Et maintenant on va où?

Grand film à intention grandement discutable

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins,The Epoch Times
29.05.2012

  • Roukoz (Ali Haidar, à gauche) et Nassim (Kevin Abboud, à droite)(攝影: / 大紀元)

Présenté dans la section «Un certain regard» lors du dernier Festival de Cannes, le film Et maintenant on va où?, de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki (Caramel), a remporté la mention spéciale du jury œcuménique et s’est de plus mérité le Prix du public lors du Festival International du film de Toronto en septembre dernier. Le film a également représenté le Liban lors de la dernière cérémonie des Oscars. Nonobstant ces heureuses reconnaissances tout à fait légitimes, Et maintenant on va où? compte plusieurs faiblesses fondamentales qui se doivent d'être exposées.

Une petite communauté arabe désemparée, coincée entre deux guerres, arrive difficilement à trouver l'harmonie. Deux croyances opposées viennent continuellement la diviser : certains sont musulmans d'autres sont chrétiens.

L'aisance et la générosité de Nadine Labaki comme réalisatrice sont perceptibles dès que l'on saisit que Et maintenant on va où? ne repose pas sur des performances d'élite qui s'entrecoupent, mais bien sur une petite collectivité d'acteurs et d'actrices non professionnels en pleine possession de leurs moyens où chacun ne compte pas le temps de ses brefs passages devant la caméra.

Mentionnons que Labaki a renoué avec son désir de vérité en procédant de cette manière, comme ce fut le cas pour Caramel, son premier long métrage. Labaki a aussi su créer à la perfection l'immersion du cinéphile dans un village perdu, isolé où l'on peut y perdre la vie si on tente de sortir (à cause des mines antipersonnel tout autour). Jouant également un des personnages, Nadine Labaki s'est engagée principalement à jeter quelques-uns de ses regards de feu. Il a été aussi très plaisant de l'entendre chanter dès les premières minutes du long métrage et de la voir au sommet de son talent lors d'une scène où son personnage, Amale, est en plein désarroi. Nadine Labaki a définitivement choisi d'investir sur la synergie de groupe plutôt que de se tailler le rôle idéal.

  • Plusieurs idées folles traversent l'esprit des femmes de Et maintenant on va où?. Elles sont prêtes à tout pour rétablir la paix dans leur village.(攝影: / 大紀元)

Et maintenant on va où? se distingue par la musique arabe fort prenante et par ses chorégraphies à la Dancer in the Dark (film du réalisateur Lars von Trier). Tristement, cette démarcation charmante n'est qu'un ajout au film au lieu d'avoir été ce qui donne le ton au reste.

La fable sociologique de Et maintenant on va où? penche beaucoup plus du côté dramatique que de la comédie. Labaki a vraiment bien réussi à mettre en scène, dans les limites d'un village, des enjeux humains explosifs et tabous vécus à grande échelle, soit la différence des croyances, la violence ainsi que la place que peut occuper la femme. Il est fort regrettable que la réalisatrice présente les femmes comme étant celles détenant la vérité tandis que les hommes sont dépeints comme des bêtes parmi les bêtes, capables seulement du pire. On peut sentir la limite d'un féminisme déséquilibré, un sexisme pour contrer le sexisme, ce qui alourdit et désenchante. La nuance aurait été de circonstance.