Jiang Zemin, l’ancien Chef du Parti, se fait déclasser

Écrit par Lin Feng et Wen Jun, Epoch Times
31.01.2013
  • L’ancien chef du régime chinois Jiang Zemin assistant au 18e Congrès du Parti à Pékin, Chine. Les nominations de direction qui émergèrent du congrès semblaient favoriser Jiang, mais la prise de retraite complète de Hu Jintao va peut-être enfin contraindre Jiang à rester dans l’ombre de la politique. (Feng Li/Getty Images)

Pendant une décennie après être officiellement descendu du trône du pouvoir communiste, Jiang Zemin continua d’exercer une influence et de faire sentir sa présence dans la politique chinoise. À présent il y a des signes que la longue autorité de cette éminence grise serait finalement en train de diminuer.

Lors d’un récent événement funéraire en l’honneur d’un général décédé qui était aussi un opposant bien connu, Jiang s’est retrouvé dernier dans la liste des noms de dirigeants du Parti venus présenter leurs respects.

Et récemment, deux anciens cadres supérieurs du Parti Communiste Chinois (PCC) ont écrit une lettre au Comité Central du PCC pour mettre sur pied une section spéciale destinée à enquêter et «corriger» la conduite politique souvent fantasque de Jiang.

Une série d’autres affronts a encore eu lieu à l’encontre de Jiang, des procédés qu’il n’aurait jamais tolérés quand il était au sommet de son autorité, indiquant que son pouvoir d’influencer en coulisse les événements au sein du Parti est en train de décliner.

Lors de la pose de couronnes mortuaires pour feu le Général de l’Armée de Libération du Peuple Yang Baibing le 21 Janvier, Jiang se retrouva dernier sur la liste nominative, mentionné comme le douzième participant.

Selon la coutume ayant précédemment cours, lors d’une occasion funéraire similaire en novembre dernier il était classé en troisième position.

L’ordonnancement des noms des dirigeants communistes chinois est crucial pour transmettre rapidement au corps du Parti et aux masses dans leur ensemble le pouvoir relatif et l’influence des cadres dirigeants. Jusqu’au 18e Congrès du Parti qui a eu lieu en novembre dernier et fit entrer la nouvelle équipe gouvernante menée par Xi Jinping, Jiang était toujours listé juste derrière le Secrétaire Général d’alors, Hu Jintao. Des années après avoir cessé d’avoir un rôle officiel au Parti, Jiang apparaissait aussi régulièrement aux côtés de Hu Jintao lors d’occasions publiques, une pratique qui n’avait pas de précédent dans la Chine communiste et ne fut jamais expliquée dans la presse d’Etat.

Le Secrétaire Général à la retraite Hu Jintao ne s’est, lui, pas inséré d’office dans des événements publics tenus par le nouveau dirigeant Xi Jinping. Il a également transféré à Xi le contrôle militaire, tandis que Jiang a gardé ce pouvoir encore deux ans après avoir renoncé à son titre de Chef du Parti.

 

Deux jours après l’apparition de ce nouveau classement du 21 janvier, Xinhua, l’organe porte-parole du régime, transmis un communiqué d’un paragraphe selon lequel Jiang aurait personnellement demandé ce changement. «Xinhua a loué haut et fort cette démonstration du noble caractère et de la largeur  d’esprit d’un communiste», a précisé le communiqué.

Cependant, cette note après-coup sonne faux auprès des analystes de la politique du Parti chinois. «Il n’y a pas de doute que ce curieux communiqué apporte une réponse au mystère de cet ordre de classement et est sans aucun doute destiné à montrer que ledit classement correspondait à une requête spontanée de Jiang», écrivait le commentateur Zhou Xiaohui dans un article récent de l’édition chinoise d’Epoch Times

«Mais personne ne le croira», a déclaré Zhou. «Jiang est célèbre avant tout pour son goût du pouvoir. De plus, cela arrive à contretemps: si c’est le cas, pourquoi cela n’a-t-il pas été diffusé en même temps que les nouvelles du 21 Janvier?»

Selon l’analyse des événements effectuée par Zhou, depuis qu’il a pris le pouvoir en novembre, Xi Jinping s’est fait un devoir d’éradiquer l’influence de Jiang. L’information transmise par Xinhua était pour Jiang une tentative tardive pour sauver la face, suspecte Zhou.

A peu près à la même époque que le «contretemps» du classement nominatif, le magazine politique de Hong Kong Cheng Ming, qui publie régulièrement des fuites provenant de l’intérieur du Parti et des analyses des machinations communistes, rapporta que les officiers supérieurs Wan Li et Qiao Shi avaient récemment envoyé une lettre au Comité Central du PCC, leur recommandant vivement d’enquêter sur Jiang.

Les deux hommes étaient ennemis de Jiang durant leur terme de service. Qiao Shi fut évincé du Comité Permanent du Politburo par Jiang, après que celui-ci eut créé une règle arbitraire selon laquelle ceux qui atteignaient 68 ans devaient démissionner. Qiao Shi et Wan Li déclarèrent que Jiang s’était «positionné au-dessus du Politburo, foulant aux pieds la discipline du Parti et la constitution de l’Etat», selon Cheng Ming, qui citait une source interne au Parti.

D’autres mesures, plus prosaïques, semblent aussi avoir été prises contre Jiang, comme le démantèlement de l’orchestre d’un de ses bons amis.

Un proche associé de Jiang, Li Lanqing, a mis sur pied l’orchestre des «Trois Très-Hauts» (San Gao) formé essentiellement de fonctionnaires de haut rang du Parti, d’officiers militaires et de lettrés, en mai dernier. Li est particulièrement proche de Jiang car il a été le premier apparatchik à prendre la  tête du Bureau 610, l’agence  créée par Jiang en 1999 pour mettre en œuvre la persécution nationale de Falun Gong, une pratique spirituelle populaire, de la tentative d’élimination de laquelle Jiang a fait la marque saillante de son règne, et qui demeure une croisade personnelle.

On dit que Li aurait fait don de son salaire pour fonder l’orchestre. Mais il fut démantelé vers la fin décembre, à en croire un rapport dans le Nanjing Daily Toutefois, la nouvelle ne fut largement répandue que vers le 23 janvier. Puis Sina, un portail majeur du web, rapporta que les membres de l’orchestre sanglotèrent dans les bras les uns des autres quand ils apprirent la nouvelle, avant leur première et dernière apparition majeure au Théâtre d’Etat de Pékin. Jiang était là, précisèrent les comptes rendus.

Pour bien des observateurs, l’immense importance du symbolisme entourant les dirigeants du Parti dans la Chine communiste se retrouva également dans la description donnée de Song Zuying, une chanteuse populaire et généralement réputée être la maîtresse de Jiang. Dans un récent commentaire de Xinhua, on faisait référence à elle comme à «cette vieille peau qui a occupé l’émission de CCTV Festival de Printemps pendant longtemps».

Note de l’Editeur: lorsque l’ancien chef de la sécurité de Chongqing, Wang Lijun, s’est enfui vers le Consulat américain à Chengdu le 6 Février 2012, il a mis en route une tempête politique qui ne s’est pas apaisée. La bataille qui se joue en coulisse tourne autour de la position que les officiels prendront face à la persécution de Falun Gong. La faction aux mains tâchées de sang —les fonctionnaires que l’ancien chef du PCC Jiang Zemin avait promus dans le but de mettre à exécution la persécution— cherche à éviter de rendre compte de ses crimes et à continuer la campagne. D’autres membres officiels refusent de continuer à participer à cette persécution. Les événements présentent un choix clair tant pour les gouvernants et les citoyens de Chine, que pour les gens du monde entier: soutenir, s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’Histoire prendra acte du choix que chaque personne effectuera.

Version anglaise: Jiang Zemin, Former Party Leader, is Downgraded

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