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Un projet minier canadien en Roumanie soulève la colère

Le projet de mine d'or serait le plus important en Europe

Écrit par Justina Reichel, Epoch Times
02.10.2013
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  • Des gens manifestent le 15 septembre 2013 à Toronto en guise de solidarité avec le mouvement populaire en Roumanie qui s'oppose à un projet minier canadien. (Maria Matyiku/Époque Times)

De grandes manifestations surviennent en Roumanie pour s'opposer à l'établissement de la plus grande mine à ciel ouvert d'Europe par une entreprise canadienne. Des manifestations de moindre envergure ont eu lieu dans plusieurs autres pays, dont au Canada.

Les manifestations en Roumanie, en cours depuis le début du mois de septembre, ont rassemblé jusqu'à 20 000 personnes, un chiffre inégalé dans le pays depuis des décennies. Certains ont même osé qualifier le mouvement «d'automne roumain» pour tracer un parallèle avec les soulèvements dans le monde arabe.

Rosia Montana Gold Corporation, dont l'actionnaire principal est la compagnie canadienne Gabriel Resources Ltd., cherche depuis les 14 dernières années à obtenir l'approbation pour son projet de mine d'or et d'argent dans la région de Rosia Montana des Carpates occidentales transylvaines.

La mine est controversée pour plusieurs raisons, notamment les milliers de tonnes de cyanure qui seraient utilisées pour extraire l'or.

Les opposants au projet affirment que la mine déplacerait aussi des milliers de villageois, qu'elle menacerait des sites roumains historiques à proximité et qu'elle détruirait les montagnes environnantes. L'Académie roumaine des sciences ainsi que des groupes écologistes, religieux et politiques demandent depuis longtemps l'annulation du projet en raison de ses coûts environnementaux et sociaux.

Le premier ministre roumain, Victor Ponta, a annoncé en septembre qu'il allait déposer un projet de loi au Parlement pour permettre de contourner la réglementation actuelle en matière de protection de l'environnement et du patrimoine qui bloque le développement de la mine. C'est cette annonce qui a attisé le mouvement de protestation.

Les opposants au projet de loi affirment que celui-ci a été conçu spécifiquement pour servir les intérêts des entreprises et permettrait, entre autres, à Gabriel Resources de niveler quatre montagnes.

Les apparences de conflit d'intérêts viennent jeter de l'huile sur le feu, puisque l'État roumain possède près de 20 % de Rosia Montana Gold Corporation.

«Ces manifestations sont d'une ampleur sans précédent. Elles sont spontanées, elles ne sont pas organisées par les syndicats ou les organisations non gouvernementales et elles n'ont pas d'allégeances politiques», remarque Tudor Bradatan d'Alburnus Maior, une ONG qui représente les familles dans la zone minière projetée.

«C'est un exemple de participation et c'est peut-être l'une des luttes citoyennes les plus connues qui se dresse contre la corruption et l'attitude soumise des autorités et des politiciens face aux intérêts financiers.»

Lors d'une manifestation le 21 septembre, plus de 6000 personnes ont formé une chaîne humaine autour de l'édifice du Parlement à Bucarest, dans un geste symbolique visant à rappeler aux élus les droits démocratiques des citoyens.

Les partisans du projet sont également descendus dans la rue, affirmant que la mine de Rosia Montana va créer des milliers d'emplois très attendus et attirer des investissements étrangers.

Selon Gabriel Resources, le projet pourrait créer des milliers d'emplois dans la région des Carpates occidentales et générer 24 milliards de dollars américains en retombées pour l'économie roumaine.

La communauté roumaine proteste au Canada

En solidarité avec les manifestants anti-mines dans son pays natal, Juliana Dutkay – arrivée au Canada il y a 13 ans – a participé à l'organisation de manifestations à Montréal et à Toronto durant tout le mois de septembre.

Le soulèvement de la population contre la mine a profondément ému la communauté roumaine au Canada, affirme Mme Dutkay, alors qu'elle espère que les manifestations pourront amener un changement politique et social dans le pays rongé par la corruption.

«Ce serait bien que cela se traduise en de nouveaux dirigeants et de nouveaux partis», mentionne-t-elle.

«C'est un premier pas, un bon premier pas. C'est en lien avec un projet spécifique, mais ça soulève des questions beaucoup plus larges en général. J'espère que cela se traduira en confrontation politique qui puisse s'élever au-delà de toute corruption et de ces gouvernements successifs qui défilent en Roumanie depuis un bon moment maintenant.»

Le président roumain, Traian Basescu, qui dans le passé avait signalé son appui au projet minier, a récemment appelé à freiner le projet de loi favorable à la mine, affirmant qu'il est «inconstitutionnel».

Dans la foulée des tensions entourant la mine, le Parlement roumain a mis sur pied, le 18 septembre, une commission chargée d'évaluer le projet de loi. Cette commission aura jusqu'au 20 octobre pour produire son rapport, qui sera alors livré au Parlement pour un vote final.

Selon Alburnus Maior, la commission n'est qu'une tentative d'apaiser la population et de contourner l'application régulière de la loi en amendant certains des points les plus controversés du projet de loi tout en ne détournant pas du but fondamental du gouvernement qui est d'approuver le projet minier.

  • Le village pittoresque de Rosia Montana, dans la région roumaine historique de Transylvanie, se trouve au-dessus d'un des plus gros dépôts d'or en Europe. (Daniel Mihailescu/AFP/Getty Images)

Les opposants à la mine demandent la démission de M. Ponta, le rejet du projet, l'imposition d'une interdiction sur l'extraction minière au cyanure en Roumanie et l'inclusion de la région de Rosia Montana dans la liste nationale de propositions de sites à inclure au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

M. Bradatan affirme que les manifestants vont continuer leur lutte pour la transparence et l'obligation de rendre des comptes, peu importe le temps nécessaire.

«La démocratie n'est pas une bataille que l'on remporte une seule fois; c'est une lutte constante», dit-il.

«Aussi longtemps qu'il y aura de l'or dans Rosia Montana, il y aura une bande de gens cupides qui souhaitent se l'approprier sans se préoccuper des conséquences. Mais je sais aussi qu'il y aura assurément un autre groupe de gens conscients qui ne laissera pas cette bande de gens cupides changer les lois et empoisonner l'environnement pour quelques pépites d'or.»

Gabriel Resources Ltd. n'a pas répondu aux demandes d'entrevue avant la publication.

Version originale : Canadian-Owned Mining Project Sparks Mass Protests in Romania

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