Suède – modernisation du droit de flâner

Écrit par Barbro Plogander, Epoch Times
10.08.2012
  • Deux tentes près d’un lac de Gu00f6teborg, en Suède. Deux papas ont pris leurs filles respectives pour faire du camping, c’est le moment de la baignade. Le camping pour de courtes périodes de temps est autorisé partout excepté sur les terres cultivées, dans des jardins privés, ou près des habitations. (Barbro Plogander/Epoch Times)

GÖTEBORG, Suède – En Suède le principe du «droit pour tous les hommes» – un droit qui donne au public la possibilité d’avoir accès à la nature sauvage remonte à plusieurs siècles et persiste aujourd’hui comme un symbole fort de l’identité nationale. Ayant désormais intégré une loi codifiée, ce droit est en train d’être modernisé. Ce droit, appelé parfois le droit de flâner, signifie que toute personne a le droit de se déplacer librement dans la nature, peu importe si c’est un terrain public ou privé. Ainsi il est possible d’utiliser les terres d’autrui pour la randonnée, le canoë-kayak, le camping de jour, ou la cueillette de baies sauvage, à la condition de ne pas perturber ou détruire quoi que ce soit.

«Pour que cela fonctionne, toute personne sur le terrain d’autrui doit être capable de lire le paysage», a déclaré Nils Hallberg, avocat spécialisé dans le domaine de l’environnement pour l’Agence Suédoise de Protection de l’Environnement (EPA).

«Vous devez être en mesure de réaliser: ‘Oh c’est un champ planté, je ne peux pas marcher ici’ où ‘c’est la maison de quelqu’un là-bas, je ne devrais pas m’approcher, je pourrais déranger».

Cette tradition, qui existe sous plusieurs formes dans les pays d’Europe du Nord a commencé à être mise en pratique voilà bien des siècles. Aujourd’hui cela existe encore dans sa forme la plus pure en Suède, en Finlande et en Norvège.

En Suède cette tradition a dû surmonter quelques pièges avec l’arrivée des temps modernes. Du fait que chacun peut récolter les bienfaits de la forêt, certains n’hésitent pas à en faire commerce et la croissance de la cueillette de fruits sauvages est un exemple des problèmes rencontrés par l’EPA.

Cette année, tout à coup, 500 personnes en provenance de Bulgarie sont venues cueillir des myrtilles au fin fond de la forêt suédoise, hors seulement 35 avait été prévues. Et l’année ayant été particulièrement faible en myrtilles, les cueilleurs, engagés par des contrebandiers, n’avaient aucune chance de faire de l’argent. La question de la traite est soumise à une autre législation, mais elle pose un problème en termes de droit, selon Hallberg, notamment le «droit de tous les hommes».

«Localement, vous pouvez avoir des problèmes s’il y a des grands groupes de personnes, même si chaque individu reste dans les limites de ce qui est accepté. La tension subie par l’environnement local est tout simplement trop grande. La détérioration va au-delà de ce qui est accepté dans le droit pour tous les hommes».

En tant que concept juridique ce droit remonte à la moitié du vingtième siècle. La constitution suédoise proclame que tout le monde doit avoir le droit de pouvoir accéder à la nature sauvage, indépendamment des protections de la propriété privée, aussi accordées par la constitution.

«Dans aucune loi ne sont réellement spécifiées des limites à ce ‘droit pour tous’. Dans l’idée c’est l’évolution de la société et la manière dont le monde se transformera qui doit guider la manière dont le principe ‘du droit pour tous les hommes’ sera interprété», déclare l’avocat.

Hallberg souligne que les activités en plein air se sont considérablement modifiées au fil du temps. Surtout au regard du développement technique en matière de matériel sportif et des nouveaux sports apparus, à l’origine d’une nouvelle forme d’interaction entre les gens et la nature par rapport à celle d’il y a 50 ou 60 ans.

«Comparez un vélo de 1942 avec un vélo de montagne de 2012, le développement technique est énorme. Aujourd’hui, vous pouvez vous déplacer dans le désert et atteindre des endroits qui étaient auparavant inaccessibles avec les anciennes bicyclettes», dit-il.

Depuis que le monde évolue au fil du temps, une révision complète du «droit pour tous les hommes» est actuellement traitée par l’EPA, et cela prendra encore quelques années avant d’être terminé.

«Ce droit est en fait basé sur le monde tel qu’il était dans les années 30. De ce fait il est nécessaire de mettre à jour l’interprétation de sa pratique courante qui doit rester contemporaine», a-t-il rajouté.

Actuellement, du fait de quelques cas d’abus, ce droit de flâner est l’un de ceux que les Suédois n’osent pas tenir pour acquis.

Jan Brun et Lars Bohlin, campant avec leurs cinq filles près d’un lac dans l’ouest de la Suède, avouent être contents de voir cette tradition persister.

«Même ceux qui vivent dans ce pays doivent réaliser à quel point ce droit est exceptionnel», a déclaré M. Bohlin.

 

Version anglaise : Modernizing Everyman’s Right to Roam in Sweden