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L'histoire chinoise selon l'Institut Confucius

Écrit par Matthew Robertson, The Epoch Times
26.06.2012
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  • Capture d'écran d'une vidéo retirée du site Internet de l'Institut Confucius(攝影: / 大紀元)

Propagande antiaméricaine dans le matériel pédagogique pour enfants

«Oups! Il serait peut-être mieux de la retirer celle-là.» Voilà probablement ce qui est passé dans la tête des gestionnaires du site Internet des Instituts Confucius lorsqu'ils ont supprimé une page au sujet de la «guerre pour résister à l'agression américaine et pour aider la Corée».

Cette représentation de la guerre de Corée, faisant partie d'une série de leçons d'histoire chinoise qui suit de près la ligne officielle du Parti communiste chinois, explique comment la Chine a «écrasé les ambitions agressives des impérialistes» et «augmenté le prestige international de la Chine» dans la guerre de Corée.

Cette page se trouvait dans la section «Enfants» du site web.

Agression américaine

La vidéo sur la page ajoutait que «Les États-Unis ont manipulé le Conseil de sécurité de l'ONU pour faire passer une résolution afin de mettre sur pied un commandement onusien composé essentiellement de troupes américaines dans le but d'augmenter l'agression contre la Corée.»

Ensuite, il était affirmé que les États-Unis ont «tenté de s'emparer de toute la péninsule».

«Ils ont aussi bombardé des villages chinois le long de la frontière sino-coréenne.»

Ce n'est qu'alors que les Chinois ont pris part au conflit, en tant que «volontaires», affirme la vidéo. Un président Mao déterminé apparaît alors avec des jumelles. «Le gouvernement chinois a pris la décision de résister aux États-Unis, d'aider la Corée et de protéger la mère patrie», poursuit la vidéo.

Les volontaires chinois ont ensuite repoussé les forces onusiennes sous le 38e parallèle, ont renversé la vapeur et ont «conquis un environnement pacifique de stabilité relative pour la construction de la nouvelle Chine», ajoute la vidéo.

Frank Cohee, secrétaire de la Korean War Veterans Association (Association des anciens combattants de la guerre de Corée), voit un problème dans cette interprétation de l'histoire. «Ce sont des absurdités», lance-t-il. «Ce n'est que de la propagande.»

M. Cohee a combattu durant la guerre de Corée en 1950 et 1951. «J'étais là quand les Chinois sont arrivés», raconte-t-il.

Ted Barker, un des fondateurs du Korean War Project, a écrit dans un courriel que «les propos sont ouvertement propagandistes et ne s'en tiennent pas aux faits établis, tels qu'ils ont été attestés par des milliers de participants dans cette horrible guerre».

Cette page du site web de l'Institut Confucius ne peut maintenant être accédée que par la mémoire-cache. Elle a été supprimée le 11 juin, soit le matin après que Christopher Hughes, professeur de la London School of Economics, a envoyé l'hyperlien par courriel à des collègues qui discutaient du matériel pédagogique de l'Institut Confucius.

Les Instituts Confucius se définissent comme des centres d'apprentissage de la langue chinoise intégrés dans des établissements d'enseignement supérieur partout dans le monde.

Ils tombent sous la supervision d'une organisation appelée «Hanban», dirigée par Liu Yandong, un membre du Politburo du Parti communiste chinois (PCC). Elle était auparavant à la tête du Département du Travail de Front uni, dont les tâches comprennent l’infiltration des cercles dissidents, la cooptation des élites et la dissémination de l'idéologie du régime. L'organisation sœur de l'Institut Confucius est la Classe Confucius, qui cible les étudiants des niveaux primaire et secondaire.

Les spécialistes de la Chine estiment que l'Institut et la Classe Confucius font partie de la stratégie de propagande outremer du PCC. Celle-ci s'est élargie ces dernières années, cherchant à développer une image positive de la Chine à l'étranger. Dans la réalisation de cette mission, le respect des faits historiques est de moindre importance.

Distorsion de l'histoire

La vidéo supprimée au sujet de la guerre de Corée fait partie d'une série qui décrit l'histoire chinoise en des termes qui ressemblent à la propagande officielle enseignée couramment dans les écoles en Chine, selon les spécialistes.

Terence Russell, professeur agrégé au Centre d'études asiatiques de l'Université du Manitoba, qualifie le matériel didactique «d'assez alarmant». Selon lui, ce n'est pas approprié pour les enfants, eux qui n'ont pas le sens critique développé pour discerner la propagande.

«De toute évidence, le matériel n'arrive même pas à atteindre le critère le plus simple de “neutralité”. Il est profondément imprégné de l'actuelle position de la RPC [République populaire de Chine] / PCC sur les questions abordées», affirme-t-il. «Le chauvinisme est assourdissant d'un bout à l'autre.»

M. Russell ajoute : «C'est comme inviter les talibans à venir au Canada pour enseigner à des écoliers du primaire l'histoire de l'agression impérialiste en Afghanistan. C'est à se demander comment les enfants pourraient être disposés à entendre parler d'agression impérialiste en premier lieu et, ensuite, ajoutez la perspective antioccidentale...»

La section du site «La Chine, une puissance mondiale dans les sports» commente le succès des Jeux de Pékin, «qui ont fait la promotion vigoureuse du développement des sports en Chine, qui ont démontré l’accroissement général de la force nationale chinoise et qui ont amélioré le statut de la Chine dans le monde».

La section sur «La fondation d'une nouvelle Chine» explique comment «la fondation de la RPC a marqué la fin d'une histoire de cent ans de société semi-coloniale, semi-féodale dans la vieille Chine, et a ouvert un nouveau chapitre de l'histoire de la Chine».

Les mouvements politiques subséquents, qui ont fait environ 80 millions de victimes, ne sont pas mentionnés.

June Teufel Dreyer, professeure à l'Université de Miami, a fourni une analyse détaillée de plusieurs des vidéos, en particulier celles sur la guerre de Corée, la guerre sino-japonaise de 1894-95 et sur la référence aux pirates japonais.

«Il y a des distorsions scandaleuses de ce qui s'est vraiment passé», écrit-elle, avant de décrire spécifiquement les divergences historiques dans le matériel et en fournissant des références à l'appui.

«En somme, ces vidéos cherchent à évoquer l'image d'une Chine irréprochable et héroïque qui combat vaillamment pour le bon et le vrai. Pour ce faire, l'histoire est gravement tordue», conclut-elle.

Dans la salle de classe

Il n'est pas clair si le matériel disponible sur le site web est enseigné dans les salles de classe du Canada ou d'ailleurs.

Des anecdotes sur le site de Hanban se réfèrent à «partager les ressources pédagogiques [en ligne]» avec les enseignants bénévoles des Instituts Confucius.

Un article publié sur le site de l'Institut Confucius présentant l'Université en ligne affirme que «L'Institut Confucius en ligne est une bonne plateforme éducative. Avec ses nombreuses ressources pédagogiques et sa méthode d'enseignement intéressante, il est très utile pour aider les étudiants à apprendre le chinois durant leurs temps libres. Ainsi, les enseignants de l'Université College Dublin n'ont épargné aucun effort pour présenter aux étudiants l'Institut Confucius en ligne dans les classes des écoles secondaires et des universités.»

Li Xiaodong, un enseignant à l'Institut Confucius de l'Université College Dublin en Irlande, n'a pas répondu à un appel ni à un courriel pour savoir comment le matériel en ligne est intégré dans les salles de classe.

Selon Chris Livaccari, directeur de l'éducation et des initiatives en langue chinoise à Asia Society, autant qu'il sache, le réseau d'environ cent Classes Confucius de son organisation aux États-Unis ne comprend pas de matériel de l'Institut Confucius en ligne de quelque manière structurée que ce soit.

Les écoles travaillent avec Hanban, mais «le programme est établi par chaque enseignant et chaque école», affirme-t-il en entrevue téléphonique. M. Livaccari n'a pas commenté sur le contenu du matériel pédagogique.

Propagande prémoderne

L'interprétation faussée de l'histoire présentée sur le site Internet ne concerne pas seulement l'histoire moderne de la Chine, selon Terrence Russell. L'histoire prémoderne présentée est également particulièrement calculée, indique-t-il dans un courriel. Le bât blesse autant en matière d'exactitude historique que de «manipulation idéologique».

Une des vidéos qu'il considère comme problématique est intitulée «Ancêtres de la nation chinoise». L'histoire raconte comment l'empereur Jaune et l'empereur Yan ont vaincu un peuple barbare dans la vallée du fleuve Jaune, établissant la fondation de la nation chinoise.

M. Russell n'avait jamais entendu parler de cette histoire et soupçonne que «les gens de l'Institut l'ont simplement inventée en se basant sur d'autres mythes». Il écrit : «C'est une histoire avec des ancêtres clairement identifiables qui ont vaincu des barbares pour fonder une culture civilisée dans la vallée du fleuve Jaune».

«Cela soutient le discours nationaliste du PCC selon lequel il y a une seule source à la civilisation chinoise dans le fleuve Jaune, et cela suggère également que les ethnies non Han sont des ennemis pouvant être vaincus si les Hua-Xia travaillent ensemble. On peut ensuite transposer cette interprétation dans le monde moderne.»

Une représentation encore plus troublante est donnée dans la vidéo au sujet de Zhu Yuanzhang, le fondateur controversé de la dynastie Ming. «Zhu était en fait un être très complexe, mais la vidéo le rend responsable d'avoir jeté les bases d'une forte gouvernance dynastique en centralisant le pouvoir dans ses propres mains et en établissant une agence d'espionnage secrète (!)», écrit M. Russell.

Il ajoute : «Le message est clair : l'autocratie et les réseaux d'espionnage sont bien justifiés.»

Version anglaise : Chinese History According to the Confucius Institute

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.