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OGM, un débat mondial

Afrique du Sud, principal producteur d’OGM en Afrique

Écrit par Zachary Steiber, Epoch Times
30.10.2013
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  • Nono, agricultrice âgée cultivant le maïs à Qunu, Afrique du Sud, verse des épis dans une bassine. La majorité du maïs du pays est maintenant génétiquement modifié. (Carl de Souza/AFP/Getty Images)

Le gouvernement sud-africain ouvre de plus en plus la porte aux organismes génétiquement modifiés (OGM), alors que les questions que soulèvent les OGM changent de façon écrasante l’industrie agricole du pays.

De nombreuses nations africaines sont réticentes à accueillir les OGM. Cependant, l’Afrique du Sud est maintenant le huitième plus grand producteur d’OGM au monde, avec 2,9 millions d’hectares (4,9 millions d’acres) de maïs génétiquement modifié, de soja et de coton récolté en 2012.

Un des problèmes les plus importants que l’Afrique du Sud a rencontrés est l’accroissement de la résistance des parasites aux récoltes d’OGM. Selon certains chercheurs, une mauvaise utilisation de la technologie est à blâmer.

Résistance des parasites et mauvaises utilisations de la biotechnologie

Les parasites ont été un gros problème en Afrique du Sud pendant des décennies et les récoltes génétiquement modifiées, lorsqu’elles ont été d’abord introduites, ont été considérées par beaucoup comme une solution nouvelle et nécessaire au problème.

En dépit du coût élevé des semences génétiquement modifiées, leur adoption par de nombreux agriculteurs a été rapide, constante et largement répandue.

Les OGM en Afrique du Sud: coup d’œil sur les faits

Les premières cultures génétiquement modifiées, du maïs jaune hybride venant de Monsanto, ont été introduites en 1997. En 2009, 98 % du coton, 98 % du soja et 73 % du maïs poussant dans le pays étaient génétiquement modifiés.

Cependant, lors de la transition de masse, certains règlements et contrôles ont été négligés, et le résultat a été une résistance développée par les parasites aux toxines produites par les plantes. Celles-ci sont génétiquement modifiées pour tuer les insectes.

Des zones refuges sont supposées être crées dans lesquelles un certain nombre d’insectes sont autorisés à vivre de sorte qu’ils ne puissent pas développer de résistance. Johnnie Van den Berg de l’École des Sciences Environnementales et du Développement à l’Université du Nord-Ouest a travaillé avec des chercheurs pour enquêter auprès de 105 agriculteurs commerciaux. La plupart de ceux-ci n’ont pas suivi les exigences du refuge.

Du fait de cette erreur critique, les parasites ciblés par le maïs génétiquement modifié – des perce-tiges – ont développé une résistance généralisée aux cultures.

«Cette étude montre la gestion irresponsable de la technologie des récoltes génétiquement modifiées par les fermiers, les chimistes et les entreprises semencières», ont affirmé les chercheurs dans le rapport 2010.

Les agriculteurs ont mêlé divers points de vue sur la résistance croissante des perce-tiges. À Christiana, une des six zones sondées, les agriculteurs étaient largement conscients de la résistance et seuls 34 % d’entre eux ont affirmé qu’ils planteraient du maïs Bt dans le futur.

Dans les cinq autres zones, la grande majorité (70 à 100 %) ont affirmé qu’ils planteraient du maïs Bt dans le futur, bien qu’au moins 45 % dans chaque zone a déclaré que la résistance croissante aux perce-tiges pourrait les empêcher d’agir ainsi dans le futur.

Dans le même temps, la majorité des agriculteurs a exprimé une attitude largement positive envers le maïs Bt, l’associant à une productivité accrue et une gestion adéquate.

La nourriture génétiquement modifiée est-elle nécessaire en Afrique du Sud?

Le professeur Van den Berg a écrit dans un courriel adressé à Epoch Times que les récoltes génétiquement modifiées avaient de nombreux bénéfices, parmi lesquels une économie financière pour les agriculteurs qui dépensaient moins dans les fertilisants et autres apports et l’obtention de rendements plus importants. Cependant, la résistance aux parasites développée contre le coton et le maïs Bt dans certaines régions d’Afrique du Sud, représentant «la valeur de la technologie des OGM» a été perdue dans ces régions, a-t-il précisé.

«Le principal message que nous envoyons à l’industrie et à la communauté agricoles est que la gestion de la technologie des OGM est très importante et qu’elle ne devrait pas être utilisée comme une solution miracle, mais comme faisant partie d’une lutte intégrée et des stratégies de gestion des mauvaises herbes», a-t-il déclaré. Les sociétés privées, comme Monsanto, qui développent des technologies génétiquement modifiées détermineront le futur des récoltes génétiquement modifiées en Afrique du Sud, a-t-il précisé.

La résistance croissante des parasites fait partie d’un phénomène mondial.

Dans une analyse de 77 études menées dans huit pays, une équipe de scientifiques américains et français ont découvert que près de la moitié des espèces principales d’insectes est devenue résistante aux plants de coton et de maïs Bt, dont une en Afrique du Sud.

«Il est nécessaire de prendre des mesures plus strictes pour retarder la résistance, comme cela est exigé dans des refuges plus importants, ou ces parasites développeront probablement rapidement une résistance», a déclaré Bruce Tabashnik, professeur à l’Université d’Arizona et principal auteur de l’étude publiée dans le journal Biotechnologie de la Nature.

D’un autre côté, le developpement de la résistance aux parasites est inévitable même avec les pesticides conventionnels, a déclaré Karl Kunert, professeur au Département des Sciences des Plantes de la Biotechnologie Forestière et Agricole de l’Université de Pretoria.

Alors que la «résistance se produira finalement» avec tous les pesticides, y compris ceux produits par les OGM, une application correcte de la technologie génétiquement modifiée a retardé le développement d’une telle résistance, qui parle certainement de la technologie», a-t-il écrit dans un courriel.

Il a affirmé que l’Afrique du Sud n’a pas encore l’expertise nécessaire pour traiter les récoltes génétiquement modifiées, mais celles-ci pourraient avoir d’autres bénéfices au-delà de la production de plus de nourriture, comme fournir des opportunités économiques et des prestations de santé dans les régions les moins développées.

«Un exemple simple est la fabrication de coton avec une fibre de meilleure qualité», a-t-il déclaré. Il «traite la nécessité d’une meilleure nutrition, qui ne peut être facilement traitée par un simple complément alimentaire en Afrique». 

Ainsi, la question de savoir s’il est nécessaire pour les récoltes génétiquement modifiées de pousser là «est plutôt une question de bénéfices et de demandes de la part des agriculteurs et des consommateurs».

L’organisme de surveillance des OGM en Afrique du Sud, Biowatch, a une perspective différente.

Rose Williams, directrice de Biowatch, a écrit dans un courriel à Epoch Times que les récoltes génétiquement modifiées ne sont pas nécessaires. Elles sapent la souveraineté alimentaire du pays, a-t-elle déclaré.

Williams a cité quatre raisons pour lesquelles les récoltes génétiquement modifiées ne sont pas nécessaires.

Tout d’abord, les semences sont brevetées, ce qui signifie que les agriculteurs doivent acheter des semences chaque année plutôt que de les réutiliser. Ensuite, le danger relatif que des récoltes génétiquement modifiées contaminent les récoltes qui ne le sont pas est élevé. Troisièmement, dans un contexte de manque de biodiversité, les OGM font partie d’un modèle industriel à culture unique. Enfin, les produits chimiques utilisés dans la production d’OGM «empoisonnent la terre» et «n’entrent pas dans une nourriture saine et culturellement appropriée».

Un cycle négatif

Mariam Mayet, avocate environnementale qui représente Biowatch en Afrique du Sud s’est exprimé sur l’utilisation accrue des pesticides et des herbicides.

La résistance accrue des parasites a obligé Monsanto, un des plus importants producteurs de récoltes génétiquement modifiées et de pesticides, à vendre aux agriculteurs plus de produits chimiques pour contrôler l’épidémie, affirme-t-elle. Monsanto a totalement abandonné la variété de maïs qu’il utilisait et introduit une autre variété.

«Ceci, aussi, entraînera une évolution des insectes, nécessitant une utilisation plus importante de pesticide, et ainsi le manège continuera», a-t-elle objecté par courriel.

Mayet conteste de même les déclarations selon lesquelles les récoltes d’OGM diminuent l’utilisation de pesticides, entraînent des rendements plus élevés et sont moins susceptibles d’être attaquées par les parasites et la sécheresse. 

Aux États-Unis, par exemple, l’introduction des récoltes génétiquement modifiées a entraîné un net accroissement de l’utilisation des pesticides, a affirmé Mayet, citant les recherches du Centre Organique. De 1996 à 2009, l’application des pesticides s’est accrue de 144 000 tonnes. Au Brésil, les ventes de pesticides ont augmenté de 72 % entre 2006 et 2012.

«Ici, en Afrique du Sud, nous semblons copier ces tendances», a-t-elle déclaré. «Plus de la moitié de notre maïs génétiquement modifié est maintenant résistant aux herbicides et l’utilisation de glyphosate [un genre d’herbicide] a explosé en conséquence, passant de 12 millions de litres [3 millions de gallons] en 2006 à 20 millions de litres [5 millions de gallons] à l’heure actuelle. De plus, entre 2007 et 2011, les importations de glyphosates se sont accrues de 177 %.

«Ceci est particulièrement perturbant dans le cas de l’Afrique du Sud, puisqu’il est évident que nos autorités de sécurité alimentaires n’ont pas la capacité de surveiller de façon adéquate les niveaux de résidus de pesticides dans notre nourriture.»

Position du gouvernement, règlements

Le site Internet du Département des Affaires environnementales du pays souligne les bénéfices potentiels des récoltes génétiquement modifiées, parmi lesquels des rendements plus élevés et une utilisation plus faible d’herbicide. Cependant, le département a aussi souligné les principales inquiétudes, dont le risque potentiel pour la santé des hommes et des animaux.

Les récoltes génétiquement modifiées sont examinées par plusieurs agences avant d’être approuvées pour la production commerciale. Notamment, un type de pomme de terre génétiquement modifié produit localement a été rejeté en 2009, bien que 49 variétés de colza, de coton, de maïs, de riz et de soja aient été approuvées dans le pays.

De plus, les importations de grains des États-Unis ne sont pas autorisées en Afrique du Sud, à moins qu’un certificat joint ne certifie que le grain est moulu et ne peut être planté dans le pays. Le maïs en provenance des États-Unis n’est pas autorisé du tout.

Des responsables affirment vouloir s’assurer que les OGM ne supplantent pas totalement les souches locales.

Révélateur de l’état d’esprit de nombreux élus qui se sont exprimés en 2006 lors d’un débat parlementaire sur un amendement de projet de loi sur les OGM, le membre du Parlement, Dre Ruth Rabinowitz a déclaré : «Même si l’Afrique du Sud ne peut s’offrir de développer la biotechnologie, elle ne pouvait s’offrir de ne pas développer l’agriculture biologique ou des plantes endémiques [culture].»

«Ces deux domaines ont été sacrifiés pour développer la biotechnologie», affirme-t-elle. 

Un projet de loi actuellement en cours pourrait fermer une faille dans la loi actuelle sur les OGM, obligeant tous les aliments ayant plus de 0,9 % d’ingrédients génétiquement modifiés à être étiquetés.

Le manifeste du Département des Sciences et de la Technologie sur la biotechnologie déclare que les récoltes d’OGM sont sûres parce que tout ce qui est approuvé en Afrique du Sud a été «soumis à des tests et des règlements approfondis». Dans le même temps, il affirme : «Ce sont des groupes qui pensent que les effets des OGM seront seulement déterminés après de nombreuses, nombreuses années de consommation et, jusqu’à ce jour, nous devrions procéder avec précaution.»

Il ne semble pas que toutes les études sur les effets des OGM sur la santé aient été menées dans le pays, bien que les chercheurs aient été considérés sous de multiples autres aspects.

Les scientifiques sud-africains développent des variétés génétiquement modifiées uniques, que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Ceci pourrait poser, cependant, des problèmes dans l’exportation vers des pays qui interdisent les souches génétiquement modifiées, selon un Conseil de la Recherche Scientifique et Industrielle intitulé : «OGM en Afrique : opportunités et défis en Afrique du Sud».

Plusieurs problèmes persistent dans le pays, y compris des fonds limités pour la recherche sur la biotechnologie agricole et un manque d’experts formés à la biodiversité, ce qui signifie que seule une récolte génétiquement modifiée (MON810) sur les 129 du pays est surveillée.

Bien que la production des récoltes génétiquement modifiées soit maintenue séparée des récoltes non génétiquement modifiées, une étude de l’Institut National sur la Biodiversité a montré un flux de gènes allant du maïs Bt vers le maïs non génétiquement modifié. Comme la plupart des agriculteurs cultivent maintenant du maïs génétiquement modifié et que la pollinisation croisée se produit en dépit des efforts pour séparer les récoltes, il est difficile de trouver du maïs non modifié génétiquement dans le pays.

Connaissance des OGM et étiquetage

Une étude de 7000 adultes âgés de 16 ans dans tout le pays a trouvé que 8 Sud-Africains sur 10 n’ont pas de connaissance sur la biotechnologie. L’étude de la Compréhension publique de la Biotechnologie 2005 a trouvé que 63 % des réponses ne savaient pas s’ils avaient déjà mangé de la nourriture contenant des ingrédients génétiquement modifiés.

De plus, en 2005, des chercheurs des Installations de Test des OGM de l’Université de l’État Libre ont rapporté l’absence d’un système permettant de vérifier les déclarations sur les étiquetages. Ils ont découvert que 71 % des produits contenus dans les magasins sud-africains étiquetés «non génétiquement modifié», «libre d’OGM», «organique», contenaient généralement des ingrédients génétiquement modifiés.

 

The Epoch Times explore la question de la modification génétique, en particulier sur ce qui a trait aux produits alimentaires, avec une série intitulée OGM, un débat mondial. Chaque article de cette série se focalise sur le rôle et la réception d’organismes génétiquement modifiés (OGM) dans un pays différent.

Version originale : GMOs, A Global Debate: South Africa, Top GMO-Producer in Africa

 

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