Marchés financiers à la hausse malgré de mauvais indicateurs économiques

Écrit par Valentin Schmid, Epoch Times
16.08.2012
  • Un employé travaille sur la Nouvelle Classe A à l’usine Mercedes de Rastatt, en Allemagne, le 16 juillet. Les chiffres allemands de production industrielle publiés la semaine dernière sont en dessous des attentes, renforçant les doutes concernant la santé actuelle de la zone euro. (Thomas Niedermueller/GettyImages)

La semaine dernière, comme il n’y avait pas de réunion de la Banque Centrale ni d’autre réunion importante, les marchés ont connu un apaisement et la zone euro était encore calme. Les chiffres décevants récemment tombés, confirmant le malaise existant dans les pays en difficulté, ont changé la donne. La production industrielle espagnole a encore chuté de 0,1% de plus que prévu, cumulant ainsi 6,3% de chute sur l’année. L’estimation du déficit a également été revue à la hausse, passant de 3,5% à 4,5% du PIB en 2012.

L’Italie enregistre également un recul de 1,05% de sa production industrielle par rapport à juillet. Selon Goldman Sachs, ces chiffres ne sont pas de bon augure, alors que l’Italie travaille à réduire son déficit budgétaire. «La dynamique de récession est susceptible de fragiliser mécaniquement les recettes fiscales de cette année, créant ainsi des obstacles à l’assainissement des finances publiques en cours... Nous croyons que l’économie nationale – en particulier le secteur privé et l’investissement – pourraient faire face à de puissants vents contraires (ajustements fiscaux, conditions financières) qui pourraient interférer avec la dynamique de croissance de façon plus importante que prévue».

Les données concernant l’Allemagne et les Pays-Bas sont également faibles, mais le marché se relève

Ce qui est plus inquiétant, c’est que l’Allemagne commence également à faiblir, au point de remettre en question son soutien à la périphérie de la zone euro au moyen de transferts de paiements. Selon des chiffres récents, la production industrielle a reculé de 0,9% en juin, alors que le gouvernement tablait sur une baisse de 0,8%. Ces mauvais résultats contrastent avec le résultat de mai qui était alors de 1,7%.

Les carnets de commandes des usines allemandes sont passés de 0,7% à -1,7% en juin. La production industrielle des Pays-Bas fait également face à des chiffres revus à la baisse, atteignant -0,6%, alors que les économistes s’attendaient à une hausse.

Les marchés financiers n’ont pas été impressionnés par cette série de mauvaises nouvelles, bien que l’euro ait perdu 0,1% pour clôturer à 1,23$ vendredi dernier à New York.

Compte tenu de ce contexte défavorable, et en l’absence de flux de nouvelles positives comme d’engagements fermes des banques centrales, la hausse des marchés boursiers a été alimentée par l’espoir d’un nouvel élan.

Un autre aspect est que les volumes sont faibles les mois d’été, et parfois même un léger sentiment peut pousser les prix à évoluer de façon spectaculaire. Enfin, les investisseurs n’ont de cesse de souligner que le marché boursier agit suivant un mécanisme d’actualisation, émettant des projections jusqu’à neuf mois dans le futur, ce qui pourrait indiquer que le pire est passé et que les temps à venir seront plus positifs.

Les commentateurs de marchés de premier plan ne voient pas de raison de s’inquiéter

Le président de la PIMCO, Bill Gross, a commenté dans une interview accordée au Financial Times: «Même [le président français] M. Hollande, appartenant au courant socialiste, reconnaît que le secteur privé est essentiel pour la croissance future dans l’Union européenne. Il sait que, sans son partenariat, un financement uniquement par les banques contrôlées par l’État et les banques centrales conduira inévitablement à de fortes dettes au PIB, aux déclassements de services de notation et à un cercle vicieux entraînant la chute vers la récession».

Les dirigeants du plus grand fonds mondial d’obligations pensent qu’en fin de compte l’objectif réel des dirigeants européens dans leurs tentatives de secours est d’assurer le financement du secteur privé, pour épauler les gouvernements en difficulté. Dans la même interview, Bill Gross note toutefois que ces efforts ne sont pas très fructueux et que la réticence du secteur privé à investir dans les pays qui luttent pourrait forcer la Banque Centrale Européenne à s’engager dans ce type de «financement unilatéral».

L’économiste en chef de la banque américaine Citigroup, Willem Buiter, partage un point de vue similaire sur la plateforme Velocity. Selon lui, «la zone euro continue de cafouiller et de trébucher sur une éventuelle solution à sa crise. Il y a toujours le risque d’une catastrophe si l’union monétaire allait vers sa désintégration, mais ce risque n’est pas à l’ordre du jour».

Version anglaise: European Market Insight: EU Markets Rally in Defiance of Poor Economic Data