TORONTO - Au Canada, les grippe-sous canadiens pourraient bientôt voir leur argent ne plus rien valoir, si l’on en croit les informations du budget fédéral du pays récemment publié: la pièce d’un cent ne sera plus fabriquée.

«Compte tenu de sa faible valeur d’achat, certains Canadiens considèrent le cent plus comme un désagrément que comme une monnaie utile», affirme la déclaration accompagnant la publication du budget.

Le crédit, le débit et les transactions électroniques maintiendront les prix de vente exacts, mais les transactions en espèces arrondiront les prix se terminant de 3 à 5 cents, et ceux terminant de 2 à 0.

Alors que la Monnaie Royale Canadienne cessera la production du cent, les pièces garderont indéfiniment leur valeur et les commerçants pourront continuer à l’utiliser pour effectuer des paiements. Cependant, le gouvernement encourage les Canadiens à donner leur monnaie en guise d’aumône.

La fin de la production du cent est prévue pour l’automne de cette année.

La décision a entraîné peu de réactions au Canada, bien que le Sénat ait étudié la question en 2010 et entendu le témoignage selon lequel 10 à 15 personnes de l’Hôtel des Monnaies perdraient leur emploi. Les organismes de bienfaisance y perdront également, car les personnes qui faisaient librement des dons de quelques cents aux œuvres de charité pourraient être plus réticents à se séparer de leur petite monnaie.

Le Sénat a aussi entendu de nombreux arguments en faveur de l’abandon de la petite monnaie, dont le coût du transport des 2.200 tonnes de pièces produites chaque année par la Monnaie.

En 2007, la Monnaie a mené une étude concernant l’attitude des Canadiens devant l’abandon du cent et découvert que 33% d’entre eux y étaient opposés, principalement par crainte que les prix ne soient arrondis à la hausse.

Cette inquiétude s’est avérée infondée en Australie et en Nouvelle-Zélande où les pièces d’un cent ont été déjà abandonnées.

Diverses études au Canada ont depuis longtemps tourné en dérision le coût de la pièce de monnaie pour l'économie nationale, montrant des chiffres dans tous les domaines, depuis le coût des files d’attente pour échanger quelques pièces (20 millions à 25 millions de dollars par an) jusqu’au coût total pour l'économie (130 millions de dollars par an).

Une pétition en ligne lancée pour sauver la petite monnaie, n’a réuni que 25 signatures.

Son argument fallacieux pour sauver la petite monnaie suggère que la fin de l’utilisation de la pièce entraînera une augmentation de tous les achats de 5%.

Cependant, ce schéma est pratiquement impossible, étant donné que la plupart des transactions en espèces concernées le seront de 2 cents, ce qui signifie que seuls les achats d’exactement 98 cents augmenteront de 5%.

Curieusement, sur les signatures de la pétition, seules cinq proviennent de Canadiens. Les autres viennent de Pologne, d’Australie, des États-Unis, de Slovaquie et de Suisse.

Les États-Unis ont, au cours de la dernière décennie, présenté, à deux reprises des budgets visant à abandonner la monnaie, mais, aucun n’est passé.