Écrit par Vincenzo Cassano, Epoch Times

BARI, Italie – Il y a trois ans, l’agriculteur italien Emanuele Feltri a fait l’acquisition de 12 acres (5 hectares) de terres agricoles dans la vallée du Simeto en Sicile, territoire occupé par la mafia. Il souhaitait développer des cultures biologiques, de l'élevage ainsi qu’une ferme pédagogique.

Dès le début, Feltri a lutté contre l'injustice. Il a dénoncé les décharges envahies par les pneus et l'amiante, et a bloqué l'accès à la route que la mafia utilisait pour atteindre les sites d'enfouissement.

Peu de temps après, il a reçu des menaces de la mafia. On lui a dit : «Si vous ne débloquez pas la route, nous réduirons en cendres votre bosquet». Feltri a refusé de le faire et son bosquet a été incendié.

«Je me sens face à une énorme responsabilité», a déclaré Feltri, expliquant que son combat ne concernait pas seulement lui-même, mais aussi toutes les personnes de sa région.

Dans la vallée du Simeto, c’est pratique courante pour les agriculteurs de payer la mafia afin d'obtenir une «protection» contre les dommages causés par la mafia elle-même. Cependant, Feltri refuse de s’y soumettre.

Après les nombreuses menaces reçues par Feltri, 600 personnes ont manifesté leur sympathie pour lui, toutefois au quotidien, seulement quelques-unes ont fait preuve d’un soutien concret. Selon Feltri, beaucoup d'entre eux ont peur.

«Les gens n'ont pas le courage de relever la tête», a-t-il déclaré. Un mouton éviscéré laissé près de sa porte était la réponse de la mafia à ces manifestations de sympathie.

«Je suis tombé amoureux de ce pays», a raconté Feltri, décrivant la beauté de sa vallée, son «incroyable biodiversité» et sa fertilité.

«C'est un pays que j'aime et que je veux défendre», poursuit-il, même si c’est au prix d'incendies, de vols et de moutons morts.

Après chaque menace ou violence à son encontre, Feltri est prêt à faire monter les enchères. «Je suis prêt à pousser très loin sur le sujet», a-t-il dit. Il veut libérer son pays du contrôle de la mafia et restaurer Via del Grano, un chemin long de 1,6 km datant de l'époque romaine. C’est dans ce but qu’il a entrepris une campagne de financement avec d'autres jeunes agriculteurs de la vallée.

«Il s’agit de notre terre, celle de nos pères et de nos mères, de nos ancêtres, des personnes honnêtes et endurantes. «Ce sont nos racines et nous ne battrons pas en retraite», peut-on lire sur le site dudit projet, décrivant la campagne de collecte de fonds pour restaurer Via del Grano.

Version originale : In Sicily, a Young Farmer Defies the Mafia