Epoch Times piraté pour des reportages qui font peur au Parti

Écrit par Cheng Jing et Luo Ya, Epoch Times
30.08.2012
  • Wang Lijun, l’ancien chef du bureau de la sécurité publique de Chongqing en mars 2011. (Feng Li/Getty Images)

Le site Internet chinois d’Epoch Times a été attaqué à plusieurs reprises au cours de la semaine dernière par des pirates basés en Chine, selon les employés techniques de la compagnie. La raison de ces attaques semble être ses reportages sur les méfaits cachés de Bo Xilai et de sa femme Gu Kailai, qui a été récemment condamnée à la peine de mort avec sursis pour un meurtre.

Les reportages du journal au cours des dernières semaines remettent en question le récit bien préparé du régime chinois présenté lors du récent procès, selon lequel Gu a tué seulement un homme d’affaire britannique, Neil Heywood. Selon les sources citées par le journal, Gu et Bo Xilai ont participé aux prélèvements d’organes sur des prisonniers de conscience de Falun Gong, ainsi qu’à la vente de cadavres, de pratiquants de Falun Gong exécutés, à des usines de plastination situées principalement à Dalian, où Bo a été maire entre 1993 et 2001.

«Nous avons divergé l’attention des gens des détails en surface de ce procès et parlons du passé sombre de Gu et de Bo», explique Zhang Tianliang, chroniqueur d’Epoch Times et commentateur de la politique chinoise.

«Le Parti communiste n’a aucune légitimité, alors quand nous faisons des reportages sur les affaires internes de cette organisation mafieuse, c’est grave pour eux», a-t-il expliqué. «Epoch Times rapporte la vérité concernant les actions du PCC dans les coulisses et c’est très effrayant pour eux».

M. Xiong, un membre de l’équipe technique d’Epoch Times, a constaté que ces attaques se sont produites quotidiennement depuis environ le 20 août, date à laquelle le verdict de Gu a été prononcé. Il a dit qu’une partie des adresses IP (Protocole Internet) des pirates étaient en Chine. Les attaques ont augmenté en fréquence et en ampleur depuis lors, a-t-il déclaré au cours d’un entretien téléphonique. Epoch Times a pour politique permanente de protéger l’identité de son personnel technique qui a été la cible d’agents du régime chinois dans le passé, même si ces gens se trouvent aux Etats-Unis.

Peter Yuan Li, l’ancien directeur technique du journal, a été attaqué en 2006 par des inconnus à son domicile à Atlanta. Trois Chinois armés ont pénétré par effraction dans sa maison, l’on ligoté dans une couverture et l’on frappé à plusieurs reprises à la tempe avec un objet métallique avant de voler ses ordinateurs portables en laissant tous les autres objets de valeur.

Un reportage inopportun

Depuis que Wang Lijun, l’ancien bras droit de Bo Xilai, a fui le 6 février au consulat américain à Chengdu dans la province du Sichuan au sud-ouest de la Chine, le régime a dû faire face à une série d’évènements très sensibles: la purge de Wang Lijun, la destitution de Bo Xilai de ses postes au sein du Parti et sa mise sous enquête , la destitution du pouvoir de Zhou Yongkang, chef de la sécurité intérieure, la reconfiguration de la direction des forces de la sécurité et le procès de Gu Kailai.

Epoch Times a fait des reportages sur ces évènements et sur ce qui se trouve derrière: comment la tentative de défection de Wang a mis au grand jour une bataille pour le contrôle du Parti et les crimes qui ont rendu cette bataille nécessaire.

Epoch Times et le site Internet dissident Boxun ont rapporté que Wang a dévoilé au personnel du consulat américain les plans de Bo Xilai et de Zhou Yongkang pour fomenter un coup d’État après  que Xi Jinping soit devenu chef du PCC. Bill Gertz du Washington Free Beacon a souligné que les renseignements donnés aux Etats-Unis par Wang ont confirmé les déclarations de certains responsables américains selon lesquelles les purs et durs des nationalistes chinois étaient en quête du pouvoir.

Epoch Times a également informé que la conspiration de Bo et Zhou était une tentative désespérée pour ne pas être tenus responsable des crimes qu’ils avaient commis dans la persécution du groupe spirituel du Falun Gong.

Les prélèvements d’organes forcés sur des personnes vivantes étaient le plus grave de ces crimes. Wang était personnellement responsable du prélèvement d’organes sur des milliers de personnes et on pense qu’il a divulgué le fait que Bo et Gu étaient impliqués dans ces atrocités parmi les informations qu’il a données au consulat américain.

Une source a confié à Epoch Times que Bo et Gu étaient responsables des prélèvements d’organes forcés sur des personnes vivantes et de l’approvisionnement en corps à des usines de plastination – une technique qui consiste à injecter un polymère dans le cadavre afin de le préserver pour être exposé.

La même source a également avisé Epoch Times que Gu avait tué Heywood car il avait commencé à parler de leur implication dans le prélèvement d’organes forcés sur des personnes vivantes et la vente de cadavres.

La réaction des bloggeurs chinois a été rapide - les nouvelles étaient rapidement citées, retweetées et bloggées. Souvent, certaines des informations les plus sensibles – telles que l’identité des sources d’information– étaient cachées afin de contourner la censure de toute une armée de censeurs  d’Internet du régime chinois.

«Le PCC a peur que le gens le découvrent mais c’est l’information qui intéresse le plus les Chinois», explique Zhang dans son reportage.

Sans se laisser décourager

M. Xiong a dit que les attaques ont entraîné l’interruption occasionnelle du service, mais que l’équipe technique était habituellement capable de les repousser.

John Tang, directeur exécutif d’Epoch Times, a confirmé qu’aucune tentative de piratage par le régime chinois ne dissuaderait les reportages du journal. Tang a précisé que les attaques ont démontré un profond malaise du Parti par rapport aux reportages du journal, en confirmant leur impact et précision. Il a ajouté que les données techniques recueillies pendant les tentatives de piratage informatique seront transmises au FBI.

«Epoch Times rapporte la vérité concernant les actions dans les coulisses du PCC et c’est très effrayant pour eux», a précisé Zhang Tianliang.

Si les rapports sur la participation des hauts fonctionnaires du Parti dans les prélèvements d’organes sur des dizaines de milliers de prisonniers de conscience vivants étaient largement diffusés à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, alors «le coup que cela donnerait à la légitimité du régime, ferait s’effondrer le Parti», a déclaré Zhang.

Note de l’éditeur: Lorsque Wang Lijun, l’ancien policier haut gradé de Chongqing a fui pour sauver sa vie au consulat des États-Unis à Chengdu le 6 février, il a déclenché une tempête politique qui ne s’est pas calmée. La bataille dans les coulisses tourne autour de la position que les responsables prennent envers la persécution du Falun Gong. La faction aux «mains tachées de sang» – les fonctionnaires promus par l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin afin de mener la persécution – cherche à éviter la responsabilité pour ces crimes et à poursuivre la campagne. D’autres fonctionnaires refusent de continuer à participer à la persécution. Les événements qui se déroulent offrent un choix aux fonctionnaires et aux citoyens de la Chine, ainsi qu’aux gens du monde entier: soutenir ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire enregistrera le choix de chaque personne.

Version anglaise: Epoch Times Hacked for Reports That Frighten Party