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Intervention française au Mali: fallait-il y aller?

Écrit par Affaires-stratégiques.info
21.01.2013
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  • Troupes françaises faisant leur arrivée dans une base militaire près de Bamako, Mali, le 15 janvier 2013. (Eric Feferberg/AFP/Getty Images)

Réponses de Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Jusqu’à présent la France semblait éviter de s’engager directement dans le conflit : qu’est-ce qui a changé aujourd’hui? Est-ce un aveu d’échec de la CEDEAO et de l’Union africaine?

Effectivement la France est intervenue dans des conditions qui n’étaient pas prévues, mais ce qui a changé ce sont les évènements. La poussée des forces jihadistes sur la ville de Konna mettait Bamako en danger. On imagine aisément les répercussions stratégiques de la chute de la capitale malienne et l’ampleur du triomphe des jihadistes s’ils avaient fait chuter une capitale. Il fallait donc intervenir immédiatement. La France en avait la capacité à partir du moment où l’on prenait la décision. Les forces africaines arriveront peu après et viendront renforcer le dispositif mis en place.

Le Mujao [Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest] a annoncé que le mouvement allait «frapper le cœur de la France», est-ce une menace crédible? Le mouvement a-t-il les moyens de mettre ses menaces à exécution? Quels intérêts français sont menacés dans la région?

Il n’y a jamais de risque zéro en matière terroriste. Le Mujao ne semble pas en mesure d’entreprendre des actions sur le territoire français, mais il est toujours possible de trouver des personnes prêtes à commettre un attentat. Le terrorisme ne doit pas inhiber la réflexion (ce qui se produit trop souvent) ni l’action. On ne peut pas ne rien faire sous l’effet de la peur au nom d’une menace terroriste, même s’il ne faut pas faire n’importe quoi au nom de cette même menace.

Certains qualifient cette intervention de néocoloniale. Qu’en est-il?

Il ne s’agit pas d’une intervention néocoloniale. Il faut bien sûr être prudent dans l’utilisation de l’outil militaire. Certes, dans le passé, des interventions dites «humanitaires» ont mal caché des politiques de puissance, mais on ne peut pas mettre toutes les opérations militaires dans le même sac. Les interventions au nom de la supériorité des valeurs occidentales sont détestables. L’inaction face à un pays, un peuple en danger, l’est tout autant. Aujourd’hui, c’est le gouvernement du Mali qui a demandé l’intervention, et la population nationale l’approuve en grande majorité. L’intervention française est doublement légale puisqu’elle se fait sur la demande du gouvernement malien et en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité. Les pays de la région la soutiennent. L’Algérie également puisque le pays a même permis le survol de son espace aérien. La Russie a voté la résolution en décembre au nom du maintien de l’intégrité territoriale du Mali. Qualifier cette intervention de néocoloniale tient plus du réflexe que de l’analyse.

Source : Affaires-stratégiques.info

 

 

 

   

 

     

 

       

 

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