Le procès politiquement risqué de Wang Lijun se termine en Chine

La presse étrangère est tenue à l’écart, la presse nationale est réduite au silence

Écrit par Ariel Tian et Jane Lin, Epoch Times
22.09.2012
  • La capture d’écran d’une vidéo diffusée par la télévision central chinoise montre Wang Lijun le 18 septembre lors de son procès. Les caractères chinois en bas de l’image énumèrent les quatre charges d’accusation contre lui. (Epoch Times)

Le deuxième et dernier jour du procès hautement sensible de Wang Lijun, l’ancien chef de la police de Chongqing et bras droit de Bo Xilai, membre du politburo disgracié, était sous secret.

Le procès a eu lieu devant la Cour intermédiaire du peuple à Chengdu, la capitale de la province du Sichuan dans l’ouest de la Chine.

Chengdu est l’endroit où se trouve le consulat américain où Wang a fui le 6 février, un acte désespéré qui a rendu  public les scandales qui secouent toujours le Parti communiste chinois.

Wang a été accusé de défection pour sa fuite au consulat américain. Il est également accusé de  trois autres crimes: abus de la loi et favoritisme, abus de pouvoir et corruption.

Selon Xinhua, le porte-parole du régime, l’audience du 17 septembre était une «audience à huis clos conformément à la loi» parce qu’elle concerne des «secrets d’états».

D’après Xinhua, l’audience du 18 septembre était un «procès ouvert» permettant aux  parents de Wang Lijun, aux journalistes, aux députés de la Conférence nationale du peuple, aux membres du comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois et à d’autres personnes d’assister au procès.

Mais en réalité le procès n’était pas ouvert à la presse. Les médias chinois ont reçu un ordre qui les  bâillonnait, tandis que les journalistes des médias étrangers n’ont pas reçu l’autorisation d’assister au procès, selon la Radio France Internationale (RFI).

L’atmosphère du secret était pareille à celle  lors du procès de Gu Kailai qui s’est tenu le 9 août. La femme de Bo Xilai a été jugée pour le meurtre de Neil Heywood, l’homme d’affaires britannique, en partie en raison des preuves de sa culpabilité fournies par Wang Lijun.

De grands enjeux

Le procès de Wang soulève des questions politiquement explosives pour le régime chinois; ce qui explique le secret.

Zhang Sizhi, un éminent avocat chinois, a dit à la Deutsche Welle (DW) qu’on peut voir la relation de l’affaire à  Bo Xilai dans le rapport de Xinhua sur l’audition du 17 septembre. Selon Zhang, «s’il s’agit d’un ‘secret d’État,’ c’est probablement parce que cette affaire est liée à  Bo Xilai».

Les analystes de Chine disent que les hauts dirigeants chinois restent profondément divisés sur la manière de gérer l’affaire Bo Xilai.

On pense que Wang a parlé aux responsables du Parti de l’implication de Bo Xilai et de Gu Kailai dans le prélèvement d’organes et la vente de cadavres, la corruption de Bo Xilai, et le complot de Bo Xilai et Zhou Yongkang, le tsar de la sécurité intérieure, afin d’évincer du pouvoir Xi Jinping, le présumé prochain dirigeant du PCC.

Zhang Tianliang, commentateur d’Epoch Times, a écrit dans un courriel que Wang Lijun aurait fui à Chengdu craignant pour sa vie, et uniquement Bo Xilai aurait pu le menacer.

Selon Zhang Tianliang, le procès de Wang doit être étroitement contrôlé afin de garder cachées du peuple chinois  les informations concernant les activités de Bo Xilai.

De plus, le procès de Wang Lijun en attirant l’attention sur Bo attire également l’attention sur la lutte qui l’entoure au sein du Politburo – avec certains hauts dirigeants qui défendent Bo et d’autres qui cherchent à l’abattre. Zhang Tianliang a écrit que le Parti ne veut pas que les divisions internes au sommet deviennent publiques.

La question la plus sensible concernant Wang Lijun est son implication avec Bo Xilai et Gu Kailai dans les atrocités des prélèvements d’organes forcés sur des victimes vivantes.

Comme a dit Zhang Sutian, commentateur pour la Radio Sound of Hope: «Le prélèvement d’organes est un crime contre l’humanité. Cela s’est passé sous le règne du PCC, aussi cela est directement lié au PCC».

Selon Zhang Sutian, lorsque le peuple chinois prendra connaissance des atrocités des prélèvements d’organes, le Parti perdra toute sa légitimité et s’effondrera.

La clémence

Les observateurs du procès de Gu Kailai ont noté que le tribunal était apparemment d’accord pour accepter des motifs de clémence en prononçant son verdict. Gu a été condamnée à mort avec sursis, ce qui peut être transformé en emprisonnement à vie deux ans plus tard et ensuite, à la discrétion de la Cour, réduit en cas de  bonne conduite de la condamnée.

Les reportages de Xinhua suggèrent qu’une certaine clémence peut être envisagée dans  le cas Wang Lijun.

Selon Xinhua, les procureurs ont déclaré que puisque Wang avait fait d’importantes contributions pour dévoiler ce cas, la peine pour le contournement de la loi à des fins personnelles pourrait être plus légère.

De plus, Xinhua a rapporté que Wang «avait apporté des indices pour exposer les infractions graves commises par d’autres et a joué un rôle clé dans l’enquête de ceux-ci. Dans son document d’inculpation de l’accusation, cela peut être considéré comme des services méritoires très importants».

Le rapport de Xinhua laisse un vide tant qu’aux contributions apporté par Wang, quel cas il a dévoilé  et quelles infractions il a aidé  à exposer, bien que l’assassinat de Neil Heywood par Gu Kailai semblerait faire partie de ces contributions.

On dit que l’avocat de la défense de Wang Lijun a présenté des  facteurs atténuants.

Il a été officiellement rapporté que Wang Lijun n’avait pas «exprimé d’objection» par rapport aux actes criminels et aux quatre accusations qui lui avaient été inculpées.

Dans la vidéo de la session du tribunal diffusée par les médias d’État, Wang Lijun semble paisible.

Avant d’ajourner la séance, le tribunal a déclaré que la condamnation de Wang Lijun serait donnée à une date actuellement indéterminée.

Selon la RFI, après que le procès soit clos, un communiqué de presse de Xinhua a été lu à haute voix aux représentants des  médias étrangers qui étaient rassemblés en dehors de la salle d’audience. 

Epoch Times est publié dans 35 pays et dans 19 langues

Version anglaise: Politically Risky Trial of Wang Lijun Ends in China