Élection présidentielle aux Etats-Unis: comment s’explique le coude à coude?

Les électeurs probablement conscients qu’Obama n’est pas entièrement à blâmer pour le bilan économique

Écrit par Kip Beckman
15.09.2012
  • Mitt Romney le candidat républicain dans la course électorale de Novembre. (Chip Somodevilla Images/Getty Images)

Un candidat  à la présidence  n’a jamais été réélu aux États-Unis à moins que l’indice de confiance du Conference Board Inc. soit supérieur à 90, hors actuellement, concernant Barack Obama, l’indice reste bloqué à moins de 70.

Jimmy Carter, par exemple, a perdu sa candidature à la réélection contre Ronald Reagan alors que la confiance des ménages était cotée à 74. En outre, la victoire a toujours échappé aux titulaires lorsque le taux de chômage dépassait les 7%. Le taux actuel est de 8,3% et il y a peu de chances qu’il diminue de manière significative avant Novembre.

Pourtant, malgré l’état lamentable de l’économie américaine, les sondages les plus récents révèlent que le combat à mort du président Obama reste virtuel face au candidat républicain Mitt Romney, et il continue d’avoir une légère avance dans des zones clé du champ de bataille, comme les  états de l’Ohio et de la Floride.

Pourquoi la course est elle si rapprochée, quand presque tous les analystes soutiennent que l’économie deviendra le sujet central de cet automne?.

Bien sûr, tandis que l’état de l’économie nationale demeurera une préoccupation majeure, d’autres questions stimulent la fortune des démocrates en fin de course.

Plus précisément, le président bénéficie d’une large avance parmi l’électorat féminin, et cette marge va probablement croître à la suite des récentes déclarations douteuses du candidat Républicain au sénat Todd Akin concernant le viol. En outre, généralement, la plate-forme du Parti Républicain sur l’avortement est considérée comme trop rigide pour la plupart des Américaines.

Le président a également une énorme avance parmi les électeurs d’origine sud-américaine à cause de la fermeté du Parti Républicain en matière d’immigration clandestine.

Enfin, il est également vrai que de nombreux Américains considèrent que Mitt Romney est totalement hors de contact avec les préoccupations de la classe moyenne.

Mitt Romney a évoqué le nombre excessif de voitures de luxe qui font l’objet des pulsions de consommation de sa femme, et les rumeurs médiatiques sont allées bon train concernant les 77.000$ déduits de sa déclaration d’impôt au profit d’un spectacle hippique, mais aussi concernant ses comptes bancaires présumés en Suisse et ceux des îles Caïmans, ce qui ne l’a probablement nullement  favorisé pour attirer l’électorat modeste.

Enfin même l’état lamentable de l’économie ne peut réellement altérer les espoirs du président pour sa réélection, contrairement aux croyances de la plupart des observateurs. L’état de l’économie mondiale, notamment en Europe, attire aujourd’hui l’attention des médias bien plus qu’autrefois, quelques décennies auparavant,  et de ce fait  nombreux sont les Américains conscients de la nature  des difficultés actuelles.

La crise de la dette en Europe a nui à la confiance des entreprises aux États-Unis, l’embauche et l’exportation. De nombreux électeurs se souviennent qu’en début de mandat, le président Obama faisait face à une économie entrant dans une nouvelle dépression avec près 700.000 pertes d’emplois par mois, tandis que le Dow Jones Industrial Average était bien en dessous de 7.000 et sombrait à tout va.

En outre, le sauvetage réussi de l’industrie automobile par le président le rend très populaire dans les États de la Rust Belt.

  • Le président américain Barack Obama prend la parole durant une conférence de presse à Washington en mars dernier. Bien que confronté à un bilan économique désastreux Obama se maintient remarquablement parmi les électeurs américains. (Chip Somodevilla Images/Getty Images)

Le livre intitulé Cette fois c’est différent, écrit par les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff a révélé que les reprises et récessions économiques de crises financières, comme celle, par exemple, de 2008-2009 due à la contraction massive du crédit, ont besoin de beaucoup plus de temps que les récessions plus classiques.

Les sondages montrent que la plupart des Américains restent pessimistes en matière d’économie quel que soit le dirigeant de la maison blanche, ce qui donne à penser que les électeurs sont conscients du fait que les changements structurels de l’économie, à la base de  la récente récession pourraient entraîner un taux de chômage élevé pendant une longue période de temps.

Enfin, sans doute, certains électeurs estiment aussi que la plate-forme républicaine ne pourra que faire empirer la situation économique. La promesse de faire baisser les impôts, face à un déficit de plusieurs milliards a provoqué une certaine inquiétude, la réduction des programmes sociaux étant probablement vouée à prendre forme pour pallier aux manques de fonds.

Certains républicains continuent à croire que les réductions d’impôts vont en quelque sorte devenir rentables pour eux, continuant apparemment à maintenir la vision erronée d’une baisse des impôts générant une forte reprise économique, stimulant des revenus supérieurs, aux taxes s’élevant en conséquence,  plaçant alors l’économie sur une nouvelle trajectoire, loin de l’accroissement du déficit et de la dette.

Les énormes réductions d’impôt stimulées par l’administration Bush et Reagan, et les déficits élevés qui en ont résulté n’ont, semble-t-il, en rien servi de leçon face aux  mythes concernant les théories de l’offre en économie.

Malgré tout cela, alors que le taux de chômage est supérieur à 8%, le défi d’Obama pour se faire réélire reste énorme.

Cependant, pour ceux qui espèrent la victoire d’Obama, la bonne nouvelle est qu’il s’en sort dans un coude à coude 50/50.

Version anglaise: The US Election: Why So Close?