Appel à l'aide trouvé dans un produit du travail forcé en Chine

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
02.01.2013
  • Julie Keith de l'Oregon a trouvé cette note dans une boîte de décorations d'Halloween. Elle aurait été écrite par un détenu dans le camp de travail forcé de Masanjia, en Chine.

On ne connaîtra probablement jamais les détails derrière cet appel à l'aide des plus particuliers. La lettre de détresse d'un individu incarcéré dans un camp de travail forcé en Chine s'est rendue jusqu'au domicile d'une famille de l'Oregon, dans l'Ouest américain. Cette nouvelle a déclenché une discussion aux États-Unis sur les violations des droits de la personne en Chine et sur le côté obscur de la relation commerciale entre Washington et Pékin.

En octobre dernier, Julie Keith, 42 ans, de Portland (Oregon) a sorti du placard une nouvelle boîte de décorations d'Halloween (Halloween Graveyard Kit) quelle avait mise de côté et y a trouvé un message provenant d'un camp de travail forcé chinois.

«Lorsque j'ai retiré les blocs en polystyrène, une lettre est tombée. Je l'ai ouverte et elle provenait d'une personne d’un camp de travail en Chine appelant à l'aide. Je ne savais pas vraiment quoi faire avec ça», raconte-t-elle. 

Le contenu de la lettre rend perplexe.

«Si vous achetez ce produit à l'occasion, veuillez s'il vous plaît transférer cette lettre à la World Human Right Organization», indique les premières lignes dans un anglais un peu écorché. «Les milliers de personnes qui sont ici persécutées par le gouvernement du Parti communiste chinois [PCC] vont vous remercier et se souvenir de vous à jamais.»

Selon la lettre, les décorations d'Halloween ont été produites dans le tristement célèbre camp de travail forcé de Masanjia, à Shenyang, dans la province du Liaoning au nord-est de la Chine.

«Les gens qui travaillent ici souffrent d'un châtiment durant en moyenne d'un à trois ans, mais sans avoir été condamnés par un tribunal. Beaucoup d'entre eux sont des pratiquants de Falun Gong, ils sont entièrement innocents [et sont ici] seulement parce qu'ils ont une croyance différente du PCC. Ils sont punis plus sévèrement que les autres», mentionne la lettre.

Les détenus doivent travailler 15 heures par jour, sept jours sur sept, sinon ils subissent la torture et les passages à tabac et ils ne reçoivent que 10 yuans (environ 1,60 $) par mois, selon la lettre.

Julie Keith a pris une photo de la lettre et l'a affichée sur sa page Facebook. Ses amis ont été bouleversés. Elle a été référée à Amnesty International, ensuite au quotidien The Oregonian qui l’a publiée le 23 décembre. La nouvelle a maintenant fait le tour du monde.

Dans une entrevue avec New Tang Dynasty Television (NTD), Mme Keith explique qu'elle a «effectué une recherche Google sur le camp de travail et j'ai été horrifiée par les histoires qui en sortent».

Les témoignages de survivants du camp de travail forcé de Masanjia font état de conditions extrêmement dures. Les gardes ciblent particulièrement les pratiquants de Falun Gong, comme mentionné dans la lettre, avec des méthodes de torture inimaginables.

Zhao Suhuan, maintenant une militante des droits de la personne à New York, est une pratiquante de Falun Gong qui a été incarcérée à Masanjia. Dans une entrevue accordée au New Epoch Weekly, elle a décrit comment l'intérieur de ses cuisses a été attaqué par les gardes durant trois jours (en utilisant principalement leurs ongles). Les gardes ont ensuite botté et écrasé ses jambes meurtries et l'ont empêchée de dormir.

Par la suite, elle a été ligotée et frappée derrière la tête. À une occasion, elle a été attaquée par des gardes armés de matraques électriques pendant cinq jours. Elle s'est fait battre si sauvagement qu'elle est devenue méconnaissable. Ces méthodes avaient pour objectif de lui faire renoncer à sa pratique du Falun Gong, mais elle n'a pas craqué. Elle habite maintenant aux États-Unis.

Il existe beaucoup d'autres cas documentés impliquant le camp Masanjia, où les pratiquants de Falun Gong pourraient constituer la plus grande population.

Pan Qi, par exemple, une autre pratiquante de Falun Gong habitant maintenant à New York, reconnaît les conditions dans lesquelles la lettre reçue par Julie Keith a été écrite.

«Je sais comment on se sent parce que j'ai effectué le même travail forcé à Masanjia. Tous ces ornements et ces décorations, j'en ai fabriqué également et c'est très douloureux. Les heures de travail sont interminables», témoigne-t-elle.

Les montres des détenus ayant été confisquées, Pan Qi ne pouvait déterminer quelle heure il était. En entrevue avec NTD, elle dit avoir calculé que les heures de travail s'étendaient de tôt le matin à environ 21 ou 22 heures. «S'il y a du temps supplémentaire, alors vous travaillez durant la nuit. Il n'y a pratiquement pas de repos, le jour suivant il faut encore travailler. Je ne savais pas qu'on pouvait forcer les gens à travailler de la sorte. Plusieurs personnes ont été poussées à la folie. Certaines ne pouvaient atteindre les quotas alors elles étaient enfermées dans une petite pièce.»

Selon Levi Browde, directeur exécutif du Falun Dafa Information Center, Masanjia est particulièrement brutal avec la torture qu'on y pratique et les conditions extrêmes.

«Contrairement à la plupart des camps de travail où les responsables incitent les détenus à torturer d'autres détenus, à Masanjia ce sont les responsables qui torturent et ils le font de manière systématique, selon d'ex-détenus», écrit M. Browde dans un courriel.

Cette affaire a attiré l'attention de la section des enquêtes de l'agence de contrôle de l'immigration et des douanes américaines (Immigration and Customs Enforcement – ICE).

«C'est une circonstance exceptionnelle», commente Andrew Munoz, agent de relations publiques du ICE à Seattle. «Normalement, nous ne pouvons confirmer ou nier l'existence d'une enquête mais, puisque l'information provient d'un média, ce n’est plus un secret maintenant, alors nous pouvons mentionner que nous avons commencé une enquête préliminaire.»

Le ICE ne peut révéler plus de détails sur le cas «tant que nous n'aurons pas une manière d'appliquer la loi», ajoute M. Munoz.

Dans cette affaire, il est difficile de déterminer si le ICE pourra faire quoi que ce soit. Le ICE dépend des autorités locales (dans ce cas, chinoises) pour l'aider dans ses enquêtes, avec l'objectif d'empêcher l'entrée aux États-Unis de produits du travail forcé.

Cependant, le camp de travail de Masanjia est un instrument de l'appareil de sécurité du régime communiste alors, dans ce cas, les autorités locales sont impliquées dans les activités faisant l'objet de l'enquête.

Version anglaise : Note From Chinese Regime Labor Camp Sparks US Discussion