Une musique exceptionnelle à l’honneur à Paris: le «nanguan»

Écrit par David Vives, Epoch Times
24.09.2012
  • Wang Xinxin, de l’Ensemble Xinxin Nanguan, lors de la conférence de presse au Bureau de Taipei le 18 septembre dernier. (Juang Chao Chin)

La conférence de presse qui s’est tenue au Bureau de Taipei le 18 septembre dernier en présence de S.E. Ching-long LU Michel, Représentant de Taiwan en France, madame la sénatrice Catherine Tasca et monsieur Hubert Laot, directeur artistique de l’auditorium du musée Guimet a été l’occasion de présenter l’Ensemble Xinxin Nanguan, créé et dirigé par Madame Wang Xinxin.

L’Ensemble Xinxin Nanguan donne régulièrement des concerts en Europe. En France, la tournée actuelle s’est produite notamment à la Maison des Cultures du Monde et se produira le 25 septembre à l’Auditorium du Musée Guimet et le 26 septembre au Sénat.

L’Ensemble Xinxin Nanguan, créé et dirigé par Wang Xinxin, fait partie des meilleurs ensembles de musique de style nanguan à Taiwan. La musique de style nanguan est l’une des plus anciennes musiques traditionnelles chinoises à s’être perpétuée jusqu’à aujourd’hui. Wang Xinxin est née et a grandi à Quanzhou dans la province du Fujian en Chine continentale, berceau du style nanguan. Elle est installée à Taiwan depuis 1992. Résolue à faire vivre la musique ancienne dans le monde contemporain, elle a su conserver toute la légèreté et la distinction du style nanguan, en y incluant, néanmoins, des éléments plus modernes. Aujourd’hui, le nanguan est classé patrimoine vivant de l’humanité à l’UNESCO.

Rencontre avec Wang Xinxin

D’après Wang Xinxin, «le nanguan se joue traditionnellement en famille ou avec les amis. C’est une manière de communiquer des choses qu’on ne ressent pas la journée». Sa pratique répond à de hautes exigences. «Chaque son doit être parfait». Elle précise que «dans l’antiquité, le nanguan était joué pour l’empereur».

Il se partage généralement dans un cercle privé ou familial: «Il a un caractère privé, un peu secret, comme lorsque des amis se réunissent pour déguster un bon vin», continue Wang Xinxin. «Je suis tout à fait persuadée que la tradition est notre base artistique et que, à partir de cette base, on peut se développer. J’ai été particulièrement surprise de ce que Taiwan peut nous apporter. Cela m’a permis de développer mon art, mieux que je n’aurais pu le faire sur le continent chinois».

Hubert Laot, directeur artistique de l’éditorial du musée Guimet, a été touché par l’authenticité de cette musique. Il déclare: «Le nanguan est la source de la musique chinoise. Il nous emmène hors du temps, hors du monde».

Le directeur artistique du musée Guimet ajoute «avoir perdu le souffle» par les représentations de Wang Xinxin, d’une «pureté exceptionnelle». «Ce ne sont que des textes très anciens qui remontent au IIe siècle av. J.-C.». «Philosophiquement on est vraiment dans une approche taoïste, l’univers est appréhendé dans sa globalité, c’est-à-dire que le vide est aussi important que le plein et que le silence est aussi important que le son».

Cette musique est au contraire de ce que l’on entend dans ce qui correspond, dans la tradition chinoise, à l’art de rue. Bruyant, démonstratif et joyeux, le renao mêle masques, costumes et explosions de pétard et a valeur de rite religieux: il est adressé aux dieux. Pourtant, «le nanguan fait partie du renao», explique Wang Xinxin. Comme les deux faces d’une même pièce, le nanguan se situe dans la tradition taoïste, il est une offrande aux «oreilles divines», nous explique Wang Xinxin.

«Dans notre société où l’esprit est constamment occupé par des choses, le nanguan peut nous détendre, nous faire ralentir et nous faire réfléchir…», conclut l’artiste.

Un pont culturel entre la France et Taïwan

Catherine Tasca, sénatrice, vice-présidente du Sénat et présidente du Groupe d’Information et d’Echanges Sénat-République de Chine-Taiwan, a récemment invité Wang Xinxin et son groupe au Sénat. Elle espère aider à «faire découvrir au public français toute la richesse de cette musique étonnante à tous points de vue: sur le plan instrumental et vocal, et dans sa dimension théâtrale avec cette manière de jouer la musique».

«Il s’agit aussi bien d’une musique de cour que d’une musique populaire. J’espère que cette tradition durera», confie t-elle. C’est à travers les arts, la musique que l’on peut approcher l’âme d’un peuple et nous avons besoin que les peuples se découvrent, se connaissent et s’apprécient. Les échanges artistiques sont très déterminants, c’est la mémoire d’une culture et la projection contemporaine de cette culture.

L’ambassadeur de Taïwan à Paris, Michel Ching-long Lu, souligne que «Taïwan est le gardien de la culture chinoise». «À Taiwan, dit-il, on a toujours été sensible à la préservation de la tradition chinoise».

L’ambassadeur a également précisé la tenue de «15 expositions et 150 spectacles [par an], issus de la coopération entre Taïwan et la France». Grâce aux efforts de la France en matière de sauvegarde de la culture musicale, «de nombreux artistes taïwanais ont désormais une scène internationale».