils ne peuvent plus imprimer leur propre monnaie, le risque qu’elle fasse défaut est véritable».

C’est une analyse assez franche de la part de Soros. Analyse qui souligne que la seule chose qui semble différencier la crise de la dette européenne de celle des États-Unis (et du Japon), sont les presses à billets de la Réserve Fédérale et de la Banque du Japon qui sont beaucoup plus efficaces et rapides à tourner que celles de la BCE.

Soros a figé cette réalité en ces termes: «Un souverain qui peut imprimer de l’argent ne peut pas être en défaut ni faire défaut à ses engagements».

 

Bien sûr, selon Standard & Poor’s, entre 1975 et 2002, on a dénombré au moins 84 défauts souverains dans les monnaies fiduciaires.

La proposition principale de Soros est «de ne pas sortir de la dette excessive», car aucune des mesures qu’il propose ne doit conduire à une expansion du secteur privé; elles ne doivent pas permettre non plus de création d’emplois.

Soros conseille plutôt une solution ad hoc pour les problèmes dus aux dettes souveraines. Plutôt que de chercher l’équilibre budgétaire pour commencer à rembourser des dettes gargantuesques, Soros conseille aux nations européennes de lever les interdictions de l’Article 123 du Traité de Lisbonne relatives à la BCE, afin de pouvoir par exemple, directement monétiser la dette.

Ce qui signifie l’inflation, un mot que la Bundesbank allemande évite comme la peste suite au traumatisme de l’expérience de Weimar qui a amené le nazisme, la seconde guerre mondiale et 50 millions de morts. Concernant cette inflation, Soros estime que: «la devise peut perdre sa valeur ou une partie de sa valeur mais on peut toujours imprimer la quantité nécessaire pour rembourser ses dettes».

Ou bien, comme à Weimar, on peut chasser un mal par un autre et vivre dans l’hyperinflation et le défaut. D’autre part, contrairement à ce qu’avance Soros, les coupes budgétaires drastiques peuvent être un moyen d’éviter le faux dilemme du défaut et de l’inflation (selon ses termes). C’est une alternative. Mais elle n’a jamais été tentée jusque là.

Quoi de surprenant cependant à voir une personne qui a gagné des milliards dans le commerce des devises préférer les ravages de l’inflation à un défaut de paiement ou à une politique budgétaire sérieuse. Ces options ont l’avantage de libérer les contribuables du monopole du cartel bancaire, qui détient toutes les dettes souveraines (et qu’on ne peut rembourser autrement).

Bill Wilson est le président de Americans for Limited Government.