Le prix à payer pour produire de l’énergie en Inde

Écrit par Vénus Upadhayaya, The Epoch Times
30.05.2012

  • Enfants vivant dans une extrême pauvreté dans le village de Chillika Daad. L’intense exploitation minière provoque une pénurie d’eau dans le village de Chillika Daad, situé à proximité de la mine de charbon en pleine activité et à ciel ouvert de Singrauli, Madhya Pradesh, en Inde.(攝影: Sudhanshu Malhotra /

SINGRAULI, Inde – L’Inde a soif d’énergie et Singrauli, capitale de l’énergie en Inde, parvient à étancher sa soif. Ses coûts humains, cependant, sont de plus en plus lourds.

La région de Singrauli couvre les Etats de l’Uttar Pradesh du centre-nord indien et Madhya Pradesh, vaste domaine riche en ressources minérales.

L’extraction du charbon se fait sur une zone de 48 hectares. Cependant, les centrales électriques et thermiques ont provoqué de gros dégâts sur certaines des forêts les plus menacées de l’Inde et sur la santé des populations.

Selon les données publiées par la Commission centrale de contrôle de la pollution en Inde, le manque de gestion durable des déchets de charbon et l’augmentation du défrichage de la forêt ont propulsé la région industrielle de l’Inde au top 10 des zones polluées les plus densément peuplées.

Ranjeet Gupta, militant écologiste du village de Dibulganj, déclare: «La cendre de charbon est le principal déchet issu des mines de charbon. Il est soit éliminé par combustion, soit mélangé avec de l’eau dans un bassin de stockage de cendres liquides. Les produits chimiques issus des cendres de charbon sont un véritable poison. Ils ont causé des dommages irréversibles sur la santé de notre population».

Le village se situe près de deux centrales électriques et du barrage de Rihand. M. Gupta précise: «À proximité du barrage, passe une canalisation transportant des déchets de cendres liquides de charbon, de la centrale électrique vers le bassin de stockage de cendres liquides. Nous craignons constamment une fuite souterraine des canalisations. Le village est tributaire de la nappe phréatique qu’il exploite avec des pompes à main, et il est fort probable que l’eau y soit contaminée».

«Nous n’avons même pas d’eau pour prendre un bain. Les plans d’eau ouverts sont si sales. C’est déjà un gros problème», poursuit-il.

Greenpeace, qui a publié un rapport en septembre dernier sur la situation à Singrauli, annonce qu’il existe 21 substances très nocives dans le charbon.

Il y a tout juste deux décennies, la région était encore globalement gérée par de petits exploitants agricoles, qui vivaient des ressources des forêts de la région. Le développement industriel massif au cours des dernières décennies a considérablement modifié la vie de ces populations locales.

«Il ressort que le paysage de la région a été anéanti par un mastodonte de l’énergie, une force accablante qui progresse et empêche toute autre possibilité d’appréhender ou de comprendre la région», conclut le rapport.

L’approvisionnement en eau n’est pas le seul témoin de cette forte pollution. Selon M. Gupta, alors que l’air est meilleur durant la mousson, en été la pollution de l’air est très dense. «La fumée sortant des cheminées ne cesse de tomber sur nos maisons et nous continuons à l’inhaler», dit-il.

Dans tous les villages à proximité des mines de charbon et de centrales thermiques visitées par les enquêteurs de Greenpeace, les résidents se sont plaints non seulement de problèmes de santé, mais aussi d’une absence totale d’accès aux centres de soins médicaux.

Selon le rapport, de nombreuses personnes de la région ont de multiples problèmes de santé. Les gens souffrent souvent de troubles respiratoires, de tuberculose, de maladies de peau, de la polio et de douleurs articulaires. Dans de nombreux cas, ils déclarent une baisse soudaine de leur niveau d’énergie et de leur capacité à accomplir leurs tâches quotidiennes.

Devi Neerpata, la mère de M. Gupta âgée de 50 ans, souffre de troubles respiratoires. Elle explique: «Parfois, je tousse pendant plus d’une heure et demie. Il y a des moments où cela dure toute la journée. Je suis allée consulter un médecin à l’hôpital NTPC près d’ici, il y a quatre ou cinq ans. Je n’ai pas de répit. Les médecins disent qu’il s’agit d’allergies. Je n’ai pas accès à l’eau potable ni à des aliments sains. Je n’ai pas d’énergie au travail. C’est extrêmement pénible».