La main des fonctionnaires derrière les protestations anti-japonaises en Chine

Écrit par Ariel Tian et Jane Lin, Epoch Times
22.09.2012
  • Un manifestant anti-japonais jetant un bidon d’essence lors de la manifestation qui s’est déroulée le 16 septembre à Shenzhen en Chine au sujet des îles Senkaku. (Lam Yik Fei/Getty Images)

Un patriote chinois équipé d’un gilet pare-balles ordinaire et d’écouteurs typiques de la police mène une manifestation anti-japonaise. Un fonctionnaire de la police du Parti communiste chinois (PCC) en tête de manifestations anti-japonaises excite la foule en disant sur son haut-parleur «à bas les méchants Japonais».

Les internautes chinois veulent bien découvrir qui se cache derrière ces manifestations, car l’information apparue ces derniers jours révèle qu’au moins quelques-unes des manifestations anti- japonaises qui ont secoué la Chine la semaine passée auraient pu être délibérément organisées.

Depuis la semaine passée et surtout au cours du week-end, les protestations montaient contre la présence des Japonais en Chine.

L’élément déclencheur de cette explosion de manifestations a été l’annonce de l’intention du Japon de nationaliser les Îles Senkaku, un chapelet d’îles rocheuses inhabitées dans la mer de Chine orientale, dont la propriété est revendiquée par la Chine.

Les Japonais ont déclaré lors d’une conférence de presse tenue par le Secrétaire du cabinet Osamu Fujimura, que le 10 septembre ils achèteraient ces îles d’un propriétaire privée japonais afin d’assurer leur «maintien et gestion pacifique et stable».

Bien que de nombreux Chinois n’approuvent pas les revendications territoriales du gouvernement japonais concernant les îles Senkaku, et en particulier son geste audacieux pour les acquérir formellement, de nombreux internautes ont exprimé leur consternation devant la réponse violente des Chinois.

Des voitures japonaises ont été endommagées, incendiées et renversées; des restaurants japonais ont été pillés; des supermarchés japonais ont été saccagés; dans un cas, un Japonais a reçu un bol de nouilles chaudes au visage; et récemment de nombreux manifestants ont envahi les rues.

Mais des détectives d’Internet posent des questions.

  • Les internautes annoncent que l’un des hommes portait un gilet pare-balles et utilisait un écouteur comme ceux utilisés par la police. Les manifestations anti-japonaises en Chine ont été récemment organisées avec la bénédiction des personnes officielles et peut être avec leur participation, disent les internautes. (Weibo.com)

Des manifestations organisées.

Des détectives sur Internet disent que c’est peut-être un coup monté en pointant du doigt les hommes à la tête des manifestations et qui apparaissent être des policiers et des fonctionnaires du PCC.

Les internautes parlent surtout d’un homme portant ce qu’ils soupçonnent être un gilet pare-balles et ce qu’ils disent être un écouteur utilisé par les policiers. Mais à part cela, il y a d’autres exemples où les internautes parlent de ce qu’ils appellent  une participation louche  du gouvernement.

Un homme à la  tête  de la manifestation a été identifié comme Zhu Gu, un membre du PCC et chef du commissariat de Xi’an. Lorsqu’une image composite des photos de l’homme à la tête de la manifestation et du fonctionnaire qui lui ressemble beaucoup a été mise sur Sina Weibo, un micro blog populaire en Chine, elle a rapidement été supprimée par les censeurs d’Internet.

Un utilisateur de Weibo a écrit par rapport à cette image «Faites attention à cet homme. C’est le principal chef de bande qui a renversé trois voitures sur la route sud de Huancheng», a eu plus tard son compte bloqué.

Huang Yi, un invité de TV Sud (Nanfang Dianshitai) a publié sa propre analyse détaillée des participants à ces manifestations. La dernière colonne de son schéma montre «les policiers en civil» qui sont divisés en ceux qui «tentent d’arrêter la destruction» et ceux qui «participent à la destruction». Comme il l’a expliqué: «Ces actions chaotiques m’ont rendu furieux».

Selon le World Journal, un journal chinois publié à l’extérieur de la Chine, des manifestations se sont déroulées dans plus de 57 villes de Chine.

  • Une voiture japonaise endommagée le 15 septembre lors d’une manifestation contre le Japon. Les manifestations, qui se sont déroulées à travers la Chine, ont été organisées avec le consentement de la police. (AFP/Getty Images)

Un certain nombre d’autres utilisateurs de Weibo ont noté que la plupart des manifestants n’étaient  pas  locaux, n’avaient pas de passe de chemin de fer et ne parlaient pas le dialecte local. Un habitant de la province du Guangzhou estime qu’ils étaient envoyés de l’extérieur de la ville pour  troubler l’ordre public.

Dans de nombreuses villes, des policiers en uniforme et d’autres forces de l’ordre maintenaient un semblant d’ordre –contrairement au rôle habituel joué par les autorités chinoises, qui écrasent toutes protestations perçues comme anti-gouvernementale.

Et contrairement au traitement conciliant des manifestants anti- japonais, les manifestations organisées par les groupes pro-démocratiques étaient dispersées. Zou Wei, un membre du Parti démocratique de la province du Guangzhou, a été placé en résidence surveillée après avoir déposé une demande pour une manifestation anti-japonaise.

D’après Huang Qi, directeur du site des droits de l’homme chinois 64tianwang.com, les fonctionnaires du Parti communiste doivent faire la part des choses en essayant d’assurer que les manifestants ne sont pas liés à des groupes qui portent un message qui déplaît au régime.

«Ils craignent que le but de la protestation ne change, si les dissidents sont présents et que les manifestants pourraient ainsi s’attaquer à la corruption des autorités», a expliqué Huang à la chaîne de radio Sound of Hope.

  • Les manifestants chinois lors d’une manifestation anti-japonaise organisée le 15 septembre devant l’ambassade du Japon à Pékin. Il y avait des manifestations dans plusieurs grandes villes en Chine suite à un différend territorial sur les îles Senkaku en mer de Chine orientale. (Lintao Zhang/Getty Images)

La main cachée

Un utilisateur de Weibo connaissant bien les signes des luttes politiques chinoises a écrit: «Tout d’abord, qui peut contrôler la police armée, la police en civil et la sécurité publique dans tout le pays? Deuxièmement, qui peut contrôler la télévision pour qu’elle garde le silence dans tout le pays? Troisièmement, qui peut contrôler Sina Weibo et supprimer les messages dès qu’ils apparaissent ? Cette personne doit être celle qui est derrière ces incidents violents dans tout le pays».

La réponse la plus évidente est que cette «personne» représente les partisans de la ligne dure dans l’appareil de sécurité et de propagande qui s’allient à Jiang Zemin, l’ancien  chef du régime; beaucoup d’entre eux ont bâti leur carrière politique en mettant en œuvre la persécution par Jiang de la pratique spirituelle de Falun Gong.

Bien que certains analystes et sources internes aient indiqué que les modalités de la transition de pouvoir cet automne soient déjà réglées, l’absence récente de Xi Jinping, le chef présumé du prochain régime, ainsi que le conflit avec le Japon, a peut être donné à ce groupe une occasion de profiter et d’obtenir davantage de pouvoir, selon les analystes.

Un article publié sur Boxun, un site Internet dissident en chinois basé à l’étranger, a suggéré que les responsables de la sécurité et les partisans du fonctionnaire déchu Bo Xilai soutiennent ces manifestations dans le but d’ajourner le 18ème Congrès du Parti et de donner aux fonctionnaires de la ligne dure plus de temps dans les négociations pour l’attribution des postes.

Xia Xiaoqiang, un chroniqueur et analyste de la politique chinoise basé à Washington, a précisé en se référant à ce groupe que: «Leur but ultime est de préserver la position politique de cette bande pour  avoir une chance de prendre le pouvoir».

Version anglaise: Behind China’s Anti-Japan Protests, the Hand of Officials