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Pékin tente d’influencer les élections provinciales

Le contrôle des ressources naturelles du Québec serait l’intérêt principal du régime communiste chinois à s’ingérer dans les élections provinciales

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins et Olivier Chartrand, Epoch Times
17.09.2012
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  • M. Bradley Zhenjia Zhao (gauche), directeur du Collège Elite de Montréal, en compagnie de Yang Zhao (droite), vice-président du département des Affaires des Chinois outre-mer, lors de la 4e Formation des représentants de la jeunesse chinoise d’outre-mer en mars 2009, à Pékin. L’évènement vise à dicter, entre autres, aux institutions scolaires à l’extérieur de Chine comment éduquer les étudiants chinois à l’étranger. (elitemontreal.com)

«Le directeur de l’école [primaire] chinoise nous a envoyé un courriel nous indiquant pour quel parti voter. Il demandait à tout le monde de voter contre le PQ (Parti québécois) [et pour le Parti libéral] parce que le PQ affecterait nos vies, notre travail et notre école», explique encore avec surprise Mme Liu, mère de deux adolescents. («Liu» est un nom fictif pour protéger l’identité de la personne.)

Ce courriel qu’elle a reçu le 31 août 2012, quelques jours avant les élections provinciales du 4 septembre, a été transféré par M. Bradley Zhenjia Zhao, directeur du Collège Elite. Non signé, ce message a été envoyé à tous les parents des élèves de ce collège.

Collège Elite est une école offrant aux enfants d’immigrants chinois des cours de chinois et de mise à niveau pour différentes matières scolaires. Ses locaux sont situés dans l’arrondissement du Sud-Ouest, à Saint-Laurent et sur la Rive-Sud de Montréal.

«Je trouvais cela inapproprié, il semblait très impliqué là-dedans. Il semblait vouloir influencer intentionnellement les parents chinois. J’ai trouvé cela étrange : “Pourquoi est-il si impliqué? Ce n’est pas sa responsabilité en tant que directeur d’école primaire”», continue Mme Liu.

«Le but de ce message était clairement d’exercer une pression qui pourrait déteindre sur mon intention de vote», s'indigne pour sa part M. Yu (nom fictif), père d’une jeune élève et dont la femme a reçu ce même courriel de M. Zhao. 

Cet incident est un des nombreux exemples qui confirment que Pékin tente d’influencer le résultat des élections au Québec et au Canada, selon Michel Juneau-Katsuya, ancien directeur du Bureau d'analyse stratégique de l'Asie-Pacifique du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

«Ce genre d'influence a été aussi répertorié avec le cas d'Olivia Chow [NPD-fédéral]. En 2008, elle s'était officiellement plainte que son candidat libéral de l'époque avait reçu l'appui du consulat [chinois] à Toronto. Le consulat avait ordonné à des étudiants d'origine chinoise, qui étudiaient à l'Université de Toronto, de faire du porte-à-porte. Ils en avaient trouvé 300. Chacun arrivait avec une page avec les photos des candidats et indiquait clairement celui pour qui voter et les autres pour qui ne pas voter», explique l’ex-agent des services secrets canadiens.

Joint par téléphone, M. Zhao dit ne jamais s’impliquer dans le domaine politique faute de temps. Lorsqu’on lui mentionne l’envoi du courriel, il affirme ne pas se souvenir de la provenance de ce courriel qu’il confirme avoir transféré seulement deux semaines auparavant à la liste des parents du Collège Elite.

Pourtant, au cours de l'été 2010, M. Zhao, malgré son manque de temps, a encouragé par courriel tous les parents de l’école à aller «accueillir» le président chinois, Hu Jintao, en visite à Ottawa… toutes dépenses payées.

Sur le CV de M. Zhao que l’on peut trouver sur le site Internet du Collège Elite, il est écrit que ce directeur d’école a été invité à rencontrer le président chinois à Ottawa en 2010, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, à Ottawa en 2003 ainsi que son prédécesseur en 1999. Il aurait aussi reçu plusieurs prix en Chine concernant son implication au Canada. Les spécialistes savent qu’il faut avoir un statut très particulier et être proche du régime communiste pour rencontrer les dirigeants chinois. Pour bénéficier d’un minimum de reconnaissance en Chine, il faut également prouver son adhérence à la doctrine communiste chinoise.

M. Yu est convaincu que le lien entre le courriel reçu à la fin août dernier et celui reçu durant la période estivale de 2010 découlent de la même mesure visant à vouloir contrôler la communauté chinoise à Montréal et au Canada, et que M. Zhao est un proche du pouvoir à Pékin.

En bloc contre le PQ

Avant les élections du 4 septembre dernier, ce ne sont pas seulement des courriels comme celui de M. Zhao qui tentaient d’influencer la communauté de voter libéral, mais aussi la presque totalité des journaux locaux chinois de Montréal. Jouant pour la plupart sur la peur d’une débandade économique si le PQ constituait le prochain gouvernement, ces publications, revendiquant généralement une dizaine de milliers d’exemplaires chacune, dirigeaient le lecteur vers un vote libéral. Au lendemain des élections et des tristes évènements survenus au Métropolis, certains n’y sont pas allés de main morte. 

Le 7 septembre, l’hebdomadaire fondé en 1991 Les nouvelles chinoises parle de la défaite de Jean Charest comme étant «très contrariante». À cette même date, le North America Economy Guide (fondé au début 2012) soutient que le PQ agit de manière à ce que certains Québécois se sentent «comme des étrangers» et il laisse entendre que les politiques de Pauline Marois créeront de la discrimination. On y mentionne la défaite «misérable» des indépendantistes dans les années 1980. L’article termine par une référence à une vidéo sur youtube d’un couple de Québécois «engueulant» quatre jeunes hommes parce qu’ils parlent anglais. «Les Chinois sont de plus en plus anxieux des hautes exigences du français renforcées par les gagnants des élections, le Parti québécois. Cela va mener à des discriminations encore pires», peut-on lire.

La couverture la plus cavalière provient du journal hebdomadaire Sept Days. Elle commence en qualifiant Pauline Marois de «radicale». Cet article publié le 6 septembre continue en laissant entendre que madame Marois a reçu la monnaie de sa pièce lors de la soirée au Métropolis.

«Dans une société démocratique mature, des mots et des actions extrêmes font rarement surface. Il y a même des lois qui s'assurent de prévenir que de telles choses arrivent. [...] Durant sa campagne, madame Marois a donné une bonne quantité de discours intenses sur certains sujets chauds. [...] Les secousses émotionnelles déclenchent normalement des réactions émotionnelles», pouvait-on lire dans les pages de l’hebdomadaire chinois de Montréal. 

«Après cet évènement [du 4 septembre], nous espérons que les politiciens feront plus d’introspection et réfléchiront à ce qu'ils disent, qu'ils seront plus prudents dans leurs discours. Cela pourrait être une autre leçon de cette élection», conclut le dernier paragraphe du même article attribuant implicitement la responsabilité des évènements à l’approche de Pauline Marois.

  • La première ministre Pauline Marois s’adresse à ses sympathisants au Métropolis alors qu’elle vient de remporter les élections provinciales, le 4 septembre dernier. (ROGERIO BARBOSA/AFP/GettyImages)

Ingérence de Pékin

Cette position politique généralisée au sein des journaux chinois de Montréal n’est pas le fruit d’une spontanéité éditoriale neutre, selon plusieurs observateurs, mais un élément de la stratégie de Pékin pour influencer le résultat des élections.

Chen Yonglin, ancien diplomate du consulat chinois de Sydney en Australie qui a fait défection à l’été 2005, avait affirmé que la majorité des journaux chinois imprimés au Canada était censurée par l’ambassade. D’une part, le régime chinois recueille de l’information sur «les allées et venues» des gens impliqués dans la communauté chinoise et cherche «des liens familiaux en Chine pour avoir un pouvoir de menace», avait-il déclaré au Journal de Montréal en 2007. D’autre part, il commandite les publications locales par des achats de publicités ou en proposant du financement. En outre, pour les hommes d’affaires à la tête de ces publications, il leur donne accès à certains privilèges et marchés en Chine, avait-il expliqué dans une interview accordée à Époque Times la même année.

«On peut parler d'ingérence politique. Quand on se rend compte que ces journaux sont contrôlés par un État, on peut affirmer une telle chose. […] Les journalistes qui écrivent dans ces journaux-là se doivent d'écrire de manière à influencer l'opinion publique en faveur de Pékin et des politiques mises de l'avant par Pékin», estime Michel Juneau-Katsuya.

ChinaNews.com, site contrôlé par le régime communiste chinois, confirmait en 2007 que le journal hebdomadaire Sept Days était «une unité de coopération avec l'agence Xinhua et le China News Service (CNS)». L'agence Xinhua, qualifiée de «plus grande agence de propagande du monde» dans un rapport de Reporters sans frontières en 2005, est l'organe de presse officiel de Pékin et a comme mission de promouvoir le point de vue officiel du Parti communiste chinois. Mark Bourrie, journaliste sur la Colline du Parlement à Ottawa engagé par Xinhua, a récemment démissionné de son poste alors qu’il était devenu évident pour lui qu’il était utilisé pour fournir de l’information aux services de renseignements chinois.

Toujours en 2007, le World Chinese Media Forum (aussi appelé le International Forum of Chinese Media, [IFOCM]) – sommet sur le développement des médias chinois à l’étranger – a souligné la présence, lors de l’évènement, des médias chinois de Montréal, dont les journaux Sept Days, Les Nouvelles Chinoises (Chinese News), La Presse chinoise, Sinoquebec, Health Times, etc. Le World Chinese Media Forum réunit plusieurs centaines d’éditeurs de publications chinoises à l’étranger ainsi que des experts en communication et des hommes politiques locaux. C’est un évènement biennal se déroulant en Chine mis sur pied par Pékin et impliquant le Département (ou ministère) de la Propagande pour donner aux médias chinois les grandes lignes qu’ils doivent adopter dans leur couverture médiatique.

 

En ce qui concerne North America Economy Guide, il est écrit sur leur site en chinois que la publication «aide les unités suivantes [Département de la propagande et le Bureau de propagande étrangère] à se "propager" en Amérique du Nord». On y lit également que «ces unités partagent les coûts d’impression et de distribution» de la publication.

Convoitise des ressources

«On sait que la Chine a été attirée non seulement par le Plan Nord, mais par l'ensemble du Canada pour ses richesses naturelles. La Chine a besoin énormément d'énergie, énormément de matières premières. Le Canada est une source presque intarissable. On assiste donc depuis plusieurs années à une offensive particulièrement constante de la part du gouvernement chinois et de ses agents d'influence pour venir au Canada et au Québec afin d’influencer les politiciens dans le but de favoriser les échanges et la collaboration avec la Chine», analyse Michel Juneau-Katsuya.

«La Chine n'a aucun problème à travailler avec “des séparatistes”. Elle s'est même accommodée et continue de travailler avec des régimes de dictateurs et de tortionnaires. […] Le réel problème de la Chine vis-à-vis du Parti québécois, c'est que le parti a plus d’intérêts protectionnistes pour les Québécois et ne serait pas aussi favorable ou aussi mou que d'autres gouvernements pourraient l'être devant l'arrivée des Chinois», conclut le spécialiste de l’Asie et de l’espionnage.

 

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Traduction d’un extrait du courriel envoyé par M. Bradley Zhenjia Zhao, directeur du Collège Elite, quelques jours avant les élections du 4 septembre dernier – obtenu par Époque Times.

 

 

Protégez résolument notre droit de langue [sic], ne votez pas pour le Parti québécois.

 

S’il vous plaît envoyez ceci à vos amis, allez voter, pensez à vos enfants et protégez vos droits en posant des gestes.

Hier soir, ma fille m’a pressé de voter pour les libéraux. Elle est seulement au secondaire, mais s’inquiète déjà de son futur proche.  

 

[…]

http://www.monvote.qc.ca/en/trouverBV_formulaire.asp 

[…]

Si le PQ entre au pouvoir, la discrimination au niveau de la langue va être renforcée et légalisée. Il y aura au moins cinq conséquences pour les non-francophones :

1.    Les professionnels qui ont un emploi risquent de le perdre ou seront poussés à l’insécurité d’emploi.

2.    Les chances d’avoir un emploi seront réduites à presque zéro.

3.    Ce sera plus difficile de s’impliquer dans la gestion d’une entreprise ou d’offrir des services et il y aura plus de confrontations en rapport à la protection de la langue, des conflits légaux en découleront.

4.    Les enfants n’auront plus la chance d’apprendre systématiquement l’anglais et d’autres langues, mais seulement le français québécois. Ce sera difficile d’aller dans d’autres pays ou même d’autres provinces au Canada pour se développer.

5.    Les payeurs de taxes (y compris les francophones) vont payer plus de taxes au gouvernement péquiste afin de protéger le statut du français au Québec et d’engager plus d’inspecteurs de la langue [sic].

[…] pour vous et pour les emplois des membres de votre famille, votre vie et votre futur, ne choisissez pas ce parti.

Pour votre liberté, l’égalité et le futur de vos enfants, allez soumettre votre vote sacré [sic].

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.