Pékin verrouillé avant le Congrès national du Parti

Écrit par Sarah Lee et Matthew Robertson, Epoch Times
31.08.2012
  • Les portes Tiananmen au coucher du soleil le 9 juin 2012 à Pékin. Pékin a émis des consignes de sécurité strictes, a mobilisé des troupes et la police armée pour prévenir tout incident dans la capitale avant et pendant le 18ème Congrès national du Parti. (Feng Li/Getty Images)

Selon les médias de Hong Kong à l’approche de la plus grande assemblée nationale du Parti communiste chinois qui prévoit de principaux changements au sommet du régime, les forces de sécurité sont mobilisées dans tout Pékin et une série d’ordres a été transmise jusqu’au niveau des simples soldats. 

Un état-major de sécurité spéciale a été mis en place pour le Congrès par le Bureau de la sécurité publique de Pékin, selon une récente annonce sur le site Internet de l’administration municipale. Des centaines de milliers de personnes vont être mobilisées pour éviter que tout incident fâcheux ne se produise dans la capitale.

La sécurité se renforce en même temps que des pétitionnaires essayent d’inonder la capitale avant le 18ème Congrès du Parti, tandis que le régime a encore besoin de calmer le scandale politique autour du fonctionnaire évincé Bo Xilai et que la menace du ralentissement économique peut amener à  davantage de tensions sociales. 

Ordres de sécurité

En dehors de la «formation  politique» de la police et du renforcement des efforts de «l’avant- garde» du Parti communiste, des centaines de milliers de policiers, des membres de la police armée, les gardes de la ville et des bénévoles des communes seront mobilisés pour maintenir la sécurité, selon le magazine Trend de Hong Kong.

Trend, qui fait régulièrement des reportages sur la politique interne du Parti, s’est référé à une série «d’ordres de sécurité» délivrés par le Conseil d’État et la Commission militaire centrale – l’organe du Parti en charge des forces armées, afin d’éviter des troubles sociaux.

Par exemple, le «deuxième ordre de sécurité», a été appliqué le 18 août à Pékin. Les militaires ne peuvent pas prendre de vacances pour visiter leurs familles, des patrouilles de police armée ont été placées dans les rues 24 h sur 24 et les agents de sécurité doivent assurer une stricte surveillance de contrôle de la circulation et fouiller les véhicules. La police armée est positionnée dans les principaux endroits autour de Pékin, une unité d’hélicoptères est mise en état d’alerte et six incidents spéciaux doivent être empêchés, y compris  des rassemblements massifs, des grèves, des signatures de pétitions organisées et même des accidents de la circulation. Le Tibet et le Xinjiang seront placés sous le «deuxième ordre».

Selon Trend, le «premier ordre» sera appliqué à Pékin pendant la période cruciale du 22 septembre au 25 novembre, date pendant laquelle le congrès devrait se tenir. Cela inclut des mesures supplémentaires contre quatre incidents spécifiques (incluant l’attention excessive des médias aux aliments contaminés.)

Les conflicts politiques

Le renforcement de la sécurité s’effectue au milieu d’un flot de protestations qui a atteint la capitale et d’une série d’incidents politiques au sein du régime.

Le Parti ne s’est pas encore remis du scandale de Bo Xilai, qui a commencé en février lorsque l’adjoint de l’ancien haut fonctionnaire a tenté de faire défection au consulat américain à Chengdu. Dès lors, une scission a été révélée au sommet du régime, entre la faction des fidèles à Jiang Zemin, l’ancien chef du Parti qui est la faction à laquelle appartenait Bo, et Hu Jintao et ses fidèles dirigeants.

La pression économique augmente également selon de nombreuses sources, y compris selon les experts du régime.

Wu Jinglian, chercheur principal du Centre de recherche pour le développement du Conseil d’État, l’organe équivalent du cabinet du régime, a dit en mars que «la corruption est hors de contrôle», tandis que les conflits sociaux et économiques ont presque atteint un «point critique».

«Le régime communiste chinois est assiégé», a écrit Zhou Yahui, un commentateur sur la politique chinoise, dans un article cité par la télévision New Tang Dynasty (NTD), une chaîne indépendante chinoise.

Selon Monsieur Zhou, le régime fait face à la plus grave crise de fiscalité du niveau provincial au niveau central, avec des prêts en souffrance s’accumulant dans les banques d’État, des divisions entre les factions au sein du régime et une corruption officielle à grande échelle.

Tout cela est accompagné par le mécontentement de la population et une défiance ouverte envers les autorités, a- t-il précisé, qui n’ont jamais atteint une telle envergure auparavant.

Les protestations et les pétitionnaires

Sun Wenguang, un ancien professeur de l’université du Shandong, a expliqué dans une interview à Epoch Times que de nombreux pétitionnaires, des Chinois qui se rendent à la capitale pour obtenir réparation dans les cas  non résolus par le système, ont été empêchés de quitter leur domicile.

D’autres sont détenus immédiatement après l’enregistrement auprès du bureau des lettres et visites dans la capitale, qui est censé gérer ce genre de plaintes, a-t-il ajouté.

Ces mesures  peuvent être destinées à arrêter le flot de pétitionnaires avant le congrès du Parti, car ils peuvent être enclins à se rendre en masse à la capitale pour exprimer leur frustration à l’égard du régime.

Selon Monsieur He, un officier à la retraite, un grand nombre de militaires à la retraite ont organisé récemment une manifestation à Pékin. Monsieur He fait partie d’un groupe qui dénonce le fait qu’ils n’obtiennent pas de pensions suffisantes, ne sont pas indemnisés pour les blessures ou d’autres raisons de frustration.

Selon un article paru sur le site Internet des droits de l’homme 64tianwang.com. le 15 août seulement, plus de 10.000 pétitionnaires se sont rendus au bureau des lettres et visites et au bureau d’anti-corruption du Parti.

Les protestations et les mécontentements constants sont une manifestation de l’instabilité du régime, a déclaré Mou Chuanheng, un dissident de Qingdao dans la province du Shandong.

Shi Zangshan, un commentateur sur les affaires de la Chine contemporaine basé à Washington, trouve que la montée des incidents de masse en Chine connaît un «bond» ces dernières années. Le terme «incident de masse» se réfère à des manifestations souvent violentes de milliers de personnes, généralement contre les fonctionnaires.

Monsieur Shi a rajouté: «Les fonctionnaires paniquent à cause de cela et ont le sentiment que le Parti en est arrivé pratiquement à sa fin. Ils veulent faire quelque chose, mais tout ce qu’ils connaissent est ‘la philosophie de lutte’ du Parti et ils exécutent ces ordres ridicules de sécurité dans la capitale».

D’après le reportage de Tang Ming.

Note de l’éditeur: Lorsque Wang Lijun, l’ancien policier haut gradé de Chongqing a fui pour sauver sa vie au consulat des États-Unis à Chengdu le 6 février, il a déclenché une tempête politique qui ne s’est pas calmée. La bataille dans les coulisses tourne autour de la position que les responsables prennent envers la persécution du Falun Gong. La faction aux «mains tachées de sang» – les fonctionnaires promus par l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin afin de mener la persécution – cherche à éviter la responsabilité de ses crimes et à poursuivre la campagne. D’autres fonctionnaires refusent de continuer à participer à la persécution. Les événements qui se déroulent offrent un choix aux fonctionnaires et aux citoyens de la Chine, ainsi qu’aux gens du monde entier: soutenir ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire enregistrera le choix de chaque personne.

 

Version anglaise: Beijing Locked Down Ahead of National Party Congress