L’histoire du vol Air China CA 981 et autres rumeurs

À Pékin, les rumeurs font partie de la bataille d’avant le congrès du Parti

Écrit par Guo Hui, Epoch Times
19.09.2012
  • Une espionne qui travaille pour le département du front uni du travail a été arrêtée le 29 août après le retour du vol Air China CA 981 à Pékin. L’espionne serait responsable du service des renseignements de Taiwan et gérerait les communications secrètes entre le vice Premier ministre chinois Hui Lianyu et l’ancien directeur du département du front uni Du Qinglin. (Epoch Times)

À Pékin, les rumeurs et les fuites sont nombreuses à mesure qu’approche le renouvellement décennal des dirigeants du Parti communiste chinois. En publiant ces rumeurs qui leur ont été offertes, les médias ont servi d’instruments de lutte interposée, dans les stratégies politiques utilisées par les protagonistes, qui les manipulent de l’extérieur du pays.

Depuis le retour mystérieux du vol transatlantique Air China CA 981 à Pékin le 29 août, une série d’événements inhabituels se sont déroulés.

Le Vol CA 981

Le 29 août, le vol Air China CA 981 a opéré un changement de cap d’urgence contraint, pour revenir à Pékin après sept d’heures de vol en direction de New York. Selon le Quotidien du Peuple, le porte-parole du PCC, une «menace» était la cause de ce changement.

Toutefois, selon un rapport publié par aboluowang.com, un site d’information en langue chinoise basé hors de Chine, une espionne du nom de Mme Ding qui travaille pour le département du front uni du travail a été arrêtée à bord du vol après le retour.

Mme Ding serait à la tête du service des renseignements à Taiwan, ainsi que des communications secrètes entre le Vice premier ministre chinois Hui Liangyu et Du Qinglin, l’ancien directeur du Département du Front Uni du Travail. Ce service a entre autres fonctions d’être une couverture pour le vaste réseau chinois de renseignement à travers le monde.

Le rapport indique que Du Qinglin est un allié de l’ancien chef du Parti Jiang Zemin et qu’il était l’un des principaux dirigeants du projet de coup d’État orchestré par le tsar de la sécurité intérieure Zhou Yongkang et Bo Xilai, l’ancien chef disgracié du Parti communiste à Chongqing. Le vice premier ministre Hui Liangyu est également annoncé comme impliqué dans le plan du coup d’État, indique le rapport.

Dans la seule journée du 1er septembre, le Parti communiste chinois (PCC) a opéré deux grands changements dans son effectif, un événement très inhabituel.

Du Qinglin, également Vice-président de la conférence consultative politique du peuple chinois, a subitement «pris sa retraite» de son poste de directeur du Front Uni. Du a été remplacé par Ling Jihua, un homme de confiance de Hu Jintao. Par ailleurs, Li Zhanshu, un pilier de la faction de Hu de la ligue de la jeunesse communiste, et dit-on proche du prochain dirigeant pressenti du PCC Xi Jinping, succède à Ling en tant que directeur du bureau général du PCC.

Le lendemain, le journal South China Morning Post de Hong Kong a publié un rapport d’enquête à charge contre Ling Jihua. Peu de temps après, le New York Times et le Los Angeles Times ont également publié des articles négatifs à propos de Ling.

Il est inhabituel, remarquait Radio France International (RFI), que plusieurs médias diffusent des reportages sur Ling Jihua, car des informations aussi sensibles sont difficiles à vérifier ou à confirmer en Chine, en raison du contrôle très sévère de l’information.

Réapparition de Zhou Yongkang

Pendant ce temps, Zhou Yongkang, chef controversé de la sécurité intérieure et qui était semble-t-il sous «contrôle interne» au cours des derniers mois, est également apparu dans les médias.

L’agence d’information Xinhua, porte-parole du gouvernement a rapporté le 5 septembre que lors de sa visite dans la province d’Anhui les 3 et 4 septembre, Zhou a «inspecté» le tribunal populaire intermédiaire de Hefei où a eu lieu le procès de Gu Kailai.

Xinhua rapportait les propos de Zhou, selon lesquels les forces de sécurité intérieure devraient «s’assurer que chaque affaire est traitée pour résister à l’épreuve du droit et de l’histoire».

La disparition de Xi Jinping

Le 5 septembre, les autorités chinoises ont annoncé que Wang Lijun, ancien chef de la police de Chongqing qui avait fui à l’ambassade américaine en février, a été inculpé de «manipulation de la loi à des fins personnelles, de défection, d’abus de pouvoir et de corruption passive».

Le même jour, Xi Jinping disparaissait. Xi a annulé sa rencontre avec la secrétaire d’État  américaine, Hillary Clinton, en raison d’une «blessure au dos», annonçait le Wall Street Journal. Il a également annulé ses réunions avec le Premier ministre de Singapour ainsi qu’avec un responsable russe.

Le 8 septembre, Xi s’est également absenté d’une réunion urgente sur le séisme du Yunnan, organisée par la commission militaire centrale dont il est le Vice-président.

Le 10 septembre, Xi a raté une autre réunion avec le Premier ministre Danois Helle Thorning-Schmidt.

De plus, He Guoqiang, le chef de la commission centrale de contrôle de la discipline et membre du comité permanent du Politburo, avait également disparu depuis plus d’une semaine.

Boxun, un site Internet en langue chinoise basé hors de Chine annonçait que Xi et He ont été blessés dans deux accidents différents de la route le 4 septembre. Mais l’article a été retiré du site Boxun.

Reuters a indiqué le 7 septembre que Xi a rencontré au cours des six dernières semaines Hu Deping, un réformateur éminent et membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois. Au cours de leur conversation Xi a démenti  être un allié de Bo Xilai.

Les Stratégies d’attaque

Zhang Xinyu, le fondateur du Mouvement Mondial pour la Liberté de l’Information a fait remarquer que la plupart de ces informations sont des spéculations politiques. «Presque tous les médias chinois ont perdu toute crédibilité auprès du grand public», a expliqué Zhang, poussant le PCC à se servir des médias qui jouissent de la liberté d’expression hors du pays pour manipuler l’opinion publique chinoise.

«D’une certaine façon, la population chinoise a plus confiance dans la véracité d’un événement si l’information vient de l’extérieur du pays», a précisé Zhang à la chaîne de télévision NTD.

Dans un de ses article, RFI expliquait que la fréquence sans précédent et la diffusion par certains médias internationaux d’informations négatives sur certains rivaux politiques, en particulier de grands médias anglais, est en fait non seulement un outil de relation publique mais également une stratégie pour attaquer les rivaux dans la lutte politique d’avant le 18ème Congrès national.

Note de l’éditeur: Lorsque Wang Lijun, ancien chef de la sécurité de Chongqing, s’est réfugié au Consulat américain de Chengdu pour sauver sa vie, le 6 février dernier, il a déclenché une tempête politique qui ne s’est toujours pas calmée. Une bataille dans les coulisses a lieu entre les dirigeants  pour la position envers la persécution du Falun Gong. La faction aux mains sanglantes – les fonctionnaires qui se sont vus confier par l’ancien chef du PCC Jiang Zemin, la mission de réussir la persécution – essaye de fuir la responsabilité de ses crimes et à poursuivre la campagne. D’autres responsables refusent de participer à la persécution plus longtemps. Ces événements représentent un choix évident pour les fonctionnaires et les citoyens de la Chine, ainsi que pour les gens du monde entier: soutenir ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire retiendra le choix fait par chaque personne.

Version anglaise: The Story Behind Air China Flight CA981 and Other Tales