Avec une seule personne le parlant couramment, le kusunda du Népal est en voie d’extinction

Des linguistes saisissent les derniers jours d’une langue qui se meurt

Écrit par Michael Fitzgerald, Epoch Times
25.07.2012
  • Gyani Maiya Sen, âgé de 75 ans, est la seule personne parlant couramment le kusunda, une langue en voie d’extinction au Népal. Des chercheurs œuvrent actuellement à préserver ce langage unique. (Madhav Prasad Pokharel)

Cette première rencontre en 2004 comprenait deux autres personnes parlant le kusunda, même si elles ne le parlaient pas aussi couramment que Mme Sen. Plus de trois mois après ce contact initial, les chercheurs ont noté qu’elle était en fait la dernière personne maîtrisant la langue kusunda et probablement le porte-flambeau de toute la culture. Depuis 2004, les chercheurs ont travaillé sans relâche, s’efforçant de détailler la langue.

En janvier, M. Pokharel a désigné son étudiant, Bhojraj Gautam, pour travailler avec Mme Sen. Pendant six mois, il a enregistré ses paroles, retournant le 22 juin pour analyser la langue. «Bhojraj, qui peut maintenant s’exprimer en kusunda, m’a rapporté que la plupart des échanges ont été effectués en langue kusunda au moment de l’approche de son départ. Bhojraj pourrait devenir la dernière personne à parler kusunda», a écrit M. Pokharel dans un courriel.

Les linguistes étudiant aujourd’hui la langue ont du pain sur la planche.

En plus de ne pas avoir d’alphabet, le kusunda possède quelques caractéristiques uniques, mais problématiques qui ont accru les difficultés des chercheurs étudiant ses propriétés linguistiques.

Un problème est que le kusunda n’est morphologiquement similaire à aucun autre langage, ce qui en fait un «langage isolé».

M. Pokharel affirme que certains chercheurs pensent que la langue kusunda est reliée aux langues indo-pacifiques, comme celles de Papouasie. D’autres affirment qu’il s’agit d’un dérivé naturel de la famille tibéto-birmane de l’Asie du Sud.

Quelles que soient ses origines potentielles, le kusunda est maintenant au seuil de l’extinction. Avec un seul locuteur natif, elle n’est pas encore éteinte, mais c’est ce que les linguistes appellent une langue morte. «Le kusunda est une langue en voie de disparition parce que les enfants de Gyani Maiya ne parlent pas la langue», affirme M. Pokharel.

Ce dernier mentionne que Mme Sen reconnaît l’importance de la recherche. Il affirme qu’elle était « très enthousiaste » pour aider les chercheurs et il note aussi que son aisance à s’exprimer s’est grandement améliorée. La documentation de la langue offre aux générations kusunda à venir l’occasion d’apprendre la langue tout en redécouvrant cette civilisation unique.

Alors que M. Pokharel insiste sur l’importance de sauver la langue, il note qu’il s’agit d’une survie qui va de pair avec la préservation de la culture. «Si la langue disparaît, il s’agit d’une perte irréparable de l’héritage de l’humanité, parce que la langue meurt avec la culture», affirme-t-il. «Notre travail empêche la langue de mourir. Grâce à nos données, nous pouvons revitaliser la langue si la communauté kusunda souhaite l’apprendre».