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Contrôler les discours à propos de la Chine: les pensées impériales du régime

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
25.01.2013
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  • Xinhua, l’agence officielle chinoise, a installé, en août 2011 sur Times Square à New York, un écran électronique d’information afin d’aider le régime à influencer l’opinion publique à l’étranger au sujet de la Chine. (Stan Honda/AFP/Getty Images)

On aurait pu penser que la participation à une conférence universitaire prévoit un débat intellectuel et un échange libre d’idées. Mais ce n’est pas vraiment le cas en Chine. Christopher Ford, un chercheur de l’Institut Hudson à Washington, après avoir participé à un colloque organisé en novembre en Chine, par la Société chinoise des sciences militaires, a récemment avoué qu’il avait fait l’expérience de «quelque chose de semblable à une session d’auto critique maoïste».

Il a publié un article de 2.000 mots, rédigé sous la forme d’une analyse du discours scientifique et reflétant les tentatives de ses interlocuteurs chinois, affiliés à l’Armée populaire de libération (APL), pour faire accepter à un participant au colloque, non-chinois, la version officielle des intentions stratégiques chinoises.

Ford a écrit, par exemple: «Plutôt que de parler de jugement ou de la gestion des revendications débattues dans un monde pluraliste, les participants de l’APL semblaient considérer la prévention des conflits internationaux et l’assurance de l’éventuelle ‘confiance’ comme étant principalement dans la prévention de la formation ou de l’émergence de telles revendications – précisément en obtenant la validation et l’acceptation par les autres des revendications de la Chine, ainsi que de sa propre vision de sa place dans le monde.»

Ce n’est pas seulement dans le cadre limité des colloques militaires chinois que le Parti communiste chinois (PCC) cherche à imposer ses propres vues et à s’assurer que les autres parties les transmettent. Selon un compte rendu détaillé paru dans le New York Times du 15 janvier, Hollywood est également sous l’emprise de l’important appareil de censure du régime chinois.

Les studios et les producteurs de films invitent maintenant les censeurs d’Etat chinois à revoir leur travail et à faire les ajustements nécessaires, afin de s’assurer qu’ils puissent accéder au marché du cinéma chinois. Un film, La momie: la tombe de l’empereur dragon a rencontré des problèmes, car il présentait les Occidentaux comme sauveurs de la Chine. Un autre film, Karaté kid 2010, a été initialement rejeté car il mettait en scène un personnage de méchant Chinois.

Cette tendance s’aligne à celle expérimentée par Ford lors de la conférence militaire. Il a constaté que les intervenants de l’ALP avaient exigé du Japon, comme condition préalable de la «confiance stratégique», de réviser son programme scolaire pour représenter «correctement» les torts fait par le Japon à la Chine, et d’exclure les parties de droite de la sphère politique.

Ford demande pourquoi cela ne constitue pas une ingérence dans les affaires intérieures du Japon – une accusation fréquemment lancée par les organismes du régime chinois envers les Etats-Unis, quand ces derniers font référence aux violations des droits de l’homme par le Parti.

«Un général de l’ALP bien connu a expliqué que Pékin ne considère pas comme ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays le fait de leur imposer des demandes concernant leur manière de voir et de présenter la Chine, ainsi que leur propre histoire dans la région Asie Pacifique», a écrit Ford. «Parce que ces choses affectent la Chine.»

Ce «droit de propriétaire» du Parti, comme le nomme Ford, sur la façon dont la République Populaire de Chine est vue et comprise, est «l’impérialisme conceptuel» qui fait partie des objectifs stratégiques du régime pour «contrôler les discours concernant la Chine partout dans le monde». L’acceptation de la version officielle du Parti par d’autres pays «peut contribuer à la légitimité de la version du régime à l’intérieur du pays, et ainsi à la continuation de sa monopolisation du pouvoir», a écrit Ford.

Alors il «ne s’agissait pas d’une distraction personnelle du but» de la conférence, «mais, en fait, du jeu lui-même».

Selon He Qinglian, une experte de l’appareil de propagande du Parti qui est actuellement installée aux Etats-Unis, il n’y a rien de nouveau dans les efforts du PCC à vouloir influencer ce que les autres disent et pensent à son sujet, mais la puissance internationale accrue de la Chine grâce à son essor économique, rend la réalisation de ces efforts beaucoup plus facile.

«Depuis son arrivée au pouvoir, le rêve du Parti Communiste Chinois consiste à faire de la Chine une super puissance, capable d’influencer le monde entier», écrit-elle dans un long article analysant la façon dont le régime a obtenu l’acquiescement dans le monde entier à travers des groupes de pression, des initiatives économiques et des machinations.

  • Christopher Ford, directeur du Centre de technologie et de la sécurité globale à l’Institut Hudson à Washington, analyse la pensée stratégique chinoise. Lors d’une récente conférence en Chine, il a constaté que ses interlocuteurs étaient plus intéressés à lui faire accepter la version officielle chinoise que de s’engager dans un débat intellectuel. (Institut Hudson)

L’expansion aux Etats-Unis des outils de propagande de l’Etat chinois a frustré certains membres du Congrès, qui exigent que le régime chinois accorde aussi la liberté aux médias américains en Chine. Xinhua, l’agence de presse de l’Etat, a une antenne à Times Square, et la télévision centrale de Chine, la station de télévision officielle du régime, a construit un très grand bureau à Washington. Selon le député Rohrabacher, plus de 811 journalistes chinois travaillent aux Etats-Unis. Cependant, les journalistes américains travaillant en Chine font face à des harcèlements constants et à la menace de ne pas obtenir de visa, tandis que Voice of America, qui sert de porte-parole des Etats-Unis en Chine, n’a que deux journalistes dans ce pays.

L’année dernière, le membre du Congrès Dana Rohrabacher a proposé de conclure un «traité de réciprocité pour les médias» dans le cadre d’une tentative de contraindre le régime à accorder l’accès en Chine aux journalistes sponsorisés par le gouvernement américain. C’est une approche de représailles à ce problème à laquelle s’opposent de nombreux membres du Congrès, mais il y a un consensus que les Etats-Unis doivent trouver pour répondre aux empiétements du Parti-Etat chinois.

Geremie Barmé, un bibliophile et expert australien sur la Chine, a précédé l’analyse de Ford en faisant une «tentative préliminaire» pour élucider l’idée de ce qu’il appelle «les nouveaux discours de la nouvelle Chine».

Dans un essai sur le sujet, il a écrit: «À la base, les Nouveaux Discours de la Nouvelle Chine sont utilisés par le Parti, ses organes de propagande, les médias et les enseignants pour former (et tracer les limites) la façon dont les gens s’expriment en public (et éventuellement en privée) et permettre au Parti-Etat d’inculquer son idéologie par voie d’une incessante imposition et répétition verbale ou écrite».

Cela montre comment les fonctionnaires chinois considèrent l’avis des étrangers, ce qui a récemment été décrit dans l’article de Peter Mattis, l’éditeur de China Brief de la fondation de Jamestown. «Le problème avec la manière dont Pékin approche les craintes au sujet du comportement de la Chine est qu’en fait Pékin refuse d’accepter quoi que ce soit qui pourrait servir aux pays étrangers comme raison de se plaindre», a récemment écrit Mattis. «Une telle approche dédaigneuse combinée à la pression mise sur les gouvernements étrangers pour améliorer les relations, ne peut pas être considérée comme un effort de bonne foi.»

D’autres chercheurs qui analysent les ambitions internationales du régime diffèrent légèrement de Ford dans leurs écrits, en traçant une distinction plus nette entre l’idée d’une «Grande Chine» et celle du «grand Parti» qui réprésente une menace. Richard Fischer Jr, un chercheur sur les questions militaires asiatiques du International Assessment and Strategy Center, a utilisé ces termes pour faire une distinction entre la Chine et le Parti communiste chinois en déterminant précisément ce à quoi les observateurs devraient faire attention.

«Si notre danger réel provient du Grand Parti et pas tellement de la Grande Chine, alors cela nécessite une réponse qui se fonde davantage sur nos dures leçons apprises du confrontement avec le Parti communiste de l’Union Soviétique», a t-il écrit dans un e-mail, en parlant principalement de la capacité militaire croissante de l’ALP et des intentions derrière le développement des capacités qui paraissent à viser spécifiquement les installations militaires américaines.

Selon Fisher, le «contrôle des discours» au sujet de la République populaire de Chine fait partie de la stratégie globale.

«Ceci est une justification supplémentaire du nouveau concept de Pax-Sinica ou de la ‘stabilité mondiale à la chinoise’… On contrôle les discours au sujet de la Chine pour préserver le rôle du Parti. On punit ceux qui se plaignent et on récompense les autres.»

Lorsque le contrôle des discours ne fonctionne pas, le Parti peut, bien sûr, tout simplement clore la discussion. Fischer souligne que l’analyse de Ford sur la stratégie idéologique de l’ALP est une œuvre relativement rare. Il a écrit: «La réaction chinoise habituelle de ceux qui disent la vérité sur la Chine consiste à limiter leur accès à l’information permettant de le faire».

On refuse à Ford un visa chinois depuis 2004, car lors d’une conférence sponsorisée par l’ALP dans le Guangdong, il avait fait une comparaison défavorable de la stratégie militaire de l’ALP envers Taiwan avec la subtilité et l’habilité préconisées par l’ancien stratège chinois Sun Tsu. «Cela avait provoqué un tollé dans lequel toute une rangée d’officiers de l’ALP s’était précipitée pour dénoncer la politique américaine avec une férocité qui, à mon avis, est devenu absurde même pour les autres Chinois qui se trouvaient dans la salle et qui n’ont pas pu retenir un petit sourire.»

Version anglaise: Controlling the Narrative About China: The Regime’s Imperial Thoughts

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