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Ex-Allemagne de l'Est: le bien-être en mode rattrapage

Écrit par Christian Watjen, The Epoch Times
27.06.2012
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  • un parc dans ce qui était autrefois Berlin-Est, où un pan du mur de Berlin a été conservé(攝影: / 大紀元)

BERLIN – Alice von Samson-Himmelstjerna avait 13 ans lorsque le mur de Berlin est tombé en novembre 1989.

Elle se rappelle comment la rue où elle habitait dans Berlin-Est terminait abruptement au mur «comme s'il y avait un abysse». Le mur de béton de 3,6 m de haut a divisé Berlin pendant près de trois décennies, plus de 130 personnes sont mortes en tentant de le franchir.

La moitié de ses camarades de classe ne sont pas allés à l'école le jour après que l'Allemagne de l'Est a ouvert la frontière, ayant «mieux à faire». Tandis que les citoyens de Berlin-Est traversaient à l'ouest avec joie et stupéfaction, le monde témoignait d'un moment crucial dans la chute du communisme en Europe.

La famille chauffait la maison au charbon et il n'y avait pas d'eau courante vers la fin des années 1980. Le district de Mitte abritait principalement des familles d'ouvriers. Alice von Samson-Himmelstjerna se souvient d'un quartier terne avec des immeubles décrépits et des enfants partout.

Le processus qui a mené à la réunification, en octobre 1990, est communément appelé Wende par les Allemands, soit le «point tournant». Pour beaucoup, particulièrement ceux qui habitaient dans le bloc communiste, les choses ont en effet bien changé.

L'Allemagne de l'Est actuelle

Aujourd'hui, Mitte a été transformé en centre moderne de la capitale allemande, où les nouveaux édifices et les projets de rénovation abondent. Les attractions, comme la porte de Brandebourg qui se trouvait sur la «piste de la mort», sont maintenant des lieux hautement touristiques.

En conséquence, les prix des loyers à Mitte ont augmenté et changé considérablement la démographie du quartier. «Il n'y a plus de gens âgés qui vivent ici», remarque Alice von Samson-Himmelstjerna.

Elle dit ne plus reconnaître son ancien quartier et n'a plus de contact avec ses camarades de classe ou amis de l'époque. «Le résultat de la Wende […] c'est la perte totale du passé.» Elle aimerait avoir davantage l'occasion de partager au sujet de cette époque.

Dans le processus de restructuration de l'économie socialiste gravement improductive, le chômage a monté en flèche dans le soi-disant nouveau Land, formé de six nouveaux États. À certains endroits, le taux de chômage était de 21 % jusqu'en 1999. En conséquence, le désenchantement a remplacé l'euphorie des premiers temps.

De plus, les salaires étaient beaucoup plus bas à l'Est, et le système de soins de santé avait besoin de temps pour rattraper l'Ouest.

Johannes Vatter, professeur adjoint d'économie à l'Université de Fribourg, a complété une étude récemment qui se penche sur l'indice de bonheur en Allemagne de 1991 à nos jours et sur comment le bonheur est relié aux conditions économiques.

Il a utilisé un indice de bonheur basé sur un sondage appelé l'«autoévaluation du bien-être», ayant une échelle de 1 à 10.

En raison des conditions économiques moroses, il n'est pas surprenant qu'il y ait eu un grand fossé entre l'Est et l'Ouest en matière de bien-être après la Wende. En 1991, les Allemands de l'Ouest se donnaient en moyenne 7,3 et ceux de l'Est 6,0. En guise d'exemple, une personne mise à pied perd en moyenne 0,4 point en bien-être.

Toutefois, depuis 2004, lorsque le marché du travail a commencé à reprendre, il s'est développé une tendance à la convergence, autant du côté économique que de celui du bien-être.

Le chômage dans le nouveau Land de l'Est est tombé le mois dernier à 8,5 %, soit un record. Néanmoins, c'est toujours beaucoup plus élevé que la moyenne de 5,7 % dans le vieux Land. L'État oriental de Mecklenburg-Vorpommern, sur la mer Baltique, qui est aux prises avec une population en déclin et un taux de chômage de 11,7 %, n'a rien à voir avec la Bavière, force motrice de l'économie avec des compagnies comme Siemens et BMW, et un taux de chômage de 3,5 %.

La baisse du taux de chômage, l'augmentation des salaires et la migration intérieure ont grandement contribué à réduire l'écart en matière de bien-être, explique M. Vatter. En conséquence, en 2011, la différence entre l'Est et l'Ouest était de moins de 0,3 point, soit le plus petit écart depuis 1991.

Néanmoins, M. Vatter indique qu'il y a encore des causes non identifiées pour expliquer l'écart.

Selon lui, une explication possible est l'existence de ce qu'il appelle «l'écho du système». Il s'agit d'une empreinte culturelle laissée par des décennies de règne communiste qui affecte particulièrement les générations nées avant 1965.

«Ces générations qui ont non seulement grandi dans la République démocratique allemande [Allemagne de l'Est], mais qui ont aussi passé une bonne partie de leur vie à travailler sous le régime communiste, sont vraiment dans une moins bonne situation», explique M. Vatter.

Selon lui, il pourrait aussi y avoir un lien avec «la colère d'avoir perdu de nombreuses années à vivre sans liberté, ou d'éprouver encore du ressentiment quant à l'échec du socialisme». Il n'a pas été facile pour cette génération de s'adapter à l'économie de marché et au marché du travail.

Alice von Samson-Himmelstjerna mentionne que, pour sa génération, il a été relativement plus facile de s'adapter au nouveau système. Elle a pu aller à l'université et se faire plusieurs amis qui venaient de l'Ouest. Si le mur n'était pas tombé, elle dit être certaine qu'elle n'aurait pas pu obtenir un diplôme, car l'éducation et la carrière d'un individu dépendaient grandement des liens des parents avec le Parti communiste.

Pour les plus vieilles générations, ce fut une autre histoire. Peu après la réunification, son père et sa tante ont été mis à pied et ils sont sans emploi depuis.

«Le problème est que ceux qui avaient entre 40 et 50 ans en 1989 […] ont été écartés du marché du travail», indique Samson-Himmelstjerna.

Bien que sa tante ait fait des études supérieures et qu'elle souhaitait poursuivre sa carrière d'ethnologue, elle a perdu la chance de «faire ses preuves».

Les personnes plus âgées ont eu beaucoup de peine à se faire des amis avec les gens de l'Ouest. Bien qu'elles acceptent le nouveau système démocratique, certaines se plaignent que l'Allemagne de l'Ouest n'a jamais démontré reconnaissance ou appréciation pour leur contribution.

«À long terme, ça ruine votre santé d’être obligé de vivre en marge de la société», remarque Samson-Himmelstjerna. Cela affecte sans aucun doute le sentiment de bien-être.

Version anglaise : Well-Being in Former East Germany Slowly Catching Up

 

 

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