DUBLIN – Dans un récent discours, Cecilia Malmström, la commissaire aux Affaires intérieures de l'UE, déclarait que les armes à feu tuaient plus de 1000 personnes par an sur le continent.

Malgré le fait que l'UE applique déjà quelques-unes des règles les plus strictes en matière de port d’armes, la Commission européenne – son organe exécutif – veut adopter une législation plus sévère. Elle se fixe pour objectif de lutter contre la contrebande d'armes à feu et veut empêcher les criminels d’avoir accès à des armes légalement enregistrées.

Les divergences entre les législations nationales des 28 membres de l'UE sont facilement exploitées par les organisations du crime organisé qui profitent des lacunes dans les chaînes d'approvisionnement légales pour se procurer des armes et des munitions.

Au sein de l’Union, il n’y avait plus vraiment de débat autour du contrôle des armes à feu, mais les nombreuses fusillades survenues ces dernières années ont attiré à nouveau l’attention sur la question.

Près de 10 000 personnes ont été tuées par armes à feu entre 2000 et 2010. Selon les centres de prévention des maladies et du contrôle des armes, environ 332 014 personnes ont été tuées par armes à feu aux États-Unis sur la même période.

L’origine des armes à feu et leurs accès

Malmström a reconnu que la plupart des armes à feu détenues légalement sont utilisées par des citoyens respectueux des lois, à des fins légitimes qui sont la chasse, le tir sportif et d'autres activités récréatives. Les citoyens européens détiennent légalement environ 80 millions d'armes.

Toutefois, beaucoup d’armes à feu, initialement enregistrées et détenues légalement, se retrouvent sur les marchés criminels ou entre les mains de personnes non autorisées. Le Système d'information de l’espace Schengen estime à près d'un demi-million le nombre d’armes à feu perdues ou volées dans l'UE et qui ne sont pas retrouvées.

Une certaine quantité d’armes proviennent aussi d’importations illégales de pays tiers ou de transformation d'autres objets en armes à feu.

Pour Malmström, l’inquiétude grandit au sujet des criminels qui envoient des armes déclassées en pièces détachées par courrier ordinaire à des acheteurs qui les remontent. Aujourd’hui, grâce aux imprimantes 3-D, il est même possible de fabriquer des pièces d'armes à feu.

D’autre part, le commerce illicite des armes à feu est souvent étroitement lié à d'autres crimes d’importance, comme le trafic de drogue, la traite des êtres humains et la corruption.

L'UE voudrait surtout restreindre l'accès des civils aux armes automatiques et très dangereuses, et s’attaquer aux envois illégaux d'armes à feu par les services postaux. L’adoption de règles communes à l'échelle européenne sur la manière de neutraliser les armes à feu permettrait, selon Mme Malmström, que les armes restent inopérantes une fois mise hors d'usage.

Les armes dans des mains dangereuses

Pour Malmström, les responsables des fusillades dans les écoles de Tuusula et Kauhajoki en Finlande, à Cumbria au Royaume-Uni et à Alphen aan den Rijn aux Pays-Bas étaient des adultes mentalement instables qui ont pourtant réussi à se procurer un permis de détention d'armes.

Elle rappelle qu’en 2009, à Winnenden, en Allemagne, un adolescent s’était servi d’un pistolet, qui n'était pas dans un coffre sécurisé dans la chambre de ses parents, pour tuer 15 personnes. En 2011, dans les attentats de Liège, en Belgique, le tireur possédait un énorme arsenal personnel, dont des armes militaires et des pièces de collection qu'il avait achetées et modifiées. Il a terrorisé les acheteurs de Noël sur la place centrale de la ville, tuant cinq personnes, dont lui-même.

Version originale : EU Seeks to Reduce Gun Violence