Espagne: le prêt de 100 milliards d’euros n’a pas rassuré les marchés

Écrit par Lauren Smith, The Epoch Times
24.06.2012

  • Bankia, la quatrième banque espagnole en difficultés financières, a demandé une aide à l'État de 19 milliards d'euros le 25 mai 2012.(Stringer: Denis Doyle / 2012 Getty Images)

Le gouvernement espagnol a annoncé le 9 juin son intention de déposer une requête d’aide formelle aux États de la zone euro, afin de pouvoir recapitaliser son système bancaire. L’Eurogroupe s’est déjà engagé à répondre favorablement, mais son communiqué n’a pas  donné suffisamment de détails pour rassurer les investisseurs.

L’assistance devrait être sous forme d’un prêt d’un montant maximum de 100 milliards d’euros fourni par le Fonds européen de Stabilité (FESF) ou le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Ce prêt devrait être versé au fonds public de restructuration bancaire espagnol FROB qui à son tour injectera le capital dans les banques en difficultés. Le ministre d’Économie espagnol Luis de Guindos a confirmé que «le capital sera versé seulement à des institutions financières qui en ont besoin». Le gouvernement espagnol étant signataire de l’accord, le montant de prêt viendra gonfler la dette publique espagnole de l’ordre de 10% du PIB considérant le plafond de 100 milliards annoncé. Le Fonds monétaire international (FMI) ne serait pas associé au financement, mais devrait avoir une mission de mise en œuvre et de surveillance.

Le montant exact du prêt sera rendu public d’ici au 21 juin quand les résultats des audits indépendants du système bancaire seront connus. Selon des estimations du FMI, dans un scénario macroéconomique adverse, les banques espagnoles les plus fragiles qui ont perdu l’accès aux marchés pourraient avoir besoin d’une aide d’environ 37 milliards d’euros et l’ensemble du système bancaire espagnol nécessiterait 90 milliards d’euros. L’agence de notation Fitch avait avancé pour sa part les besoins de recapitalisation des banques espagnoles dans une fourchette de 60 à 100 milliards d’euros. 

D’après de nombreux analystes, le montant de 100 milliards d’euros est suffisant pour restructurer le système bancaire espagnol. «En prenant en compte nos hypothèses, y incluant le taux de 11% pour les pertes attendues sur des activités de prêts, nous avons calculé le besoin de recapitalisation public additionnel de 50 milliards d’euros», détaille l’étude de Barclays du 13 juin dernier. «Avec le taux de pertes en ligne avec la demande de recapitalisation de Bankia, nos estimations en besoins de capitaux augmentent à 70-80 milliards d’euros».

À ce stade, il reste une inconnue quant aux conditions de prêt: le taux d’intérêt, la durée et le traitement des créanciers privés suivant le mécanisme utilisé FESF ou MES, la mise en place des réformes structurelles du secteur financiers… Des propositions devront être finalisées  prochainement par la Commissions européenne.

Les incertitudes sur les modalités du plan de sauvetage ont affecté significativement la crédibilité du plan d’aide européen à l’Espagne. En plus, les dégradations de la note de l’Espagne par Fitch à BBB avec perspectives négatives et de Moody’s à Baa3, cette note étant en surveillance en vue d’un abaissement éventuel vers la catégorie «spéculative», ont entraîné une forte hausse des taux d’intérêt long espagnols touchant le niveau de 7% sur du dix ans, le niveau jamais atteint depuis le création de la zone euro.