La conception du nouveau CHUM

Écrit par Nathalie Dieul, The Epoch Times
11.07.2012

  • Phase un : le centre de recherche composé de deux bâtiments, sur la gauche, entre Saint-Antoine et Viger. Phase deux  : un hôpital complet. Phase trois  : les bâtiments adjacents composés de l’amphithéâtre et de l’édifice de droite. (Nouveau CHUM)

Concevoir un immense complexe hospitalo-universitaire de calibre international en plein cœur de la ville de Montréal constitue un défi de taille qui va changer le visage du quartier de la santé, un quartier en pleine évolution. Les architectes et concepteurs ont dû composer avec plusieurs contraintes pour mettre au point le projet dont la réalisation a commencé en février 2011.

Le complexe comprend trois phases  : un Centre de recherche (CRCHUM) et un Centre d’enseignement et de formation (CIEF) dont la construction avance rapidement et qui seront complétés d’ici septembre 2013 (phase un), un hôpital complet en 2016 (phase deux) et les bâtiments adjacents prévus pour 2019 (phase trois). Le Centre de recherche vise une certification LEED argent, alors que le nouveau CHUM essaiera d’obtenir la certification LEED or.

Les contraintes du site du centre de recherche

Les concepteurs du projet ont dû travailler avec le site proposé par le CHUM et le gouvernement. «Ce n’était pas un site où il était évident d’implanter un bâtiment d’une telle complexité et avec autant de surface», dit Joël Rochon, qui représente le Consortium Pomerleau-Verreault S.E.N.C, groupe responsable de la conception et de la construction du centre de recherche.

Les contraintes de site comprenaient l’autoroute Ville-Marie «qui passe littéralement à travers notre bâtiment, a continué M. Rochon, ainsi que la station de métro Champ-de-Mars qui est presque à la surface du sol. En effet, le centre de recherche comporte plusieurs niveaux de sous-sol.

La stratégie adoptée a donc été d’implanter des bâtiments de part et d’autre de l’autoroute, tout en y ajoutant une passerelle qui surplombe celle-ci, sans induire aucune charge sur les infrastructures.

«Le bâtiment se trouve à effectuer une passerelle au-dessus de l’autoroute et c’est, pour des architectes, une très belle occasion de faire un pont entre le sud du Quartier Latin et le Vieux-Montréal», explique Jean-Pierre Letourneux, architecte responsable de l’architecture pour le bâtiment du centre de recherche. L’autoroute Ville-Marie, dont la construction a commencé en 1972, a en effet laissé une cicatrice importante dans la ville en séparant différents quartiers.

Les premiers gestes

Les architectes avaient le droit de construire des bâtiments d’une hauteur allant jusqu’à 85 m de haut. Pourtant, un des premiers gestes posés par les architectes a été de «répartir la densité du bâtiment autrement de manière à créer une meilleure transition avec le quartier, à la fois avec les bâtiments environnants du côté du Vieux-Montréal», plus bas, et ceux du futur CHUM, des édifices plus élevés, continue M. Letourneux.

Les concepteurs ont ensuite décidé de dégager l’emprise de l’autoroute pour concentrer le bâtiment sur l’avenue Saint-Antoine et sur l’avenue Viger avant de fragmenter la volumétrie parce qu’il s’agit d’un gros édifice. Ils ont donc découpé les façades pour que cela puisse mieux s’intégrer dans la ville.

Ils ont également décidé de concentrer l’espace de camionnage dans la cour intérieure où il ne leur aurait pas été autorisé de construire, de manière à ce que l’ensemble des manœuvres se fasse à l’intérieur. Cela minimisera l’impact sur le trafic et la circulation des rues avoisinantes déjà très achalandées.

Les lignes directrices   

L’équipe de construction du CHUM a commencé son travail par définir des lignes directrices qui influencent chacune de ses décisions.

Azad Chichmanian, architecte membre de l’équipe de conception pour le CHUM, représente le collectif Santé Montréal qui a pour mission de financer, de concevoir, de construire et d’entretenir le nouveau CHUM. Il souligne qu’ils ont d’abord priorisé le patient en le mettant au centre de leurs préoccupations. Ensuite, le défi était de trouver une manière de résoudre la question de l’échelle avec un bâtiment si grand,  en cherchant comment l’intégrer dans la ville.

Enfin, il fallait «concrétiser la fusion des trois grands hôpitaux tout en respectant le contexte urbain montréalais», a-t-il précisé. Les trois hôpitaux fusionnés sont l’Hôpital Saint-Luc, l’Hôtel-Dieu et l’Hôpital Notre-Dame.

Jouer avec les lignes de phasage

Un aussi gros projet devait bien entendu être réalisé en plusieurs phases. Les directives du CHUM stipulaient que l’Hôpital Saint-Luc devait rester opérationnel pendant les travaux de la phase un. Le CHUM a donc pensé qu’il pourrait avoir à peu près la moitié des fonctions hospitalières dans la phase deux et l’autre moitié lorsque la phase trois serait réalisée.

Les architectes ont cependant réussi le tour de force de prévoir offrir 85 % des fonctions du nouvel hôpital dès la phase deux au lieu de 50 %, en déplaçant la ligne de phasage initialement prévue.

«On a regroupé toutes les chambres des patients, toutes les fonctions des diagnostics et les fonctions thérapeutiques, et on a créé un vrai centre ambulatoire. On a pu sortir une bonne partie des bureaux qui étaient intégrés un peu partout et on a pu les mettre ensemble dans un bâtiment dédié et plus fonctionnel comme tour de bureaux.  En tout, cela a créé un bâtiment beaucoup plus compact, beaucoup plus fonctionnel», dit M. Chichmanian.

Le nouvel hôpital sera donc opérationnel, avec tous ses services, dès 2016, ce qui signifie plusieurs années avant la date prévue au début du projet. À ce moment-là, l’Hôpital Saint-Luc sera détruit et les derniers édifices du projet, ceux des bâtiments adjacents, seront construits en phase trois.

Un amphithéâtre

Les cinq bâtiments du nouveau CHUM sont reliés par l’amphithéâtre à la forme caractéristique situé au cœur de l’ensemble. L’architecte Azad Chichmanian ajoute  : «Il devient un élément organisateur, un point de repère. Il est toujours présent lorsqu’on circule à l’intérieur du bâtiment. On voit toujours l’amphithéâtre pour promouvoir une orientation beaucoup plus intuitive. On se perd beaucoup moins facilement dans l’hôpital. C’est le contraire de plusieurs hôpitaux.»

En effet, les bâtiments seront très vitrés, laissant la lumière naturelle pénétrer. En sortant des ascenseurs, peu importe à quel endroit du nouveau CHUM on se trouvera, on aura toujours une vue sur le centre-ville avec l’amphithéâtre. Les édifices sont aussi conçus pour permettre à la lumière naturelle d’éclairer les bâtiments historiques situés de l’autre côté de la rue.

Un autre élément historique va s’intégrer dans le projet puisqu’il s’agissait d’un des critères demandés par le CHUM. Il s’agit du clocher de l’église Saint-Sauveur qui a été démantelé pour être reconstitué à l’identique.

Le nouveau CHUM en quelques chiffres 

Surface de 268 000 m2

Assez de béton pour remplir 60 piscines olympiques

12 500 salles différentes

772 chambres uniques pour les patients

443 salles d’examen

39 salles d’opération

Presque 12 000 portes différentes

20 000 pièces d’équipement

Le centre de recherche en quelques chiffres

Surface de 68 000 m2 (équivalent à 13 terrains de football)

4000 tonnes d’acier (environ 1000 km de barres d’acier)

Un bâtiment de 15 étages (l’aile Viger) et un bâtiment de 6 étages (l’aile Saint-Antoine) reliés par une passerelle

5000 usagers

Une garderie de 80 places

Un amphithéâtre de 184 places

Pour plus d’informations, visitez le  : www.nouveauchum.com ou téléphonez au 514 890-8000, poste 8080