Twitter conduit un Koweitien à deux ans de prison

Écrit par Jack Phillips, Epoch Times
26.01.2013
  • L’émir du Koweït Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah (au centre). (Dan Kitwood/Getty Images)

Lundi, un militant de l’opposition a été condamné à deux ans de prison pour avoir critiqué le souverain koweïtien dans des messages publiés sur Twitter.

Le Koweït, allié important des États-Unis dans le Golfe où stationnent des milliers de soldats américains, a été sujet à de nombreuses manifestations de protestation qui ont retenti dans tout le pays, provoquées par les mesures de répression mises en œuvre par le gouvernement koweïtien depuis septembre contre militants et membres du parti de l’opposition.

Rashed Saleh al-Enezi, l’usager de Twitter reconnu coupable d’avoir insulté l’émir du Koweït Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, a été emmené par la police une fois la décision de justice rendue, lit-on dans le Kuwait Times. Les tweets publiés par M. Al Enezi datent d’octobre.

Toujours selon le Kuwait Times, Al Enezi n’a pas nommé l’émir dans ses tweets, mais le tribunal a déclaré qu’Al Enezi avait suggéré que le but des messages était d’insulter le souverain. Al Enezi, lui, a nié catégoriquement avoir voulu l’insulter.

Le tribunal devrait également se prononcer contre un certain nombre d’anciens députés de l’opposition et de jeunes militants, eux aussi accusés d’avoir injurié l’émir. Cette procédure s’inscrit dans un ensemble plus large de mesures répressives déployées contre les dissidents dans ce petit pays arabe, estime le journal.

Mohammad Al Humaidi, le président de la Société koweïtienne pour les droits de l’Homme, a expliqué à l’AFP que plus de 200 militants, parmi lesquels d’anciens hommes politiques, sont poursuivis pour avoir pris part à des manifestations pourtant conformes aux règles en vigueur.

«Les allégations citées n’étaient pas fondées sur de solides accusations mais sur des interprétations erronées que les autorités ont faites de ses tweets. La plupart des charges sont fabriquées de toutes pièces», fait remarquer M. Al Humaidi.

Conformément à la législation du pays, toute critique à l’encontre de l’émir du Koweït exprimée en public est considérée comme une atteinte à la sécurité de l’État et peut être passible de cinq ans d’emprisonnement, apprend le Kuwait Times.

En juin, un tribunal a condamné un homme de 26 ans à dix ans de prison ferme pour avoir proféré des insultes à l’encontre du prophète Mahomet et d’autres sur les réseaux sociaux. Il a été reconnu coupable pour cause d’atteinte à la sécurité publique portée par ses déclarations.

Fin décembre, l’observatoire Human Rights Watch (HRW) a annoncé que les autorités koweïtiennes avaient usé de «ce qui apparait comme une force excessive pour disperser des manifestants en grande partie pacifiques, depuis octobre dernier».

Basé à New York, HRW a souligné que la majorité des protestataires étaient pacifiques et manifestaient contre l’orientation politique adoptée par le pays. Les groupes de l’opposition affirment que le décret de l’émir visant à amender la législation électorale était anticonstitutionnel.

Le 15 octobre, des manifestants se sont rassemblés devant le Parlement, mais, d’après ce que HRW a recueilli auprès des témoins présents sur place, quelques manifestants avaient rapidement franchi les barricades montées par la police.

«Les manifestants avançaient vers les barricades. Je n’étais pas tout devant. Les forces de sécurité et les manifestants se sont échangés quelques répliques avant que ces derniers ne se sauvent en courant», raconte Mohamed Al Uraiman âgé de 25 ans.

«Quelques instants plus tard, un [agent de police anti-émeute en cagoule] m’a frappé dans le dos avec un bâton, puis un autre m’a frappé à la tête. J’ai beaucoup saigné». Finalement conduit à l’hôpital, Mohamed Al Uraiman a eu cinq points de suture.

Version anglaise: Tweet Gets Kuwait Man Two Years in Prison

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