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Contre la crise, vous reprendrez bien un peu de culture?

Écrit par Sarita Modmesaib, Epoch Times
08.10.2013
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  • FRANCE, Paris: Des visiteurs font la queue devant l’entrée de la pyramide du Louvre. Les musées sont maintenant gratuits pour les moins de 26 ans et le premier dimanche du mois. (Philippe Desmazes/AFP)

Avec quelque 11 millions d’entrées lors des journées du patrimoine en septembre dernier et une croissance affichée de la fréquentation des musées de France, on peut affirmer que la culture se porte plutôt bien ces dernières années. Et pourtant, la crise économique qui a débuté en 2008 ne semblait présager rien de bon, quelque soit le secteur envisagé. Un pouvoir d’achat en baisse et le taux de chômage qui s’accroît un peu plus chaque année pourraient laisser croire que la morosité s’installerait peu à peu.

Malgré des effets qui affectent les dépenses liées aux loisirs, le site des musées de France affiche allègrement une hausse continue du nombre d’entrées dans ses musées, passant de 45 millions d’entrées pour l’année 2005 à 57 millions en 2010. Des chiffres en hausse continuelle pour les 7 musées les plus visités de France: le musée du Louvre, bien sûr, avec ses 8 millions d’entrées en 2010, se place sur la première place du podium, suivi du musée et du Domaine national de Versailles, avec 6 millions d’entrées, du centre Georges Pompidou, 3 millions d’entrées, et du musée d’Orsay, avec 2,9 millions d’entrées. Viennent ensuite avec environ 1 million pour chacun d’entre eux, le musée de l’Armée (1,4 million), le musée du Quai Branly (1,3 million) et le musée Carnavalet associé aux Catacombes et à la crypte de Notre-Dame (1 million).

Bien qu’une part appréciable soit due aux visiteurs étrangers et aux touristes, les Français sont tout de même présents, comme le montre cet exemple du Louvre, où l’on voit que le pourcentage de Français visitant le musée le plus célèbre de France était de 33% en 2010, soit environ 2,6 millions de personnes. Outre les musées, il y a aussi les librairies, les bibliothèques, les salles de cinéma, de spectacles et les théâtres, etc.

Paris, et la région Ile-de-France plus globalement, peut se targuer de constituer un site multiculturel d’exception : premier site au monde devant Tokyo ou Londres, en terme de nombre de bibliothèques par habitants, premier aussi quant aux écrans de cinémas, deuxième, juste derrière New-York, avec les théâtres, et enfin troisième rang mondial quant au nombre de musées.

Ce panel révèle l’importance de la place tenue par la culture en France. En outre, pour qu’une part de ces infrastructures soient accessibles à tous, y compris aux classes sociales les moins aisées, des mesures gouvernementales ont été prises en ce sens: depuis 2008, l’entrée aux collections permanentes des musées et aux monuments nationaux est gratuite pour tous les Européens ayant moins de 26 ans, ainsi que pour les enseignants français.

Plus généralement, l’accès à ces collections permanentes est gratuit pour tous le premier dimanche du mois. Et en Ile-de-France, on en profite: un sondage réalisé par l’institut Viavoice sur ces 12 derniers mois, a révélé que 73% des Franciliens interrogés disent avoir fréquenté au moins une fois une salle de cinéma, 53% une librairie et 48% d’entre eux, un musée.

Et pour tous les autres, des manifestations culturelles foisonnent tout au long de l’année, dans toutes les régions de France. Mieux, les artistes s’invitent sur des sites qui leur permettent de tisser des liens avec tous les pans de la société. C’est le cas, par exemple, des écrivains qui travaillent en résidence dans les hôpitaux, les lycées, les maisons de retraite, autant d’occasions pour eux d’aller à la rencontre des jeunes et moins jeunes, de ceux qui sont en bonne santé ou en soins mais qui ont tous en commun le besoin d’être guidés et nourris par cette culture, les arts et la littérature.

Cependant, le livre, lui, semble souffrir d’un mal bien plus préjudiciable que la crise économique. En effet, les librairies indépendantes subissent depuis de nombreuses années, une perte importante de leur clientèle. Les raisons semblent multiples: le désintérêt croissant pour la lecture, qui se manifeste dès le plus jeune âge et se reflète, notamment, dans les résultats des évaluations scolaires nationales; le développement des achats en ligne par le biais de grandes enseignes devenues «temples» de la consommation culturelle à distance, ou encore le délaissement du livre «papier» au profit de lectures numériques sur écrans et des vidéos. Le plaisir d’entrer dans une librairie et de rechercher le rayon souhaité, de s’attarder sur un livre pour le plaisir de le sentir, de connaître son histoire, de laisser voyager notre imagination sur ses illustrations, de lire son résumé puis l’ouvrir au hasard d’une page et tomber sur un passage qui éveillera notre curiosité et suscitera l’envie d’en savoir plus… ce plaisir a disparu pour beaucoup d’entre nous. Il ne sera même jamais expérimenté pour un grand nombre de jeunes.

Alors, avec un chiffre d’affaires qui a chuté de 5% entre 2003 – bien avant le début de la crise – et 2010, nombre de librairies indépendantes ont été contraintes de mettre la clé sous la porte. Une politique de soutien a été mise en place par les régions, les DRAC, le CNL (Centre National du Livre), et même certaines municipalités conscientes des effets que peuvent entraîner la disparition d’une librairie, notamment là où l’offre culturelle est parfois limitée. Ainsi, la région Ile-de-France s’est engagée à subventionner tout projet de création ou de renforcement du fonds général ou thématique d’une librairie, de même que la mise en place d’animations culturelles en leur sein, le tout étant plafonné à un montant maximal de 15.000 euros.

Afin d’encourager le plaisir de lire dès le plus jeune âge, le ministère de la Culture et de la Communication a instauré un Bureau de la Lecture publique qui œuvre en partenariat avec les collectivités, les acteurs associatifs ou d’autres organismes de l’État. C’est ainsi que l’opération «Premières pages», en partenariat avec la Caisse Nationale des allocations familiales (CNAF), a été lancée depuis 2010 sur certains départements français, consistant à distribuer un album de création originale et un guide de lecture à toute famille accueillant un nouveau-né dans l’année. Ce sont donc quelque 55 000 naissances qui ont été concernées par ce dispositif dans les départements de l’Ain, du Lot, de Seine-et-Marne, du Puy-de-Dôme, des Pyrénées-Orientales, de Réunion et de Savoie.

Mais les organismes publics vont encore plus loin dans l’introduction de la culture au quotidien: la région Ile-de-France a ainsi lancé un appel à projets à tous ses lycées pour mettre en place des budgets participatifs dans lesquels les lycéens seront acteurs de leur projet, du début à la fin. Sur 131 lycées portés candidats, 30 ont été sélectionnés par la région. Parmi eux, le lycée d’Alembert, dans le XIXe arrondissement, fait figure de proue car bien avancé dans son projet d’aménagement d’un pôle culturel au sein du lycée. Il s’agit d’une salle aménagée pour accueillir les associations et organismes culturels du lycée et recevoir leurs manifestations.

Les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale ont lancé, le 27 septembre dernier, l’opération «un établissement, une œuvre», conçue pour sensibiliser les écoliers et les collégiens à l’art contemporain. Pour cela, une œuvre choisie parmi les collections des fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) sera exposée dans une école ou un collège, la priorité étant donnée cette année aux collèges situés en ZEP (zones d’éducation prioritaire) ou dans les zones rurales isolées. Peut-on qualifier cette opération d’entreprise salvatrice? «L’art sauvera le monde», disait Dostoïevski, on peut donc rester optimiste en cas de crise, tant que les arts et la culture restent un flambeau pour comprendre et apprécier le monde qui nous entoure.

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