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Le difficile héritage de Nicolas Sarkozy

Écrit par David Vives, Epoch Times
11.09.2012
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  • Loin d’avoir quitté le cœur des militants UMP, Nicolas Sarkozy reste une référence politique à droite comme à gauche (Eric Fefrberg/AFP/GettyImages)

Au soir de l’élection présidentielle, l’ancien chef de l’État a  clamé vouloir redevenir un «Français normal». Le 7 août, il réunissait la presse pour critiquer implicitement l’inaction du gouvernement dans le conflit syrien. Simple coup de sang médiatique d’un citoyen normal? Aujourd’hui, alors que le duel Fillon-Copé bat son plein, son nom est sur toutes les lèvres.

Depuis son élection à la présidence en 2007, Sarkozy n’a jamais autant fait l’unanimité dans son camp : les militants sont nostalgiques, les candidats revendiquent haut et fort son héritage. François Fillon, qui a, au départ, voulu se démarquer de l’ancien président en affirmant posséder «une approche plus sereine et pragmatique des choses» a très vite revu sa copie face aux premières flèches qui ont fusées contre lui au sein de son propre camp. «Je rends hommage à Nicolas mais je dis aussi que nous sommes différents», a-t-il commenté en direction des railleurs, soulignant sa «complémentarité» avec Sarkozy.

Une autoévaluation difficile pour l’UMP

A droite, la question du droit d’inventaire ne se pose pas, celle des raisons de la défaite encore moins: il ne s’agit pas de remettre en question le bilan des années Sarkozy. En tout cas, pas maintenant. Certains éléments de son héritage ne sont pas au goût de tous, ou sont esquivés. Le discours nationaliste sur l’immigration a été un temps repris par Copé, mais n’a pas été fédérateur.

On peut comprendre la passe difficile de l’UMP: son champion défait, le gouvernement actuel  a balayé en quelques semaines des réformes phares de l’ère Sarkozy  TVA sociale, fiscalité. Fait plus troublant pour l’UMP, le gouvernement a repris à son compte certains dossiers existants, comme la ratification du pacte  européen.

A ce titre, Elisabeth Guigou, présidente PS de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, a  déclaré au sujet du   pacte  européen «C’est un héritage des années Sarkozy. C’est un héritage que nous n’aimons pas, comme nous n’aimons pas l’augmentation de la dette ni l’augmentation des déficits», précisant que la ratification du traité budgétaire serait accompagné de taxe sur les transactions financières et des modifications dans la législation française visant le «rétablissement des finances publiques».

«Un très grand vide à droite» 

Les prétendants à la tête du parti se multiplient: Henri Guaino, Xavier Bertrand, mais aucun n’émerge vraiment si ce n’est Fillon et Copé. Les points de programmes sont moins importants, dans cette course à l’élection, que la forme et la méthode du prétendant, qui devra être à la hauteur des attentes. François Fillon a précisé au journal Le Figaro «La priorité est de remettre l’UMP au centre du débat politique. Ce n’est pas seulement le choix de nos candidats qui nous fera gagner, mais notre crédibilité retrouvée au niveau national».

Faute de consensus  commun, l’heure est à la commémoration fédératrice. Quitte à tomber dans une surenchère pas toujours contrôlée. Pour Valérie Pécresse, «Nous sommes en deuil de Nicolas Sarkozy», «son absence crée forcément un très grand vide», selon NKM. D’après Luc Chatel «Il y a du Sarkozy en Copé», Eric Woerth soutient «le premier des Sarkozystes, c’est Fillon». Ce dernier, sarcastique, commente la campagne «on ne va pas se battre en brevet de Sarkozysme». Henri Guaino a proclamé «le projet de l’UMP doit être celui de Sarkozy en 2017».

Comment expliquer une telle vénération? Pour l’instant, tous les prétendants sont des «suivants» de Sarkozy, qui ont fait leurs armes sous la direction du «patron». A ce jour, les campagnes de Fillon et de Copé suggèrent une division  plus qu’un rassemblement: chacun compte ses soutiens. Quelques petits incidents en marge, comme la différence des moyens de campagne et le mode de scrutin ont révélé des dissensions au sein même du parti. Alain Juppé craint que cela ne finisse en «combat de catch».

Dans ce contexte de désignation d’un nouveau chef, l’ancien président refuse d’afficher son choix  mais multiplie les rencontres avec les prétendants au titre: Bruno le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Fillon et Copé. «J’ai besoin d’amis dans les deux camps», a-t-il déclaré.

En privé, un ancien ministre soutient que la confusion régnant dans l’UMP peut être profitable à Sarkozy. L’absence d’homme fort et l’apparition de plusieurs courants de pensées – une idée soutenue par Copé – peuvent être un terrain propice à un retour. Dans les coulisses de l’UMP, peu l’envisagent réellement, mais beaucoup l’espèrent. Un proche commente «Les troupes sont prêtes pour l’atterrissage. On allume les feux de la piste pour qu’il sache où se poser… ».

Temps d’accélération au PS, temps de reconquête pour l’UMP

Le 29 août, François Hollande a décrété en Conseil des ministres une «mobilisation générale pour l’emploi». La récente dégringolade de la côte de popularité du président n’inquiète pas le gouvernement, mais a marqué une rupture sur la méthode employée. Manuel Valls commente «Si nous constatons des attentes, des inquiétudes, des interrogations quant à notre action, il faut y répondre. Il n’y a pas une minute à perdre».

A Châlons-en-Champagne, François Hollande a donné le ton pour les prochaines semaines: il faut agir, expliquer, décider. Certains y voient une soudaine prise de conscience de la dure réalité de la crise. Selon un ministre, François Hollande est en train de «reconstruire sa séquence».

A l’UMP, on raille un discours «creux» consistant en «séries d’incantations». L’époque, où Sarkozy monopolisait les attentions médiatiques, quitte à multiplier les discours  et les effets d’annonce, semble bien loin. Désormais, l’heure est à la reconstruction. François Fillon a exprimé son inquiétude face à la «balkanisation» de l’UMP, craignant que «la transformation de l’UMP en confédération de petits partis autonomes qui ne se sentiraient pas engagés par la ligne directrice du parti» ne nuisent au parti.

Les années Sarkozy ont bel et bien laissée des traces à droite, comme à gauche. Tour à tour modèle des uns et figure à abattre pour la gauche, Sarkozy a été sur toutes les chaînes et dans tous les esprits. Pas étonnant que son absence crée un appel d’air où s’engouffrent les espoirs et les ambitions. Le gouvernement prend également la mesure du besoin de pragmatisme de cette rentrée difficile. L’agenda du président est surchargé pour les prochains jours: visite d’école, jeux paralympiques de Londres, salon de l’élevage, conférence environnementale, Journées du patrimoines. Sans compter l’agenda diplomatique. Un conseiller de l’Elysée confie «On ne peut exclure que Nicolas Sarkozy, avec tous ses excès, ait imprimé dans l’inconscient collectif le sentiment que l’exécutif est à la disposition des Français, tout le temps».

 

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