Inondations à Pékin

Les témoignages sur l’inondation sont censurés et remplacés par l’histoire sur la mort de 5 fonctionnaires du régime

Écrit par Xiong Bin & Ding Ning, NTD
03.08.2012
  • De nombreux véhicules sont submergés par l’inondation du 21 juillet dans un quartier résidentiel à Pékin. Le reportage détaillé du Southern Weekly sur les inondations à Pékin est censuré. (Photo Archive de Epoch Times)

Le reportage détaillé sur l’inondation à Pékin du Southern Weekly, un journal chinois basé à Guangzhou et connu pour ses reportages audacieux, est censuré.

Le journaliste Zhang Yuqun du Southern Weekly a révélé sur son blog de Sina Weibo que sept de ses collègues ont parcouru près de 2000 km pour interviewer les proches de 24 victimes des inondations à Pékin. Selon Zhang, ils ont écrit un récit de huit pages, mais les censeurs du gouvernement l’ont tronqué. Le message du blog de Zhang a été ensuite retiré.

Un blog du Southern Weekly diffusé sur Weibo disait: «Englouti sous l’eau et prisonnier des courants, il a frappé contre la vitre de la voiture avec ses mains et sa tête. Finalement, son épouse tenant dans ses mains un marteau inutile, l’a regardé se noyer. C’est Ding Zhijian, l’une des victimes de l’inondation de Pékin. Son histoire se trouve dans les reportages qui n’ont pas été publiés».

Un employé du Southern Weekly, au siège à Guangzhou, a confirmé la censure, à la télévision New Tang Dynasty (NTD) en disant: «C’est vrai! Parce qu’ils ont modifié la version».

 

Un rédacteur du Southern Weekly a dit que le nom des 24 victimes a été marqué avec une grande croix rouge et remplacé par le nom de cinq fonctionnaires morts en service, comme l’a rapporté Radio France Internationale (RFI) le 26 juillet. RFI a également signalé que Gao Yu, l’ancien rédacteur en chef du Business Weekly Magazine, a déclaré: «Les vies qui se sont éteintes dans cette nuit d’orage et les lamentations de leurs familles ont été effacées en même temps que la mission et la foi des journalistes et intellectuels chinois».

Gong Xiaoyue, rédacteur en chef du journal Xiaoxiang Morning Herald, a publié sur Weibo: «Aux types importants à Pékin et à ceux dans le sud qui leurs lèchent les bottes, n’avez-vous pas honte? Pourquoi sommes-nous si facilement menés par le bout du nez par les autorités?».

RFI a signalé que le département central de propagande du PCC a ordonné que les reportages  critiques et les commentaires sur l’inondation de Pékin soient réduits et qu’il fallait plutôt se concentrer sur des reportages positifs».

Le premier rapport des autorités de Pékin mentionnait 37 morts suite aux inondations. Le 26 juillet, les autorités ont augmenté le chiffre officiel à 77 morts. Cependant, les résidents de Pékin ont publié en ligne que le nombre de morts dépassait 1000 personnes. Les blogueurs ont téléchargé des vidéos et des photos comme preuves. Les autorités du régime effaçaient continuellement les messages en ligne.

Selon Sound of Hope, Radio Network (SOH), un journaliste nommé Tan Weishan qui travaille pour le Southern Metropolis Daily, une filiale du Southern Weekly, a téléchargé une vidéo d’une interview réalisée par ses collègues de Sina Weibo. Dans la vidéo, un résident du canton de Shidu, ayant lui-même subi des dommages importants par l’inondation, a dit qu’il était en service au réservoir de Zijinguan dans la nuit du 21 juillet et qu’il a vu le réservoir   libérer les eaux de la crue. La vidéo a été rapidement retirée de Sina Weibo.

Selon SOH «Le reportage de huit pages du Southern Weekly sur l’inondation a été censuré parce que les autorités veulent cacher le nombre de morts ainsi que l’écoulement de l’eau du réservoir».

Le commentateur chinois, Chen Pokong basé aux Etats-Unis, a confié à SOH que l’inondation expose la corruption dans la construction à Pékin. Il a dit que des pluies torrentielles avaient paralysé la ville le 10 juillet 2004, et que huit ans plus tard, le système d’égouts souterrain de Pékin est toujours en chantier. Les autorités municipales ont cependant dépensé des dizaines de milliards pour la construction du projet olympique, d’aéroports et de métros. Cependant, la corruption sévit dans de nombreux projets de construction, en particulier ceux qui sont souterrains, a dit Chen.

Il a dit que la pluie torrentielle montre que la capitale de la Chine était mal préparée pour affronter les éléments malgré de grands investissements dans les infrastructures. Il  précise que Pékin a trop de bâtiments de  «tofu», un terme pour ridiculiser les projets de construction utilisant des matériaux de qualité inférieure, en raison de la corruption, et qui se dégradent facilement lors de catastrophes naturelles. «L’ensemble de la Chine moderne est rempli de bâtiments de ‘tofu’. L’arrogant  régime de ‘nouveau riche’ est aussi un bâtiment de tofu», a expliqué Chen.

Version anglaise: Censors Block Eyewitness Accounts of Beijing Flood